Algérie

ALGERIE-MAROC , Petits pas vers la normalisation.



ALGERIE-MAROC , Petits pas vers la normalisation.

En décembre dernier, Abdelilah Benkirane, fraîchement désigné par Mohammed VI à la tête du gouvernement marocain suite à la victoire de son parti aux élections législatives, avait appelé au rapprochement entre l'Algérie et le Maroc. C'est sans aucun doute pour tenter de frayer la voie à ce projet politique que le ministre des Affaires étrangères dans son gouvernement, Saad Eddine Othmani, a opté pour effectuer à Alger sa première visite à l'étranger. Initiative qui, bien entendu, a été décidée en concertation avec le monarque qui, avant le changement gouvernemental intervenu au Maroc dans le sillage des élections législatives, avait lui aussi émis le vœu que les relations algéro-marocaines se «normalisent».

De fait, ces derniers mois, il y a comme une brise vivifiante qui souffle sur les rapports algéro-marocains. Les deux pays ont multiplié leurs contacts officiels et convenu de nouer des partenariats bilatéraux multisectoriels. La démarche semble devoir aller en s'amplifiant à la faveur de la nouvelle dynamique régionale de changement impulsée par les bouleversements politiques s'étant récemment opérés au Maghreb. L'Algérie et le Maroc ont été, certes, épargnés par la remise en cause radicale qui a déboulonné les régimes en place en Tunisie et en Libye, mais son vent a fait prendre conscience à leurs gouvernants respectifs de la nécessité de proposer à leurs peuples des horizons autres que celui de l'enfermement régional dans lequel les deux pays se sont retrouvés en se tournant le dos l'un à l'autre.

Tout comme il n'aurait pu y avoir d'Union européenne sans l'entente du couple franco-allemand, l'unité du Maghreb est impensable et impossible sans celle de l'Algérie et du Maroc. Du fait que de cette évidence, il n'en a pas été tenu compte par les gouvernants des deux Etats, la construction du Maghreb uni s'en est trouvée reléguée dans la case des entreprises utopiques. Algériens et Marocains se rejettent avec récurrence la responsabilité de l'échec de l'Union maghrébine, tout en convenant par ailleurs que sa cause principale en est dans leurs divergences bilatérales.

Il semble depuis quelques mois que tant à Alger qu'à Rabat, il a été décidé de promouvoir une démarche prohibant la politique de la tension, même si les sujets qui fâchent et divisent demeurent entre les deux Etats. Des ponts se construisent entre l'Algérie et le Maroc dont les bâtisseurs sont aussi bien des représentants officiels que des acteurs des sphères économiques et des sociétés civiles des deux nations. La démarche n'est certes pas spectaculaire et il ne faut pas en attendre dans l'immédiat d'effets renversants pour les contentieux opposant l'Algérie et le Maroc. Elle est néanmoins celle qui mettra de l'irréversibilité dans leur rapprochement.

Sauf qu'il ne faut pas que les gouvernants algériens et marocains s'avisent d'agiter le rapprochement entre les deux pays en tant que dérivatif uniquement aux problèmes économiques et politiques et à la contestation latente dont ils sont la cible de la part de leurs populations. Le rapprochement doit s'opérer parallèlement à une ouverture démocratique qui permettra aux deux peuples de s'exprimer en toute liberté et souverainement sur les motifs litigieux dont pâtissent les relations algéro-marocaines.



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