Algérie

Algérie-Mali La frontière mobilise



La sécurisation de l'espace frontalier entre l'Algérie et le Mali est au centre des travaux de la 10e session du comité bilatéral frontalier algéro-malien, ouverte hier à Alger. Sous le coup d'une triple menace (le terrorisme, les affrontements fratricides qui déchirent la communauté des touaregs, la contrebande), les autorités algériennes et maliennes cherchent des solutions, d'abord sécuritaires, à travers la rencontre d'Alger. Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, côté algérien, et celle de Kafougouna Kone, ministre de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, côté malien, ont tous deux reconnu à l'ouverture de la session que l'insécurité perturbe dangereusement la libre circulation des personnes et des biens dans cet espace frontalier et compromet inéluctablement toute volonté de développement. Pour le ministre algérien, cité par l'APS, «la conjugaison de nos efforts s'avère encore plus vitale, quand il s'agit de faire face au phénomène du terrorisme qui ne connaît pas de frontière», ajoutant qu'»aucun pays ne peut prétendre en être à l'abri». Pour son homologue malien, «il nous apparaît nécessaire, aujourd'hui, de mesurer le chemin parcouru et de prendre des décisions mieux adaptées et des mesures plus rigoureuses dans la perspective d'une coopération économique et sécuritaire plus dynamique en vue d'assurer une meilleure intégration de nos populations frontalières». Mais si les deux responsables ont confirmé la volonté politique des pays voisins de mettre la main dans la main pour lutter contre les facteurs de déstabilisation dans la région, le terrorisme en premier lieu, rien ou presque n'a été dit, du moins jusque-là, sur la façon avec laquelle Alger et Bamako comptent s'y prendre. Encore moins s'agissant d'une éventuelle position commune quant au «coup de main» militaire proposé par les Etats-Unis au motif de faire face aux desseins d'Al-Qaïda dans la région du Sahel.  Intervenant à l'ouverture de la session, Ould Kablia a indiqué que la coopération bilatérale frontalière «traduit la ferme volonté des chefs d'Etat des deux pays, les présidents Abdelaziz Bouteflika et Amadou Toumani Touré, de faire du renforcement de la coopération et de la concertation bilatérales, un axe stratégique des relations entre le Mali et l'Algérie». Sur un autre registre, le domaine de la lutte anti-acridienne a été cité par Ould Kablia comme «symbole révélateur de l'intensité de la coopération frontalière bilatérale, au cours des trois dernières années». La poursuite de la réalisation de la route transsaharienne constitue, a-t-il ajouté, un autre volet «primordial» de cette coopération, estimant que ce projet sera un «vecteur d'intensification des échanges commerciaux entre les régions frontalières». Au sujet de l'immigration illégale, il a estimé que la concertation et la coopération bilatérales constituent des «choix stratégiques» dans la prise en charge de ce phénomène. Pour sa part, Kafougouna Kone a indiqué que le comité bilatéral frontalier «s'affirme plus que jamais dans un cadre de concertation approprié au sein duquel les autorités des deux pays débattent des questions liées à l'amélioration des conditions de vie des populations résidant dans les zones frontalières communes». Il est à noter que cette rencontre intervient la veille de la visite en Algérie du président malien Amadou Toumani Touré, prévue dimanche prochain, et au lendemain de la visite du numéro 2 du département d'Etat américain John Negroponte à Tombouctou, dans le nord du Mali. Les Américains ont exprimé leur souhait de participer activement à la surveillance des frontières algéro-maliennes dans le cade de leur politique globale de lutte contre le terrorisme. Les Américains cherchent à avoir une présence militaire permanente dans cette région réputée être un des objectifs d'Al-Qaïda pour s'implanter dans le Sahel. L'offre américaine n'a pas encore provoqué de réactions officielles de la part d'Alger. Alors que le Mali semble plutôt favorable à la présence militaire américaine, l'Algérie, mieux équipée militairement et riche de sa longue expérience dans la lutte contre le terrorisme, en est contre, refusant l'implantation de bases militaires sur son sol. Elle préfère une coopération technique, sans présence physique, avec la première puissance mondiale. A noter que le comité bilatéral frontalier algéro-malien a été institué en 1995. Il a pour mission de renforcer la coopération entre les régions algériennes de Tamanrasset, Adrar et Illizi, et maliennes de Kidal, Gao et Tombouctou. Il est chargé de promouvoir des projets de développement socio-économiques pour les régions frontalières, d'organiser et de faciliter la circulation des personnes et des biens et de sécuriser la zone frontalière. En septembre, l'Algérie et le Mali avaient mobilisé 1,15 milliard de FCFA (1,75 million d'euros) pour un fonds spécial dans le cadre d'un accord de paix signé en 2006 à Alger et prévoyant le développement des régions de Kidal, Gao et Tombouctou, selon le comité de suivi de cet accord entre le gouvernement malien et l'ex-rébellion touareg sous l'égide de l'Algérie.


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