Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Noureddine Benissad, revient sur la résolution adoptée, jeudi dernier, par le Parlement européen concernant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme en Algérie.
Pour lui, cette résolution est un «non-événement» et «les Algériens doivent prendre eux-mêmes leur destin en main et se concentrer sur leurs revendications».
- Le Parlement européen a adopté, jeudi dernier, une résolution dénonçant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme en Algérie. Quel est votre commentaire concernant cette initiative?
Il faut d’abord préciser que cette résolution du Parlement européen n’est pas contraignante. Je pense qu’elle est destinée beaucoup plus à l’électorat sur le sol européen, car il ne faut pas oublier que nous avons une forte communauté qui dispose également de la double nationalité. Il ne faut pas oublier aussi que le Parlement européen avait déjà adopté des résolutions similaires par le passé et qu’elles n’ont pas été suivies de réactions fermes de la part de l’Union européenne.
Toutefois, je dirais que c’est un non-événement car le peuple algérien et son hirak sont seuls depuis le 22 février dernier. Il ne faut pas tomber dans ce genre d’opération de diversion. Les Algériens doivent se concentrer sur leurs revendications. Ils doivent prendre leur destin en main eux-mêmes ; il n’y a aucune force ni à l’étranger ni ailleurs qui puisse venir changer les choses en Algérie si ce n’est les Algériens eux-mêmes. C’est ce que nous avons souligné d’ailleurs dans plusieurs propositions que nous avons soumises, dans le cadre du collectif de la société civile et dans le pacte des Forces de l’alternative démocratique (PAD).
- Comme expliquez-vous cette réaction officielle algérienne face à cette résolution?
Le régime algérien a toujours cette tendance à tenter de trouver ou fabriquer un ennemi extérieur pour justement faire diversion. Nous sommes habitués à cela. Donc, je pense qu’il ne faut pas instrumentaliser cette affaire. Les Algériens doivent se concentrer, comme ils l’ont démontré ce vendredi, sur leurs revendications exprimées pacifiquement pour les faire aboutir et pouvoir faire changer les choses.
- Mais en face, le pouvoir accentue la répression et les arrestations…
S’il y avait un peu de raison et de sagesse, cela fait plusieurs mois que les Algériens réclament l’arrêt de cette campagne d’arrestation et de répression contre la liberté d’opinion. Malheureusement, nous sommes passés d’un autisme politique à un autisme biologique. Si la raison et la sagesse l’avaient emporté, on ne serait pas arrivés à cette situation.
Photo: Maître Benissad. Président de la LADDH
Propos recueillis par Madjid Makedhi
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Posté Le : 01/12/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Propos recueillis par Madjid Makedhi
Source : elwatan.com du samedi 30 novembre 2019