Algérie

Algérie - Lutte anti-cancer: Le professeur Bouzid tire la sonnette d'alarme



Algérie - Lutte anti-cancer: Le professeur Bouzid tire la sonnette d'alarme
Selon le Pr Kamel Bouzid, chef du service d’oncologie médicale au centre Pierre et Marie Curie (CPMC), intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale ne joue pas le jeu pour gérer cette période transitoire avant la mise en œuvre effective du plan anti-cancer arrêté par le ministère de la Santé.

Le professeur Kamel Bouzid est parti de la situation «calamiteuse» du service de radiothérapie du CPMC pour évoquer, ensuite, la souffrance des cancéreux qui, à cause d’un rendez-vous éloigné, meurent plus tôt avant de subir la moindre séance de radiothérapie.

«Cette situation ne date pas d’hier mais de plusieurs mois pour ne pas dire des années. La question qui se pose est de savoir pourquoi sommes-nous arrivés là. C’est une situation que nous dénonçons depuis 15 ans. Alors, quelqu’un qui se présente aujourd’hui au service de radiothérapie ne subira sa première séance de radiothérapie qu’en mai ou juin 2012, soit plus de six mois après la chirurgie. C’est un délai inacceptable d’un point de vue cancérologique ou médical. Pour un cancer du rectum ou un cancer du col de l’utérus qui saigne, c’est plutôt une fumisterie. Il vaut mieux leur dire qu’on ne peut pas vous traiter», souligne-t-il.

Et d’ajouter : «Je connais des médecins du service de radiothérapie qui pleurent tous les jours. Parce que, souvent, lorsqu’un médecin appelle le malade, trois ou quatre mois après avoir pris rendez-vous pour une radiothérapie, il apprend par le biais de sa famille qu’il est déjà mort».

«Les cancéreux ne se soignent nulle part»

Statistiquement parlant, le taux d’incidence du cancer en Algérie est de 110 pour 100 000 habitants. C’est ainsi qu’on enregistre 44 000 nouveaux cas par an, dont 28 000 nécessitant une radiothérapie.

L’Algérie est ainsi, l’un des pays dont le cancer constitue réellement un problème de santé publique. Ce sont les chiffres communiqués par le ministre de la Santé lui-même lorsqu’il a présenté, en novembre 2010, le plan anti-cancer.

Un plan qui consiste en la construction de centres anticancéreux, l’acquisition d’équipements et la formation de médecins spécialistes, du personnel paramédical et des techniciens pour la maintenance des équipements. Il sera complètement mis en en œuvre en 2014.

En attendant la construction de ces nouveaux centres, les équiper et les pourvoir en personnels spécialisés, ce sont des dizaines de milliers de cancéreux qui, faute de soins, meurent chaque année. Tout simplement parce que les structures existantes ont, à peine, la capacité de traiter 8 000 patients. C’est que, théoriquement, 20 000 cancéreux ne vont pas être traités du tout, ce qui est inacceptable selon le Pr Bouzid.

D’autant, affirme-t-il, que seuls les centres de Blida et Ouargla sont fonctionnels. Les autres, ceux de Constantine et d’Oran, sont dans une situation «lamentable», tout comme celui d’Alger.

«A vrai dire, les cancéreux ne sont pris en charge nulle part. car, en attendant que les mesures prises dans le cadre du plan anti-cancer prennent effet, dans deux ou trois ans, ce sont 28 000 malades nécessitant une radiothérapie, dont le sort est lié aux rendez- vous éloignés».

Or, arguant que ce genre de soins est disponible en Algérie, le ministère de la Sécurité sociale refuse toute prise en charge d’un cancéreux à l’étranger : «Nous avons interpellé le ministère concerné à maintes reprises et, à chaque fois, les responsables de ce ministère se défaussent et disent non.»

Et d’insister : «Il faut que le ministère de la Sécurité sociale s’implique. Par des prises en charge à l’étranger durant cette période transitoire, et pas nécessairement en France.

Et aussi, à travers la révision de la nomenclature et la tarification des actes médicaux, les actes chirurgicaux notamment, dont 70 % se font par les privés, et que la Sécurité sociale ne rembourse qu’à hauteur de 10 à 20 %.»

Lyas Hallas


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