«Rien ne nous empêche de compter sur
l'Algérie sur le volet de la formation sécuritaire et autres, on sait qu'elle a
d'importantes capacités dans plusieurs domaines.»
C'est l'une des déclarations que le
ministre libyen de l'Intérieur a faites hier à la résidence El Mithak lors d'une conférence de presse qu'il a animée avec
son homologue algérien. Il considère que «la Libye et l'Algérie sont des pays importants et
des pays pivots aux potentialités énormes humaines et matérielles». Daho Ould Kablia
le lui rend bien en affirmant que «la
Libye a des capacités qui méritent d'être exploitées». Ould Kablia précise que «50 000
combattants qui ont participé à la révolution ont été intégrés dans le corps de
la police libyenne, parmi eux des agents qui avaient travaillé auparavant dans
ce corps». Le ministre de l'Intérieur fait savoir qu'une délégation algérienne
se déplacera en Libye pour établir un diagnostic de la situation sur le terrain
et voir les possibilités d'adaptation du mode opératoire. Ould
Kablia interroge convaincu «qui des pays si ce n'est
pas l'Algérie qui peut le faire parce qu'elle a des corps de sécurité dont les
spécificités ressemblent aux corps de sécurité des Libyens, mènent des
opérations d'intervention adaptables au terrain libyen, nous sommes donc
soucieux de leur apporter notre soutien». Il est question, selon lui, de
«jauger les capacités sur place, assurer les formations basiques et uniformiser
les méthodes opérationnelles». Il promet que les deux parties examineront entre-temps,
chacune de son côté, le protocole d'accord sur la création d'un comité
bilatéral des frontières. Le ministre rappelle que «l'Algérie a déjà des comités semblables avec le Niger et le Mali qui
ont enregistré des résultats très positifs». Il reconnaît que leur institution
a été faite alors qu'il n'y avait pas les mêmes conditions sécuritaires que
celles actuelles. C'est ce qui le laisse dire qu'il a été alors prévu de
«renforcer le partenariat en matière de développement local pour lutter contre
les flux migratoires». Les autorités locales algériennes et des pays voisins
concernés doivent, selon lui, identifier des projets économiques pour pouvoir
régler les problèmes sur place sans se référer aux pouvoirs centraux.
PROMESSE LIBYENNE ET ASSURANCES ALGERIENNES
Interrogé sur ce que pourrait tirer la Libye de l'expérience
algérienne en matière de réconciliation nationale, le ministre libyen de
l'Intérieur a répondu «nous avons nous-mêmes une expérience en Libye durant le
colonialisme italien. L'expérience algérienne est grande, leader et importante,
on s'en inspire et nous inspirer aussi des autres pays». Pour ce qui est de la
famille Kadhafi en Algérie, Fawzi Abdelalli
a précisé que «ce qui compte pour nous est la sécurité dans le pays et qu'il
n'y ait aucune activité subversive contre la Libye de la part des membres de la famille
Kadhafi qui se trouvent dans les pays voisins». Le ministre rappelle qu'il y a
à peu près une année, les autorités algériennes ont réagi face au risque, au
danger et à la circulation anarchique et incontrôlée des armes, en renforçant
les services de sécurité aux frontières avec la Libye notamment la
gendarmerie pour faire face aux flux d'armes qui risquaient d'être rentrées en
Algérie». Il note que «nous avons ainsi intercepté beaucoup de caravanes qui
allaient vers les pays limitrophes et dont très peu étaient destinées à
l'Algérie». C'est, dit-il, «ce mode opératoire que nous suggérons à nos amis
libyens à travers le protocole juridique qui a besoin d'être examiné». Ould Kablia reste optimiste en
assurant qu' «en principe, les autorités libyennes n'y verront pas
d'inconvénients pour le signer tant les avantages sont importants pour les deux
pays». Le protocole n'est pas exclusif pour la coopération sécuritaire mais «il
est élargi à la circulation des personnes, des marchandises, aux équipes
médicales, au développement économique et social pour mieux se connaître et
mieux coopérer».
«IL N'Y AURA PAS DE PARTAGE DE LA LIBYE»
A propos des velléités de fédéralisation de
la Libye, le
ministre libyen affirme qu' «il n'y a pas et qu'il n'y aura aucun
révolutionnaire libyen qui accepte ce partage. On n'a pas eu des milliers de
martyrs et de blessés pour le faire.» Fawzi Abdelalli rejette l'idée en affirmant que «ce partage n'a
été proposé par aucune partie, il a été demandé un fédéralisme du pays pour des
objectifs de décentralisation mais même cette proposition n'a pas eu d'écho». Il
rappelle que «ce qui s'est passé en Libye sous la dictature a été fait à la
mesure d'un seul individu. Sa chute a provoqué la chute de tout le pays. Il
avait dépensé des milliards de dollars pour acheter des armes et les distribuer
à travers le pays, on en a trouvé cachées même dans des jardins d'hôtels. Il
l'a fait pour créer le désordre. Tout ça a été prémédité.» Il pense qu' «avec
l'aide de Dieu, on pourra venir à bout de tout ce désordre».
A une question en rapport au coup d'Etat au
Mali, Ould Kablia a répondu
«nous ne reconnaissons pas ceux qui l'ont fait, nous sommes pour les
institutions constitutionnelles». Il avoue cependant que «nous sommes
préoccupés par la situation au nord du Mali et l'incapacité des autorités
maliennes à agir contre les terroristes et les tentatives de sécession dans ce
pays». Tout en disant que «nous avons bon espoir», le ministre précise que
«nous affirmons que nous sommes absolument contre toute partition du territoire
malien».
A propos du visa exigé par la Libye aux Algériens, le
ministre libyen a soutenu que «ce sont des mesures prises par l'ancien régime. Ça
nous a été exposé par l'ambassadeur d'Algérie à Tripoli, nous allons en
discuter et prendre des décisions dans de brefs délais». Pour ce qui est des
biens des résidents algériens en Libye, Fawzi Abdelalli affirme que «nous allons examiner la question
dans le cadre réglementaire» en notant que «les Algériens ont perdu leurs biens
comme les Libyens».
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Posté Le : 29/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com