Algérie

Algérie - LES RÉVÉLATIONS FAITES SUR LES BIENS DE HAMEL ONT CHOQUÉ LES ALGÉRIENS. Corruption et gabegie: le système Bouteflika assurait l’impunité



Algérie - LES RÉVÉLATIONS FAITES SUR LES BIENS DE HAMEL ONT CHOQUÉ LES ALGÉRIENS. Corruption et gabegie: le système Bouteflika assurait l’impunité


Passe-droits, indus avantages, rapine, gabegie, mépris des lois et des citoyens, en somme, le pouvoir absolu que le Président déchu a voulu pour lui-même a eu ses ramifications pour donner autant de pouvoir à ses hommes à tous les niveaux.

Le procès de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) s’est ouvert la semaine dernière au tribunal de Sidi M’hamed. Accusé au même titre que les membres de sa famille, Abdelghani Hamel fait face à de lourdes charges: corruption, blanchiment d’argent, incitation d’agent public pour l’obtention d’indus avantages, enrichissement illicite…

Les deux premiers jours du procès, qui ont vu le principal accusé, son épouse et ses quatre enfants auditionnés, ont révélé que l’ex-président d’Interpol, associé à sa famille, est à la tête d’un empire immobilier qui se compte par dizaines d’appartements, autant de terrains, de locaux, d’entreprises, de comptes bancaires… En somme, la famille Hamel détient, à elle seule, un parc immobilier qui peut être estimé à plusieurs milliards de dinars. Le procès a choqué les Algériens. La preuve en est la réaction des citoyens sur la Toile. Entre ébahissement et raillerie, les Algériens n’ont pas réagi de cette manière aux précédents procès qui ont vu d’autres hauts responsables jugés pour corruption.

Au-delà du fait que la fortune de la famille Hamel ait choqué les Algériens, c’est le procédé utilisé pour amasser cette fortune qu’il faudra identifier. Hamel était chef de la police pendant une décennie. De par son poste, il était chargé de lutter contre toute forme de délinquance, de vol, de corruption…, mais force est de constater qu’il avait fait pire que n’importe quel délinquant. Et il y a vraiment lieu de s’inquiéter.

Il faut s’inquiéter parce que Hamel n’est qu’un échantillon parmi tant d’autres qui ont fait probablement plus que lui. La fortune des Hamel, compte tenu des milliards dilapidés, n’est qu’une infime partie d’une gigantesque opération de rapine et de détournements à la tête de l’État. Hamel comme tous les autres ex-responsables poursuivis pour corruption ne pensaient pas qu’ils seraient un jour débusqués. Le système mis en place par le principal responsable de la situation, Abdelaziz Bouteflika, assurait l’impunité aux hommes du clan.

C’était cette assurance en la capacité du système à protéger et à blanchir ses hommes, même les plus sales d’entre eux, qui leur permettait de se croire au-dessus de la loi. Passe-droits, indus avantages, rapine, gabegie, mépris des lois et des citoyens, en somme, le pouvoir absolu qu’a voulu Bouteflika pour lui-même a eu ses ramifications pour donner autant de pouvoir à ses hommes à tous les niveaux.

Chacun avait “son secteur” dans lequel il agissait en toute liberté. Hamel ne savait pas qu’il détenait des comptes bancaires et des biens immobiliers, Ouyahia a oublié qu’il avait 30 milliards de centimes dans un compte, Sellal a omis de déclarer un terrain et une voiture, d’autres qu’ils détenaient autant de biens. Pendant ce temps, le citoyen suit, ébahi, toutes ces révélations, mais n’oublie pas qu’il lui faudrait attendre des décennies pour avoir un logement, qu’il faut guerroyer pour se soigner, qu’il faut se serrer la ceinture pour acheter une voiture même à crédit…



Photo: L’ex-DGSN Abdelghani Hamel. © Archives/Liberté

Mohamed Mouloudj


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