Algérie

Algérie - Les raisons de l'essor fortement entravé de la «franchise»



Algérie - Les raisons de l'essor fortement entravé de la «franchise»
Le concept de « franchise » peut constituer une solution au problème des marchés informels et de la contrefaçon qui minent l'économie algérienne, soutiennent à l'unanimité intervenants au séminaire sur la franchise en Algérie, organisé à Alger par la mission UbiFrance et le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE). Néanmoins, la franchise demeure méconnue du grand public, mal perçue par les pouvoirs publics, non encadrée par une réglementation spécifique et son essor entravé par les pratiques bureaucratiques.
Mme Hind BenMiloud, avocate agréée à la Cour suprême, présidente de l'Association de la franchise en Algérie a indiqué que le concept mal perçu aussi bien par les pouvoirs publics que par les consommateurs, car la plupart du temps assimilé à de la pure importation. Il est pourtant un gisement de « transparence, traçabilité du produit et des flux financiers et un gage de qualité du produit ou du service ». « Les bonnes pratiques de faire que permet la franchise sont un savoir-faire à transférer », soutient-elle. « Après avoir acquis le savoir-faire, le franchisé peut aussi créer sa propre franchise dans son pays, comme cela se fait au Maroc, en Egypte et en Turquie et bien d'autres pays », a-t-elle ajouté. En Algérie, le concept est méconnu et confiné dans sa forme basique de représentation des marques étrangères pour la revente en l'état. D'ailleurs, ce type de magasins forme la quasi-totalité des 70 magasins de franchise tous secteurs confondus, révélés par l'experte. Mme Benmiloud croit en l'avenir de la franchise en Algérie même si aucune réglementation spécifique n'encadre l'activité. Auquel s'ajoute l'interdiction de versement des royalties aux franchiseurs étrangers. « Il y a un réel intérêt à développer les franchises de service dans de nombreux petits métiers », recommande-t-elle.
« Une pompe à importer »
Samy Boukaila, le PDG de BKL Industries, une franchise 100 % algérienne regrette, lui aussi, que les pouvoirs publics voient généralement dans ce concept « une pompe à importer ». Il reconnait que l'importation est nécessaire dans un premier temps, mais « il faut que les pouvoirs publics pensent sur le moyen terme ». De toutes les manières, soutient-il, l'Algérie importe coup de milliards de dollars tous azimuts sans se préoccuper de la qualité. L'Algérie se trouve devant la problématique d'importer tout faute moyens et de politiques de production. Durant l'année 2011, elle avait importé pour près de 50 milliards de dollars. Ces importations souvent mal contrôlées vont alimenter le marché informel. « Alors pourquoi ne pas opter pour la bonne qualité ' », s'interroge-t-il. « La franchise est un concept de transparence de traçabilité et de contrôle qualité. On va peut-être payer plus au départ mais on va gagner à moyen terme et ça va permettre aussi de nettoyer un tant soit peu l'économie nationale de l'activité informelle et des produits de mauvaise qualité », explique notre interlocuteur qui regrette les lenteurs bureaucratiques qui entravent le développement de ce concept en Algérie. BKL, enseigne nationale de fabrication de fenêtres n'a franchisé que 5 menuisiers, depuis 2009.
La franchise bénéficie du dispositif CNAC et ANSEJ
Un avis partagé par Jérémy Selosse, responsable Maghreb de la marque Pano Boutique spécialisée dans publicité adhésive et signalétique. Cette enseigne voit une aubaine dans les dispositifs d'aide à la création d'emploi, surtout qu'elle cherche des franchisés qui vont transformer les produits achetés sur le marché local. Jérémy Selosse estime que même si les projets de franchise ont bénéficié d'un soutien de l'Etat à travers les dispositifs Ansej et Cnac, revus et simplifié « les lenteurs sont toujours là ». Son enseigne n'a franchisé que deux magasins, l'un avec le dispositif Cnac et l'autre avec l'Ansej, alors qu'elle pouvait en franchiser 8 ou 9 magasins. Notre interlocuteur révèle qu'en Algérie les financements ne manquent pas mais l'ouverture des magasins se fait dans la difficulté, contrairement au Maroc où les dispositifs de soutien à l'emploi n'existent pas, « on a réussi à ouvrir 7 magasins et 4 en cours d'ouverture ».
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