Algérie

Algérie - Les mines antipersonnel, 50 ans après l'indépendance: Le carnage continue



Algérie - Les mines antipersonnel, 50 ans après l'indépendance:  Le carnage continue




Un demi-siècle n’aura pas suffi pour effacer de la mémoire collective des Algériens les conséquences de la politique de la terre brûlée adoptée par un colonialisme qui refusait de croire que le glas avait sonné après plus d’un siècle de domination et d’injustice.

Des personnes mutilées et d’autres déchiquetées par les mines antipersonnel, legs d’une guerre déclarée contre ce peuple, des témoins de Souk Ahras en parlent encore… à profusion.

A Zaârouria, Ouled Driss, Aïn Zana, Taoura…et plusieurs autres localités, les plaies sont encore béantes chez ceux qui, une vie durant, ont été privés d’un membre, ceux qui ont vu mourir un enfant en bas âge ou pleuré un parent sorti sans retour.

Ils sont nombreux à Souk Ahras à pouvoir encore décrire «l’abominable» machine à tuer qui pouvait et peut encore éclater là où vous vous y attendez le moins.

Oued Echouk, une zone martyre

Le choix de la région de Oued Echouk n’est pas fortuit, c’est l’un des bastions de la guerre de libération que nous avons choisi pour abriter les festivités de la célébration de la Journée mondiale de la sensibilisation contre les mines antipersonnel, pour cette édition de l’année 2013.

Le représentant du ministère de la Défense a déclaré cette zone martyre, comme étant l’un des espaces en voie d’assainissement de ces engins explosifs, et c’est un détachement de militaires spécialisés dans le déminage, affecté à la wilaya de Souk Ahras, qui en a été chargé.

Pour marquer l’événement, 107 mines ont été enlevées en un seul jour.

Oued Echouk fait partie des 1.446,62 km reconnus comme zones susceptibles de contenir des mines dans le pays.

A quelques encablures du lieu de cette rencontre officielle des autorités et leurs hôtes parmi eux de la communauté européenne, des victimes de l’holocauste apportent leur témoignage. Salah Mansri, rencontré dans la commune de Zaârouria a déclaré à El Watan: «Enfant, j’ai perdu trois doigts de la main droite le jour même où la déflagration a tué mon père, Bachir Mansri.»

C’était en 1964, mais Salah, qui vient de boucler sa soixante-deuxième année, relate l’événement avec une verve d’enfant traumatisé qui ne savait pas, à l’époque, s’il devait pleurer ses doigts ou un père transformé en lambeaux de chair.

Son voisin, Aïssa Boukhari, a perdu une jambe en 1967. Il n’avait que 17 ans.

«Le lieu où a éclaté la mine était supposé sans danger, jusqu’au jour où j’ai dû emprunter un raccourci (…) j’ai compris un peu tard ce que les gens racontaient au sujet de ces engins que l’érosion du sol, les affaissements et l’eau peuvent déplacer», s’est-il rappelé.

Dans cette commune et autres zones limitrophes, les Benouareth, les Khelfellah, les Ziraoui, les Yeften, les Hamrouni…ont tous une histoire à raconter, celle de dizaines de victimes recensées parmi leurs proches et alliés.

Abderrahmane Djafri



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