Depuis le 1er juin, l’Algérie a enregistré 120 départs de feu qui ont consumé 450 ha de couvert végétal et forestier, alors que la saison des grandes chaleurs vient à peine de démarrer, marquée par une forte sécheresse pour la troisième année consécutive.
Comme le reste des pays du pourtour méditerranéen, l’Algérie subit de plein fouet les effets du changement climatique et vit une sécheresse inquiétante qui affecte directement son domaine forestier chaque année. Avec l’arrivée de la saison estivale et des fortes chaleurs, le risque d’incendies ravageurs augmente.
Depuis le 1er juin, l’Algérie a enregistré 120 départs de feu qui ont consumé 450 ha de couvert végétal et forestier, selon le premier bilan dressé par la Direction générale des forêts (DGF), alors que la saison des grandes chaleurs vient à peine de démarrer, marquée par une forte sécheresse pour la troisième année consécutive.
Sétif arrive en tête des wilayas touchées par ces incendies qui ont ravagé 98 ha de forêt, suivie de Béjaïa avec 75 ha d’espace forestier perdus, et Tébessa avec 51 ha, dont 30 ha d’alfa, selon la même source. Bouira et Tizi Ouzou clôturent cette triste comptabilité des feux de forêt avec respectivement 43 et 27 ha perdus.
Ce premier bilan représente une moyenne de 4 départs de feu de forêt par jour et 3,7 ha de pertes par foyer d’incendie, selon la DGF. Si des moyens supplémentaires ont été octroyés aux différents services pour lutter efficacement contre ces incendies, que ce soit pour la DGF ou pour la Protection civile, la lutte en amont semble poser un sérieux problème. Du moins, c’est ce que pense l’expert en risques majeurs Abdelkrim Chelghoum, joint par téléphone.
“Depuis vingt ans, nous perdons une moyenne annuelle de 35.000 et 40.000 ha de forêt dans les incendies”, rappelle le professeur Chelghoum, qui n’omet pas de signaler que “c’est tout le relief méditerranéen qui est exposé à ce problème”.
“Mais le gros problème qui se pose dans la lutte contre les feux de forêt réside dans les mesures préventives qui demeurent insuffisantes”, explique M. Chelghoum, qui critique la “gestion bureaucratique des feux de forêt” de la part des autorités.
“On gère la catastrophe, on ne la prévient pas”, lâche-t-il, tout en ajoutant: “On ne gère pas un risque majeur comme on gère une élection.”
Et d’expliquer que “les responsables concernés sont calfeutrés dans leurs méthodes de lutte et bureaucratiquement formatés”. Mais l’expert ne reste pas dans la critique. Il préconise une autre démarche ou stratégie capable d’inverser la tendance et de réduire les pertes jusqu’à 90% par rapport à la moyenne annuelle actuelle.
“Nous n’avons jamais eu un modèle numérique qui nous permette de disposer d’une cartographie exacte de nos massifs forestiers et de déterminer aussi la signature de chaque espèce d’arbre pour voir le taux d’inflammabilité de chaque parcelle à travers tout le pays”, regrette-t-il, suggérant un “aménagement urbanistique des espaces forestiers afin de faciliter l’accès aux sapeurs-pompiers lors de leurs interventions”.
Aussi, l’expert en risques majeurs note l’insuffisance des “points d’eau” dans l’espace forestier, mettant l’accent sur le fait que les ravages subis par les forêts ont un impact direct sur les barrages d’eau, dont une partie est envasée, dans un contexte de stress hydrique en augmentation.
“Il faut utiliser également les moyens de télédétection pour anticiper les incendies”, ajoute M. Chelghoum, mettant l’accent sur le travail de sensibilisation qui, selon lui, doit être permanent et à tous les niveaux.
Autrement dit, “il faut penser à créer carrément un module d’enseignement à l’école et à l’université pour sensibiliser sur les feux de forêt, utiliser les médias (audiovisuels et presse écrite) pour alerter en permanence contre ce problème”, recommande-t-il, regrettant encore le fait que “rien n’est fait à ce niveau”.
Photo: © Archives Liberté
Lyès MENACER
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Posté Le : 07/07/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Lyès MENACER
Source : liberte-algerie.com du mardi 6 juillet 2021