Algérie

Algérie: les entreprises publiques grandes gagnantes de la distribution de crédit en 2011


Le symposium organisé la semaine dernière par le FCE a mis de nouveau en exergue la nécessité de faciliter l'accès au financement pour les entreprises privées. Un leitmotiv, voire une «obsession» des patrons algériens qui peut s'expliquer si on se réfère au bilan financier pour l'année 2011 rendu public voici quelques semaines par la Banque d'Algérie.

Ainsi que c'est le cas depuis plusieurs années, la banque centrale signalait dans son dernier rapport de conjoncture que les crédits à l'économie ont encore fortement progressé en 2011. Annonçant dans ce domaine une croissance proche de 20%, elle souligne que "la dynamique des crédits observée en 2011 concerne aussi bien les banques publiques (19,5%) que les banques privées (23%), pendant que son rythme est inégal entre les banques". Elle relève cependant que l'évolution des crédits directs distribués par les banques est contrastée et a profité principalement aux entreprises publiques en raison essentiellement des programmes d'assainissements financiers décidés par le gouvernement et pris en charge par le Trésor public: "la forte hausse des crédits au secteur public (31,8 %) s'est accompagnée d'une hausse plus modérée des crédits aux entreprises privées (13%)."

UN MECANISME BIEN RODE

Les mécanismes d'aide aux entreprises publiques paraissent parfaitement rodés. Voici plus d'un an, M. Ahmed Ouyahia estimait que «près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de 600 milliards de dinars (environ 8 milliards de dollars) dont, notamment, près de 500 milliards de crédits à long terme et fortement bonifiés». Des données plus récentes indiquent que le bilan de ces actions de recapitalisation aurait atteint désormais près de 800 milliards de dinars.

 Depuis le milieu de l'année 2009 et au rythme de leur examen par le Conseil des participations de l'État (CPE), institution représentant l'État actionnaire et présidée par le Premier ministre, il ne se passe pas de mois sans qu'on annonce de nouvelles mesures de financement portant sur des dizaines de milliards de dinars au profit d'un groupe d'entreprises publiques. Un financement réalisé avec le soutien du Trésor et assuré exclusivement par des banques publiques qui ne disposent dans ce domaine d'aucune marge de manoeuvre.

 Dans le même temps les entreprises privées algériennes, en dépit des instruments nouveaux mis en place au cours des dernières années et des annonces plus récentes des derniers mois, ne bénéficient pas des mêmes facilités. Dans un document préparé à l'occasion de la dernière tripartite, le FCE soulignait déjà : «les mesures prises au cours des dernières années par les pouvoirs publics, à travers notamment la création de fonds de garanties pour le financement des PME, n'ont pas eu les effets escomptés. Les PME continuent de souligner que la question de l'accès au financement bancaire constitue le problème majeur auquel elles sont toujours confrontées. Même lorsqu'une PME accède à un crédit bancaire, celui-ci n'est obtenu dans la majorité des cas qu'après des délais excessivement longs qui génèrent des surcoûts hors normes hypothéquant ainsi la viabilité du projet entrepris».

UN REECHELONNEMENT DES DETTES «GENEREUX»

Dans la période la plus récente, les pouvoirs publics ne sont pas restés insensibles aux soucis exprimés par les représentants des patrons algériens. Le rééchelonnement des dettes des PME en situation de difficulté financière est la dernière en date des mesures annoncées au profit des entreprises privées. Son principe avait été arrêté et développé par les tripartites du 28 mai et du 29 septembre 2011. Le dispositif, précisé récemment par l'ABEF, est jugé «généreux» par de nombreux spécialistes. Le spectre d'activité des opérateurs éligibles au rééchelonnement soutenu par le Trésor public est large, seules sont exclues de cette opération les entreprises de commerce spécialisées dans la revente en l'état de marchandises. La durée maximale du nouveau crédit est de dix ans assortie d'une période de grâce maximale de cinq ans durant laquelle les intérêts courants seront pris en charge par le Trésor. En échange de l'effort consenti par les pouvoirs publics, les entreprises doivent seulement se dispenser de distribuer des dividendes pendant la période de rééchelonnement et n'envisager de nouveaux investissements qu'après accord de leur banquier.

 Selon M. Karim Djoudi, le dispositif devrait concerner, au total, près de 3 000 PME et traiter un volume de dettes de 200 milliards de dinars, 80 milliards d'agios étant pris en charge par le Trésor public. Au mois de janvier dernier, le SG de l'ABEF M. Benkhalfa mentionnait dans une de ses dernières interventions publiques avant son remplacement à la tête de l'institution, le chiffre d'un peu plus de 400 dossiers traités par les banques à fin 2011. Un rythme de mise en Å“uvre du dispositif qui ne satisfait pas les patrons privés qui ont proposé la semaine dernière son élargissement à toutes les PME qui le souhaiteraient.


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