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Algérie - Les discours contredisent les constats: Transition énergétique, un pari difficile à tenir



Algérie - Les discours contredisent les constats: Transition énergétique, un pari difficile à tenir


Avec une durée d’ensoleillement dépassant les 2.000 heures annuellement, pouvant atteindre 3.900 heures dans les Hauts-Plateaux et le Sahara, l’Algérie dispose d’un gisement solaire des plus élevés au monde.

On pourrait également compter l’apport de l’énergie éolienne ou autres ressources, moins importantes que le solaire, mais bien existantes et efficaces, notamment dans certaines régions. La richesse de l’Algérie est telle que l’on pourrait même diversifier les ressources selon les régions et les espaces géographiques.

Pourquoi donc la transition vers l’énergie propre tarde à venir? Qu’attendent donc les pouvoirs politiques pour amorcer ce passage écologique qui ouvrirait la voie à une nouvelle ère qui nous débarrasserait enfin de cette dépendance maladive aux hydrocarbures. Nous savons ce que nous avons et comment l’exploiter mais force est de constater que la volonté politique réelle ne dépasse pas la pensée pour arriver à l’action.

Dans son dernier rapport intitulé «Transition énergétique en Algérie: leçon, état des lieux et perspectives…», le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) fait le constat amer des blocages entravant la mise en marche du programme de développement des énergies renouvelables.

Lancé en février 2011, il était question d’arriver à une capacité de production électrique à partir de l’énergie renouvelable de l’ordre de 40% à l’horizon 2030, et assurer ainsi une production de 22.000 MW, dont 10.000 MW destinés à l’exportation. Résultat de l’application du programme, à peine 36.3 MW ont été réalisés.

L’écart est énorme entre les objectifs et les réalisations après une dizaine d’années durant lesquelles les tergiversations ont pris le dessus sur les actions.

La révision du programme, effectuée en 2015, prévoyait une production de 4.500 MW dont les deux tiers issus de l’énergie solaire photovoltaïque avant l’année 2020. Nous sommes en 2021 et cet objectif est bien loin d’avoir connu un début de réalisation, souligne le rapport du CEREFE (traité dans le détail par le supplément économie d’El Watan au début de l’année en cours).

Pire encore, en mai 2020, le même projet a subi de légères modifications et a été proposé comme neuf sous un autre intitulé, baptisé «Tafouk1» et tablant sur une production de 4.000 MW au lieu de 4.500.

«La seule activité visible sur le terrain dans le domaine des Energies renouvelables depuis 2015 a essentiellement été dominée par la réception des centrales solaires photovoltaïques totalisant 343 MW du programme lancé en 2014 par SKTM.»

Même Sonatrach tarde à accélérer le passage au renouvelable à l’heure où les compagnies pétrolières internationales ont compris depuis quelques années déjà que le moment était venu d’amorcer le virage du renouvelable. La reconversion de 80.000 véhicules du parc roulant de l’Etat en GPL et de 200.000 voitures de particuliers, c’est bien mais tellement insuffisant comme effort pour gagner le pari écologique.

Aller vers cette énergie nécessite des investissements lourds et un savoir-faire impliquant une révision de la mentalité des cercles de décisions et un changement radical du climat des affaires. Dans son rapport, le CEREFE a souligné que plus de 70% des capacités de production solaire photovoltaïque cumulées à ce jour dans le monde sont injectées sur les réseaux de distribution.

L’organisme suggère que «le déploiement d’installations solaires photovoltaïques connectées au réseau de distribution et assurant des productions de petites ou moyennes capacités, serait une bonne introduction à une stratégie encore plus large».

Le CEREFE plaide pour l’encouragement de l’autoconsommation, qui est une option moins complexe à déployer et moins capitalistique.

«C’est une solution peu coûteuse et moins risquée puisque ne nécessitant pas de stockage… Mais un investissement initial pouvant être assuré en partie par les propriétaires eux-mêmes moyennant des montages financiers simples» soutient le rapport.

Ce dernier reste prudent quant à l’option des grandes centrales dont les coûts de production sont insoutenables surtout dans la situation financière actuelle du pays.

Intervenant sur les ondes de la radio, le président du Cluster Energie solaire, Boukhalfa Yaici, a plaidé pour le recours aux instruments de la finance verte disponibles sur les marchés internationaux, afin de diversifier les modes de financement des projets de développement des énergies renouvelables et d’appeler à l’implication du secteur privé de manière importante afin d’améliorer l’application du programme de développement des énergies renouvelables.


Nadjia Bouaricha


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