Echec des islamistes algériens agréés à profiter de la vague verte qui traverse le Maghreb et le Machrek, stagnation du Rassemblement National Démocratique (RND) d'Ahmed Ouyahia et forte progression du FLN. Tels sont les principaux faits à relever des résultats du scrutin législatif du 10 mai 2012 marqué par la persistance de la tendance à l'abstention malgré une petite progression de la participation par rapport à 2007.
Aboudjerra Soltani se voyait déjà en homologue de ses pairs islamistes qui dirigent les gouvernements en Tunisie et au Maroc, il devra déchanter. L'Alliance verte qui regroupe le Mouvement de la Société de Paix, El Islah et Ennahda ne se classe qu'en troisième position avec 48 sièges. Pour les dirigeants du MSP, ce résultat est tellement inattendu que certains de ses dirigeants montent au créneau pour dénoncer, sur un mode menaçant, une fraude électorale. Pourtant, le MSP, qui est la force dominante de l'Alliance verte, ne peut occulter que sa participation à «l'Alliance présidentielle » durant les dix dernières années a fortement entachée sa crédibilité auprès d'un électorat islamiste qui a choisi de s'abstenir. Même Abdallah Djaballah (Front de la Justice et du développement) crédité d'une stature de «véritable opposant » rate son coup et n'obtient que 7 sièges. Abdelmadjid Menasra, en dissidence contre Aboudjerra Soltani, qui a créé le Front du changement, ne fait pas mieux avec quatre sièges. Le résultat des candidatures islamistes montre clairement l'usure et le discrédit d'un islamiste agréé et participationniste qui se piquait de remplacer le poids du FIS, dont les dirigeants bannis d'existence politique, ont appelé au boycott. Le MSP a usé, de manière excessive, d'une attitude ambiguë, consistant à être au pouvoir tout en faisant l'opposant, n'a désormais pas le choix. Le résultat obtenu le pousse hors du gouvernement. Choisira-t-il cette fois-ci d'aller résolution dans l'opposition au lieu de cultiver l'ambigüité ' A priori, les dénonciations des fraudes sur un mode assez virulent le pousserait vers l'opposition, mais on n'est jamais à l'abri d'un retournement avec le MSP.
La stagnation du RND
Le second enseignement de ces résultats est la stagnation du RND d'Ahmed Ouyahia qui ne progresse que de 7 sièges pour passer de 61 députés à 68. La dimension de force secondaire par rapport au FLN est clairement établie avec la progression de ce dernier qui augmente sa part de 84 sièges et obtient 220 sièges. Après un résultat fulgurant de 156 sièges obtenu en 1997, quelques semaines après sa création et qui le plaçaient comme force politique du pays, le reflux du parti d'Ouyahia, qui traine jusqu'à aujourd'hui sous le label de « parti de la fraude », a été constant : 47 sièges en 2002, 61 en 2007 et 68 aujourd'hui. C'est une progression hyper-lente, aussi peu décisive que la croissance économique algérienne sous gouvernance d'Ouyahia. Ce n'est pas la bérézina pour le RND, mais la faible progression du parti par rapport au saut réalisé par le FLN ne place pas Ahmed Ouyahia en bonne position pour la prochaine présidentielle.
Le « noyau électoral » du FLN
Le résultat du FLN peut désormais être invoqué par Abdelaziz Belkhadem face à ses adversaires au sein du parti qui se sont empressés d'imputer la victoire à Bouteflika. En réalité, le résultat est la confirmation de la remarquable pérennité d'un noyau électoral FLN estimé entre 20 et 25% en général très discipliné. Le même noyau qui existait en 1991 lors des élections emportées par le FIS au premier tour se retrouve durant les autres scrutins. Avec cette force électorale stable, c'est le niveau de participation global qui détermine le poids du FLN au sein de l'assemblée. En 1991, lors du seul tour des législatives, une forte participation (59% avec 52% de votes exprimés) couplé à un système électoral qui amplifie la victoire du premier ont réduit la part du FLN à 15 sièges. Dans les autres scrutins, la faible participation des électeurs a amélioré la « rentabilité » de l'électorat traditionnel du FLN. L'abstention profite au FLN qui est assuré d'une mobilisation de ses électeurs. Cela ne cesse de se vérifier, les boycotteurs servent objectivement les intérêts du FLN. Le résultat du FLN avec l'appoint du RND donne aux deux partis du pouvoir une majorité absolue. Une alliance de gouvernement avec les islamistes n'est pas nécessaire.
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Posté Le : 11/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Oussama Nadjib
Source : www.maghrebemergent.info