Algérie-Le projet de loi sur le Livre divise les professionnels...sauf sur le prix unique de vente

Tandis que s'ouvre à Alger la 18e édition du Salon international du livre d'Alger (SILA), un nouveau chapitre sur le marché du livre est en train de s'écrire à travers le projet de loi sur le Livre dont les changements, objets de division entre les professionnels, méritent d'être relevés.« Véritable révolution » pour certains, « véritable régression » pour d'autres, le « projet de loi relatif aux activités et au marché du livre » divise les professionnels du secteur, en première ligne du projet. La majorité des 62 articles du texte qui a été adopté le 29 septembre lors du dernier Conseil des ministres attrait en effet aux « activités du livre et au marché du livre ».
Le métier de libraire est dorénavant soumis à des conditions financières. « Sont considérés comme [...] distributeurs du livre ou libraires [...] les personnes physiques ou morales qui font de ces activités, leur activité principale et lui consacrent les deux tiers au moins de leur chiffre d'affaires » stipule l'article 11. Pour Azzedine Guerfi, directeur général des éditions Chihab, ce critère va permettre de « distinguer les éditeurs professionnels des éditeurs occasionnels tels que les boîtes de communication ou les entreprises ». Pour l'éditeur Boussad Ouadi, en revanche, « il constitue un danger dans le paysage éditorial », écrit-il dans une « lecture critique du projet » datée du 12 octobre, puisqu'un libraire qui exercerait une autre activité non liée au livre devrait cesser « ce mélange des genres » en vertu de l'article 11 qui indique que les autres activités du libraire doivent être compatibles avec sa principale activité.
Accès équitable aux livres
Outre ce critère de revenus, un « label de qualité » est institué par l'article 46 qui stipule que « les librairies peuvent obtenir un label de qualité délivré par le ministère chargé de la culture ». Pour Boussad Ouadi, ce label est l'arbre qui cache la forêt. « Labels, médailles, palmes et somptueuses récompenses ne vaudront que le jour où nous aurons enfin réalisé un travail encyclopédique qui recense nos langues, nos littératures, nos savoirs, notre histoire-géographie, bref notre culture », écrit-il. Azzedine Guerfi juge, en revanche, positive cette mesure qui participe, selon lui, à la « professionnalisation de la filière ».
Le projet de loi sur le Livre consacre le principe de prix unique de vente en indiquant à l'article 31 : « Les libraires doivent pratiquer le prix de vente au public fixé par l'éditeur ou l'importateur ». Cette disposition est unanimement saluée par les professionnels du secteur car elle garantit les mêmes droits à tous les lecteurs du pays, qu'ils se trouvent à Alger ou Tamanrasset. En attendant sa mise en place, tous les adeptes de lecture, nationaux et internationaux, trouveront, au même prix, leur bonheur au SILA 2013 où plus de 900 exposants sont attendus.