Algérie

Algérie - Le prix du braconnage par les émirs des monarchies du Golfe





Alors que la chasse à la gazelle et à l’outarde est interdite en Algérie, des émirs des monarchies du Golfe, escortés par des escouades de la Gendarmerie nationale, organisaient des battues dans de nombreuses régions du pays, derniers retranchements de ces animaux en voie de disparition.

Invités par le président déchu, Abdelaziz Bouteflika, ils étaient autorisés à chasser ces animaux, pourtant protégés par un décret datant du 20 août 1983. En voie d’extinction, l’outarde (Houbara), qui évolue dans la région de Brézina, au sud d’El Bayadh, jusqu’à Ghardaïa et Laghouat, a fait l’objet dès le début des années 2000 de nombreuses opérations de chasse, mettant en danger leur existence.

Les dignitaires des monarchies du Golfe venaient à bord d’avions privés, qui atterrissaient dans les aéroports de Naâma et de Ghardaïa, d’où des escortes de gendarmerie accompagnaient leurs véhicules tout-terrain vers les lieux des battues bien choisis, où ils installaient de gigantesques tentes équipées de toutes les commodités et d’un matériel de transmission.

Des guides locaux, bien payés, étaient recrutés pour les emmener directement vers les proies qu’ils attrapaient en utilisant des faucons dressés, avant de les tuer. Ce sont des dizaines d’outardes qui étaient sacrifiées durant chacune de ces expéditions.

Les émirs du Golfe ne se limitaient pas à tuer l’outarde en période de reproduction. Ils prenaient aussi ses œufs afin que le volatile puisse se reproduire chez eux, ainsi que pour la consommation, leur trouvant des effets aphrodisiaques.

Les séjours royaux de ces princes étaient également agrémentés de parties de chasse, avec des armes à feu, des gazelles de Cavier ou de Ledmi, dont le nombre a sensiblement diminué, dans la région de Ghassoul, de Brézina et de Aïn El Orak, à cause du braconnage excessif.

Toutes ces battues étaient organisées avec l’autorisation de la Présidence et les autorités locales, wali et chef de groupement de la gendarmerie, étaient mis au service de ces dignitaires. Venant en groupes de plusieurs nationalités, souvent des altercations éclataient entre Emiratis et Bahreïnis à cause d’un terrain de chasse. Et c’étaient les walis qui se retrouvaient à jouer le rôle de médiateur.

La population locale était consternée par le fait que les «hôtes du Président» se comportent comme s’ils étaient en terre conquise, puis repartent. Personne ne pouvait s’approcher des tentes des dignitaires, protégées par les gendarmes. Ce braconnage avait suscité la colère des habitants qui, conscients du danger qui menace l’équilibre écologique de la région, avaient saisi les autorités, mais aucune réponse ne leur a été donnée.

On comprend mieux, aujourd’hui, ce silence des hauts responsables. Ahmed Ouyahia, qui occupait tantôt le poste de directeur de cabinet de la Présidence, tantôt celui de Premier ministre, a affirmé, hier devant la cour d’Alger, que les émirs des pays du Golfe offraient aux hauts responsables des cadeaux d’une grande valeur, des lingots d’or, lorsqu’ils venaient pour leurs parties de braconnage.


Salima Tlemçani


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