La nécessité pour l’Algérie d’adopter une stratégie énergétique et de sortir de sa dépendance à la rente pétrolière est l’une des questions qui revient continuellement dans le discours officiel. Cependant, dans la pratique, les objectifs portés par la politique énergétique nationale peinent à sortir du champ théorique. Un bilan appuyé par Boukhalfa Yaïci, président du cluster énergie solaire, qui estime qu’à ce stade, les bonnes intentions ne suffisent plus. Il est par conséquent temps d’engager des actions concrètes pour relancer la machine.
Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) -
Boukhalfa Yaïci qui était jeudi dernier, l’invité de la Radio Chaîne 3, situe le problème dans le fait que «l’Algérie ne dispose pas de vision claire en la matière». Ce dernier juge, d’ailleurs, «trop optimistes» les objectifs fixés dans le plan de croissance 2020-2024 en termes de développement des énergies renouvelables. Il souligne qu’au rythme où vont les choses, il serait «peu probable» de réaliser un projet de «4 000 mégawatts à l’horizon 2024», rappelant que nous sommes en 2021 et que «rien n’a été encore fait».
Boukhalfa Yaïci soutient qu’il est irréaliste de prévoir lancer des appels d’offres au mois de juin prochain, en sachant que «nous n’avons même pas encore mis en place un cahier des charges ni même instauré le dispositif financier et humain approprié .» Chose qu’il dit impossible à faire «en un laps de temps aussi court».
Que faut-il faire dans ce cas pour accélérer les choses? À cette question, Boukhalfa Yaïci rétorquera qu’il est urgent d’engager des «actions concrètes sur le terrain». Il rappelle à ce titre, qu’un certain nombre d’aspects ont été laissés de côté. Il cite dans ce sens, «le lancement en 2018 par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) d’un projet de 150 mégawatts». Or, seulement 50 mégawatts ont été attribués. «Le reste n’a jamais été remis sur la table», fait-il remarquer.
Selon lui, ce genre de chose ne doit pas attendre. Cette façon de faire accentue, dit-il, «le retard accusé dans le développement des énergies renouvelables».
Il préconise, par ailleurs, l’élargissement des systèmes d’exploitation des énergies renouvelables au niveau sectoriel. Il donne comme exemple celui de l’agriculture. Il fera savoir que 400.000 hectares ne disposent actuellement d’aucune installation énergétique. Pourtant, précise-t-il, le développement de ce secteur est l’une des priorités du gouvernement.
«On peut mettre des installations solaires pour alimenter les exploitations agricoles», appuie-t-il, en ajoutant qu’on pourra même faire des économies de gasoil.
Le président du cluster énergie solaire précise que de nombreux secteurs sont demandeurs d’énergie, mais que la politique engagée «ne semble pas prendre ce volet en considération».
L’intervenant a, en outre, indiqué que le commissariat aux énergies renouvelables a dressé un rapport dont le but est de situer les failles qui entravent la transition énergétique en Algérie. Il fait également savoir que des propositions ont été déjà soumises dans ce cadre aux autorités pour tenter de trouver l’approche idéale. La problématique de la couverture par le groupe Sonelgaz de la pointe électrique durant l’été figure parmi les problématiques soulevées dans ce rapport par les experts. «Il ne doit plus y avoir de coupures d’électricité pendant cette saison», estime Boukhalfa Yaïci.
Selon lui, «les moyens techniques d’absorber cette pointe existent déjà et ils sont rodés». Et d’ajouter que l’Algérie est parfaitement en mesure de les exploiter.
Photo illustrative de l'article ajoutée par Akar Qacentina
M. Z.
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Posté Le : 17/01/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Massiva Zehraoui
Source : lesoirdalgerie.com du samedi 16 janvier 2021