Le gouvernement envisage de «retoucher» les conditions de
l'investissement étranger en Algérie. Première cible, adoucir l'exigence
systématique du 51% pour la partie nationale et 49% pour la partie étrangère.
L'idée fait son chemin de laisser rentrer les IDE à 100% à charge pour les
investisseurs étrangers d'ouvrir, ensuite, leur capital à la Bourse d'Alger.
La proposition de faire passer les investisseurs étrangers par la
Bourse d'Alger après trois bilans comptables de leurs activités en Algérie, est
portée depuis plus d'une année par des membres du cercle d'action et de
réflexion pour l'entreprise (CARE), la boîte à idées officieuse du Forum des
chefs d'entreprise (FCE). Elle a fini par atteindre des oreilles officielles.
Une équipe spécialisée travaille au ministère des Finances sur la faisabilité
d'un scénario où les 51% de part des nationaux seraient distribués en Bourse
par l'investisseur étranger après 3 années de présence dans le pays. Il devrait
en sortir une proposition sur «l'aménagement différé» du 51%-49% adressée au
Premier ministère. L'information rapportée par El Khabar évoque un aménagement
probable des conditions de l'investissement étranger dans le projet de loi de
finances pour 2011, mais l'existence d'une réflexion sur la question, recoupée
par Maghrebemergent.info, n'est pas certaine de déboucher sur un amendement du
51-49 dès ce 1er janvier 2011. «La mise en Å“uvre d'un tel projet demande plus
de délais de maturation», affirme une source prés du ministère des Finances. Le
PDG de Alliance Assurances, Hassan Khelifati, est l'un des patrons qui a le
plus plaidé pour cette option du passage par la Bourse auprès de ces
interlocuteurs du gouvernement, qu'il a dû rencontrer plus fréquemment en 2010
à cause de l'introduction en Bourse de son groupe à partir du 02 novembre
prochain : «l'obligation de l'ouverture du capital pour les investisseurs
étrangers après trois années d'activité dans le pays rassure le partenaire
étranger sur son engagement. Il peut le piloter seul s'il le souhaite et ne pas
être gêné par des partenaires algériens qu'il aurait été obligé de prendre.
L'ouverture en Bourse à 51% au bout de trois ans ne lui fait pas perdre le
contrôle de son business. L'actionnariat national est éclaté, même si cela
n'empêche pas la présence de partenaires nationaux forts dans le 51% ainsi
réuni. Du côté du gouvernement, le souci de réduire la saignée des
rapatriements de dividendes qui menace la balance des paiements est pris en
charge sans produire un effet de découragement pour les investisseurs
étrangers. J'ajoute que cette formule est un formidable levier pour le marché
financier et la Bourse d'Alger».
Pas assez de dinars pour satisfaire au 51%-49%
Les autorités algériennes envoient depuis le début de l'année des
signaux contradictoires au sujet des nouvelles restrictions imposées aux
investisseurs étrangers. L'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit a
étendu en juillet dernier au secteur bancaire l'obligation de laisser à des
partenaires nationaux 51% du capital social de toute nouvelle banque ou
établissement financier. Mais dans le même temps, les autorités défendent peu,
en public, leur attachement à l'application tous azimuts du 51%-49%. Un chiffre
sonne l'alarme : «sur les 694 projets d'IDE recensés de 2002 à 2009 par l'ANDI
(Agence de développement de l'investissement), quatre sont datés de 2009 et 690
des 8 années précédentes» affirme Slimane Kaïs, ancien directeur à l'industrie.
«En 2010, il est question de douze projets déposés par les Américains, il y a
un mois, mais ils ne pourront être comptabilisés qu'après la réunion du CNI et
l'adoption des conventions. Autant dire que l'année 2010 est aussi une année
grise pour les IDE en Algérie».
L'Algérie a «sauvé» son
bilan «capital» au tableau de ANIMA, l'agence de l'espace Euromed, en charge du
suivi des investissements, grâce à des «extensions d'investissements», c'est à
cette rubrique qu'est en effet placée l'obligation pour les banques privées –
toutes étrangères - de faire passer leur capital social de 30 millions d'euros
à 100 millions d'euros. Pour comparaison le Maroc a attiré pour 3,3 milliards
d'euros d'investissements étrangers en 2009, sans secteur hydrocarbures et sans
obligation d'augmentation de capital dans le secteur bancaire privé, contre 2
milliards de dollars pour l'Algérie. «L'assouplissement du 51%-49% est
obligatoire. Si nous voulons avoir 5 ou 6 milliards de dollars
d'investissements étrangers par an à la faveur de la reprise mondiale pour
soutenir une croissance annuelle supérieure à 5%, il faudra mettre en face
environ 420 milliards de dinars de capitaux nationaux tous les ans pour
accompagner les étrangers dans le 51%-49%. Les partenaires privés algériens
n'ont pas cette surface financière et le secteur public intéresse peu les
étrangers» explique Slimane Kaïs. La levée, désormais envisagée, d'une épargne
en dinars à la Bourse d'Alger peut être une partie de la solution. En attendant
un recul, jugé inévitable, sur le 51%-49% systématique.
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Posté Le : 12/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sami Injar
Source : www.lequotidien-oran.com