“Notre philosophie est de faire passer notre pays du stade d’importateur au stade d’exportateur.”
C’est ce qu’a déclaré, hier, le président du conseil d’administration du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, invité de la radio Web de Maghreb émergent.
Issad Rebrab a expliqué que Cevital a fait passer l’Algérie du stade d'importateur d'huiles végétales, de sucre blanc, de margarine et de graisses végétales, du verre plat à celui d'exportateur de ces produits. 
“Le groupe compte poursuivre cette politique pour tous ses nouveaux projets industriels”, a-t-il prévu.
“L’invité du direct” de la radio Web de Maghreb Émergent affirme que le groupe Cevital a plein de projets dans ses cartons. Malheureusement, plusieurs de ces projets restent bloqués. Il cite, entre autres, celui de la trituration de graines oléagineuses qui, non seulement va développer l’agriculture algérienne, créer 100.000 emplois, mais aussi faire passer notre pays du stade d’importateur au stade d’exportateur pour les huiles végétales, tourteaux destinés pour l’aliment de bétail.
Aujourd’hui, les huiles végétales brutes et les tourteaux sont à 100% importés.
Le patron de Cevital a évoqué trois grands défis que l’Algérie doit relever. Notre population atteindra 50 millions d’habitants d’ici 2025.
“Nous allons avoir moins de pétrole et moins de gaz à exporter. Si on ne remplace pas cette richesse par une autre richesse, fruit du travail des Algériens, nous risquons une nouvelle cessation de paiement, comme celle des années 1980.”
Il y aura 10 millions de nouveaux demandeurs d’emploi d’ici 2020. Il faudra créer plus de 1 million d’emplois par an.
“L’Algérie a les moyens de créer ce nombre d’emplois”, estime
M. Rebrab, à condition de libérer les initiatives.
Le troisième défi, c’est celui de la sécurité alimentaire. Sur ce point, le patron de Cevital explique que l’Afrique offre des opportunités intéressantes, pour acheter des terres et investir dans l’agriculture, pour assurer la sécurité alimentaire du pays.
Le président du conseil d’administration du groupe Cevital estime également, que la crise en Europe constitue une formidable opportunité pour l’Algérie, “qui ne peut se présenter qu’une fois tous les siècles”.
“On peut acquérir des usines entières pour une bouchée de pain”, a-t-il indiqué.
“Il faut libérer les initiatives”, a-t-il plaidé.
“Comment voulez-vous avoir des champions si vous n’autorisez pas vos entreprises à investir à l’international?” s’interroge Issad Rebrab.
Le groupe Cevital est prêt à reprendre tous les travailleurs de Michelin-Algérie.
Revenant sur l’acquisition du leader français des fenêtres en PVC, Oxxo, Issad Rebrab précise que c’est la filiale Europe du groupe qui a racheté l’entreprise française. Le groupe n’a pas transféré des fonds à partir d’Algérie.
“Nous faisons toujours les choses en toute transparence”, a souligné le patron de Cevital.
Cevital s’est intéressé à l’acquisition d’Oxxo pour plusieurs raisons. C’est d’abord une opportunité pour le groupe privé algérien d’avoir un pied sur le marché européen. Elle s’inscrit dans la stratégie de développement du groupe Cevital, qui possède une usine de verre plat dont 60% de la production est exportée en Europe, 10% au Maghreb et 30% couvrent la demande nationale.
Et puis Cevital réalise actuellement un complexe de production de fenêtres et portes-fenêtres en bois et PVC à double vitrage isolant à Bordj Bou-Arréridj, d’une capacité de 2 millions de fenêtres par an, alors qu’Oxxo avec son label a une capacité de 200.000 fenêtres par an. Cevital n’a pas payé très cher la société Oxxo. Le groupe privé algérien a déboursé 400 000 euros. Les actifs dont Cevital a hérité sont estimés à 15 millions d’euros. Le gouvernement français a pris à sa charge 50 millions d’endettement.
“Nous avons repris Oxxo avec zéro dette”, a- expliqué M. Issad Rebrab.
Concernant Michelin-Algérie, le patron de Cevital affirme avoir dit à Michelin qu’il “est prêt à reprendre l’ensemble du personnel”.
Sur le site de Bachdjerrah, Cevital va créer d’autres emplois qui ne seront pas industriels.
“Nous allons probablement créer le double des emplois de l’actuelle usine de Bachdjerrah”, a indiqué M. Rebrab.
Le patron de Cevital explique que le site de Bachdjerrah a été créé il y 50 ans. À l’époque, cette localité était à la périphérie d’Alger. Aujourd’hui, elle est le centre d’Alger. L’usine de Michelin-Algérie a été construite pour une taille critique de 200.000 pneus par an. Aujourd’hui, la taille critique, ce sont deux millions de pneus par an pour les poids lourds et 5 millions de pneus pas an pour les autres véhicules.
Depuis plusieurs années, Michelin-Algérie perd de l’argent malgré les investissements réalisés sur le site. Issad Rebrab rappelle qu’il y a sept ans, Cevital a été approché par Michelin pour construite une usine de 5 millions de pneus par an pour les véhicules de tourisme et deux millions de pneus pour les poids lourds. L’usine devait être installée au niveau du futur port de Cap-Djinet. Comme ce dernier n’a pas vu le jour, le projet d’usine des pneumatiques a été abandonné. Aujourd’hui, l’Europe traverse une crise aiguë. Plusieurs sociétés de pneumatiques ont fermé en France. Quand Michelin a sollicité Cevital pour trouver un terrain d’entente afin de reprendre l’ensemble des travailleurs de l’usine, le groupe privé algérien a proposé au groupe français s’il n’y avait pas la possibilité de créer une autre usine, de taille mondiale, ailleurs.
Une usine de taille mondiale doit s’étendre au moins sur 150 hectares et le site de Bachdjerrah de Michelin fait 15 hectares. Le groupe Michelin a fait comprendre à Cevital que ses usines sont actuellement en sous-charge et que le marché algérien à lui seul ne peut pas absorber une telle taille. Le marché algérien pèse environ 4 millions de pneus pour le tourisme et 600.000 pour les grands pneus. Et puis c’est un marché ouvert aux autres marques.
Cevital se place dans ce contexte comme un sauveur d’emplois, d’autant que Michelin, dans tous les cas, devait fermer l’usine de Bachdjerrah.
Cevital envisage d’installer, sur l’emplacement de l’usine, un centre commercial, construire une université, un hôpital.
Cevital veut transformer Bachdjerrah autour des services et non pas autour de l’industrie.
Issad Rebrab estime que les unités industrielles doivent être délocalisées dans des zones industrielles, en dehors du centre d’Alger.
Cevital peut exercer son droit de préemption sur Djezzy
Interrogé sur son silence concernant le dossier Djezzy, Issad Rebrab reconnaît le fait que son groupe, du fait qu’il soit minoritaire, a été négligé. Mais avec 3,43% d’actions, le groupe possède un droit de préemption conformément au pacte d’actionnaires liant les partenaires.
“Soit on trouve un terrain d’entente, soit on va exercer notre droit de préemption. Nous avons la possibilité d’aller à l’arbitrage à Londres, contre Vimpelcom”, indique Issad Rebrab, précisant que “Cevital ne veut pas exercer son droit de préemption sur les 51% que l’État doit acheter”.
“Nous n’allons pas nous attaquer à notre gouvernement. Nous respectons les autorités algériennes”, a-t-il insisté.
Par ailleurs, le patron de Cevital estime que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est quelqu’un de pragmatique, “favorable à l’ouverture, qui veut le développement économique du pays, même pour le privé aussi”.
Meziane Rabhi
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 20/06/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: Liberté ; texte: Meziane Rabhi
Source : liberte-algerie.com du mercredi 19 juin 2013