«Loin de toute intimidation, nous allons malheureusement enregistrer une augmentation du nombre de décès chez les patients atteints de cancer et une diminution de l'âge moyen des patients au cours des 3 ou 5 prochaines années. Ceci en raison des séquelles du Covid 19 qui a affecté (l'organisation) des soins, des traitements et des chirurgies d'une part, et d'autre part, la baisse du nombre de ceux venant au dépistage précoce, en plus des pannes des accélérateurs des centres de lutte contre le cancer et la rareté des médicaments de la chimiothérapie».
C'est le constat alarmant brossé, hier, par le professeur Mokhtar Hamdi Cherif, président du Registre du cancer de Sétif, sur les ondes de la radio locale.
Selon l'intervenant, l'Algérie a enregistré «50.000 nouveaux cas de cancer en 2020, dont 27.000 cas chez les femmes et 23.000 chez les hommes », précisant que «les courbes de progression des cancers du sein, du colon et du poumon augmentent d'année en année».
Concernant le cancer du sein, il «augmente de 7,5% chaque année», dit-il, précisant: «nous avons enregistré 14.000 nouveaux cas en 2020, et nous prévoyons d'enregistrer 17.000 nouveaux cas de cancer du sein en 2025, et nous espérons qu'il sera dépisté à ses débuts avant d'atteindre le stade du danger».
«50% des femmes atteintes d'un cancer du sein ont moins de 50 ans», dit-il encore.
Pr. Hamdi Cherif appelle à une «nécessaire mobilisation pour lutter contre le cancer par la prévention, l'examen médical et le dépistage précoce».
«La détection précoce évite les complications, réduit les taux de mortalité, augmente l'espérance de vie, augmente l'efficacité du traitement, contrairement au diagnostic tardif», a-t-il expliqué, conseillant vivement «à tous, y compris aux femmes, d'aller chez le médecin lorsqu'ils constatent des choses inhabituelles sur leur corps et leurs organes afin de diagnostiquer, prendre en charge, traiter et lever tous les doutes en temps opportun».
Pour les femmes, il préconise de «passer des examens médicaux à partir de 40 ans pour détecter un cancer du sein même si elles ne remarquent rien sur leur corps, car la mammographie a montré dans de nombreux cas, des fissures qui ne peuvent être détectées sans cette imagerie».
Toujours à propos de dépistage, il indique que «les registres du cancer, la détection précoce et le suivi du traitement, ont permis de connaître le nombre de patients, contrairement à ce qu'il était il y a 30 ans». Rappelant que Sétif était pionnière «dans le registre du cancer depuis 1986, et à l'époque on parlait beaucoup d'augmentation du nombre des patients atteints de cancer, en raison de la disponibilité des statistiques, contrairement à d'autres wilayas qui n'ont pas recensé les personnes atteintes de cancer».
- Les raisons de la hausse du nombre de cas de cancers
Pour Pr. Hamdi Cherif, parmi les différents types de cancer chez la femme, «le cancer du col de l'utérus était en tête en 1986, (alors) que ces dernières années, les cas de cancer du col de l'utérus ont diminué et le nombre de cas du cancer du sein a augmenté».
«Le nombre de cas de cancer du col de l'utérus diminue de 3,5 % chaque année», a-t-il affirmé.
«Le cancer du côlon et de l'intestin est la première cause de traumatisme chez l'homme, en hausse de 8%, suivi du cancer du poumon».
Quant aux causes pouvant aider dans le changement du nombre de cancers du sein, il cite «le mariage tardif, l'allaitement naturel, les pilules contraceptives, l'activité physique, les habitudes alimentaires, en plus de certains virus».
Aussi, «le cancer de l'estomac diminue de 2,5% chaque année grâce à l'utilisation de réfrigérateurs dans la conservation des aliments, contrairement à ce qui était auparavant, où le stockage et la conservation dépendaient du recours à des matériaux de séchage et de leur exposition au soleil», explique-t-il.
Pour d'autres types de cancer, le tabagisme est cité comme une «cause majeure de cancer».
Pour ce qui est des facteurs qui aident à «prévenir 50% des cas de cancer», le spécialiste cite: «s'abstenir de fumer, une bonne alimentation, la perte de poids et le sport».
Pr. Hamdi Cherif a affirmé sa satisfaction pour «la décision de réactiver le Fonds National de Lutte Contre le Cancer» qui «se répercutera positivement sur la correction des carences constatées, notamment celles liées à la maintenance des appareils et à l'acquisition des médicaments».
A propos de vaccination contre le coronavirus, l'intervenant juge qu'elle est nécessaire «pour tout le monde, y compris les patients atteints de cancer».
Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration: Pr Hamedi-Cherif Mokhtar, Professeur en Epidémiologie et Médecine Préventive
R. N.
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Posté Le : 11/10/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : R. N.
Source : lequotidien-oran.com du dimanche 10 octobre 2021