Le choix des centres d’enfouissement technique (CET) dans la gestion des déchets ménagers défendu par le gouvernement depuis les années 2000 a montré ses limites. Le bilan officiel des réalisations est mitigé. L’acquisition de 48 usines d’incinération ne remettrait pas directement en cause les CET… Pourtant, si les résultats sont probants, elles pourraient être le début de la fin de la solution d’enfouissement.
Le gouvernement a privilégié dès le début des années 2000 l’option d’élimination des déchets urbains par enfouissement. Un choix jugé judicieux par les associations de protection de l’environnement qui observaient que l’élimination se faisait jusque-là par l’incinération à l’air libre et dans des décharges sauvages. Le programme de centres d’enfouissement technique (CET) mis en œuvre sur tout le territoire national devait également donner de nouvelles opportunités dans la valorisation des déchets. Une décennie plus tard, le bilan de réalisation de ce programme est loin de donner satisfaction. Le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville, Amara Benyounès, a fait état lors de son passage à l’Assemblée populaire nationale de 122 centres d’enfouissement technique réalisés, dont 55 déjà opérationnels. Sur le terrain, la plupart des CET ne sont pas réalisés dans les délais. Et la plupart de ceux qui sont effectivement livrés ne disposent pas des plates-formes de tri et de recyclage. La réalisation du programme des Centre d’enfouissement technique (CET) nécessite d’important travaux de prospection de sites devant les accueillir ainsi que la réalisation des études d’impact environnemental. Selon les spécialistes en environnement, la construction d’un CET nécessite une superficie de pas moins de 40 ha, clôturée et aménagée. La première des contraintes auxquelles fait face la réalisation du programme national des CET est le problème des expropriations et l’opposition des riverains, selon le gouvernement. Ce dernier a également fait le choix de créer des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) pour gérer techniquement et financièrement l’exploitation des CET. Ce choix en faveur des n’a pas donné de résultats probants si l’on se fie aux dernières déclarations du ministre de l’Environnement. Il a reconnu que la gestion des déchets est un «nouveau » métier que « nous ne connaissons pas dans notre pays ». Pour cette gestion, Amara Benyounès compte faire appel à des entreprises étrangères en partenariat avec des entreprises algériennes, publiques ou privées.
48 usines d’incinération
En parallèle à cette politique d’enfouissement, le gouvernement se dirige vers la technique d’incinération qui semble plus écologique que l’enfouissement mais dont le coût de traitement est plus onéreux. Le ministre de l’Environnement a annoncé que des appels d’offres internationaux allaient être lancés pour l’acquisition de 48 usines d’incinération (une pour chaque wilaya), dont quatre de grande capacité pour les grandes villes. Actuellement, la solution d’incinération n’est appliquée que pour les déchets hospitaliers au sein des hôpitaux et cela sans répondre forcément aux exigences de respect de l’environnement. Le gouvernement avait hésité avant d’aller vers cette solution «onéreuse en raison des aspects techniques et économiques». Selon le ministère de l’Environnement, les raisons techniques sont liées à la composition des déchets issus des ménages qui contiennent «plus de 70 % de matières organiques avec un taux d’humidité trop élevé et un pouvoir calorifique très bas. Quant aux raisons économiques, elles sont fondées sur les surcoûts dus à la consommation d’énergie le traitement des fumées auxquels s’ajoute le coût de l’équipement».
A quel prix ?
En juin 2012, un responsable des déchets urbains au ministère de l’Environnement défendait encore l’option des Centres d’enfouissement technique par opposition aux incinérateurs. Selon lui, le traitement par incinérateur de 1500 tonnes par jour coûte entre 200 à 250 millions d’euros alors que le coût de gestion par tonne se situe entre 100 à 150 euro par tonne. Aujourd’hui, avec l’arrivée au département de l’Environnement de Amara Benyounès en septembre dernier, le gouvernement semble prendre option pour les incinérateurs, sans renoncer aux CET. Mais pas pour longtemps. Les CET ont une durée de vie se situant entre 7 et 15 ans. Le remplacement des CET par un autre CET prendra du temps et la transformation de ces sites en espaces vert à l’image de celui de Ouled Fayet coûte aussi de l’argent. Le match incinérateurs vs CET n’est pas encore tranché.
* Photo: Amara Benyounès et l’ambassadeur de Belgique, Frédéric à l’inauguration du CET de Masacara, le 14 janvier dernier
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Posté Le : 02/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: Aymen Zitouni du lundi 1 avril 2013
Source : http://portail.maghrebemergent.info/