Algérie

Algérie : le Fonds national d'investissement place gros et communique… maigre



Créé il y a deux ans, le Fonds national d'investissement (FNI) ne communique pas ou très peu. Il vient pourtant de formaliser son premier partenariat avec une entreprise étrangère, en l'occurrence l'assureur français AXA.

A quoi sert ce FNI qui semble agir de manière très confidentielle alors qu'il place gros… dans le secteur public. Explications.

Le Fonds national d'investissement (FNI), la Banque extérieure d'Algérie et le groupe français AXA ont formalisé, dans le courant de la semaine dernière, l'accord de partenariat qui permettra au numéro un mondial de l'assurance de s'installer en Algérie dans le cadre des nouvelles règles régissant l'investissement étranger, apprend-on de source sûre. C'est la première prise de participation du FNI dans le capital d'un projet d'investissement réalisé en partenariat avec une entreprise étrangère. Le fonds public disposera d'une minorité de blocage de 30% dans la nouvelle société qui devrait être opérationnelle au début de 2011. Le FNI pourrait être également mis à contribution par le gouvernement pour stopper la morte lente du groupe Tonic Emballage qui prend, par défaut de décision, l'allure d'un Titanic en plein naufrage. Pour le reste, les activités du Fonds national d'investissement(FNI) continuent, près de 20 mois après sa création, d'être entourées d'une discrétion qui confine à la confidentialité. Créé en février 2009, le fonds d'investissement d'Etat algérien a été doté dès son origine d'un capital conséquent de 150 milliards de dinars auxquels sont venus s'ajouter 75 milliards de dinars supplémentaires dans le cadre de la loi de finances 2010. Cette dotation généreuse ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin puisque M.Karim Djoudi annonçait à l'occasion du baptême de l'institution que son capital pourrait être porté progressivement à près de 1000 milliards de dinars. Avec une telle assise, le Fonds national d'investissement est appelé à devenir le bras financier de l'Etat algérien dans le domaine du financement des projets publics et du développement de l'industrie et des services. A l'image de Mubadala aux Emirats Arabes Unis, de Temasek à Singapour ou, plus près de nous, de la Caisse de Dépôts et de Gestion marocaine, le rôle premier d'un tel fonds est d'être l'instrument privilégié de la " politique de l'offre " mise en Å“uvre par les pouvoirs publics à travers l'encouragement des secteurs identifiés comme stratégiques et porteurs de croissance.

Une montée en cadence sans communication

La montée en charge progressive du FNI s'est effectuée au cours des derniers mois sans que l'on ait jugé utile d'accompagner cette implication croissante du Fonds public dans le financement de l'économie d'une communication institutionnelle appropriée. C'est donc une série d'indiscrétions qui ont permis de savoir que l'institution a pris, tout d'abord et dès 2009, une part importante au financement de plusieurs projets pétrochimiques avant de contribuer, surtout depuis le début de l'année 2010, aux programmes d'investissements de nombreuses entreprises publiques. Parmi ces dernières les interventions les plus importantes du FNI ont concerné notamment le renouvellement de la flotte d'Air Algérie, la contribution au plan de croissance de Cosider ou encore plus récemment à l'ambitieux programme de développement de Saidal qui doit se traduire par des prêts à long terme estimés à plus de 100 millions de dollars. Le FNI s'intéresse aussi à l'international, son directeur général, M. Saddek Alilat a accompli récemment plusieurs voyages en Asie qui l'ont mené successivement en Corée du Sud et en Chine. Le principal résultat du périple asiatique du DG du FNI devrait se traduire par l'arrivée en Algérie d'une importante banque de développement chinoise. Cette dernière information est à rapprocher de l'accroissement sensible des flux commerciaux et des relations d'affaires entre l'Algérie et la Chine au cours des dernières années.

Le financement des PME en question

Le principal sujet de controverse au sujet de cette jeune institution concerne sa contribution au développement du secteur privé national. La plupart des informations disponibles semblent indiquer que les ressources du fonds sont pour l'essentiel consacrées au financement des entreprises publiques dans le cadre d'ailleurs de la priorité franche réservée à ces dernières par les orientations du gouvernement de M. Ahmed Ouyahia. Les statuts du FNI prévoient pourtant clairement qu'il doit financer le développement de l'investissement productif aussi bien des entreprises publiques que des entreprises privées. Des voix se sont déjà élevées au sein des associations patronales ainsi que dans le secteur bancaire privé qui réclament une contribution plus active du FNI à la dotation des entreprises privées nationales en fonds propres ou sous forme de prêts à long terme. Cette intervention du Fonds public serait pour beaucoup d'opérateurs de nature à stimuler le développement de nombreuses entreprises privées en leur permettant de grandir en proposant des projets " bancables " aux institutions financières classiques. Mais les PME algériennes devront, selon toute vraisemblance, continuer à s'armer de patience. Le Fonds national d'investissement en est encore, selon nos sources, à la recherche des locaux devant abriter ses 48 antennes régionales.


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