Les négociations
pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, à l'arrêt depuis l'année 2008, sont sur
le point de reprendre.
Le ministre du
Commerce, M.Mustapha Benbada, l'a confirmé dans une récente interview à Maghreb
Emergent. Mais cette reprise va-t-elle déboucher sur des avancées significatives
après près d'un quart de siècle de négociations?
Les experts
restent sceptiques.
Lannonce de cette
volonté de reprise a été annoncée d'abord par des hauts fonctionnaires
algériens impliqués dans ces négociations au long cours qui durent depuis d'un
quart de siècle.
L'un d'eux,
Mohamed Mohamed Bessedik, Directeur des affaires commerciales multilatérales au
ministère des Affaires étrangères, évoquait une volonté d'accélérer le
processus de négociations. «On a expliqué notre position et on s'est entendu
sur une feuille de route» annonçait-il. Le ministre du Commerce, Mustapha
Benbada, l'a confirmé récemment dans un entretien à Maghreb Emergent : «
l'Algérie prépare le round de négociation de juin ». Il avait apporté à
l'occasion des précisions sur la question du « double prix du gaz », le point
d'achoppement le plus souvent mentionné. « Le règlement de la question du prix
du gaz s'est effectué selon l'article 3 du Gatt repris dans les accords de
Marrakech qui stipulent que les prix internes ne doivent pas porter préjudice
aux partenaires. Dans le cas de l'Algérie nous avons pu démontrer que le prix
du gaz est un avantage comparatif naturel ». Cette reprise des négociations et
cette première avancée sur un dossier stratégique vont-elles déboucher sur une
adhésion prochaine de l'Algérie à l'OMC. Un expert algérien très familier de ce
dossier tente de faire le point : « Jusqu'en 2008, date de la dernière réunion
du groupe de travail sur l'accession de l'Algérie, l'essentiel des discussions
a porté sur des dossiers certes importants mais pour lesquels existe un
consensus de négociation à l'OMC dont l'Algérie peut aisément se prévaloir.
C'est le cas, notamment, du dossier du double prix de l'énergie, de celui de
l'accès au marché des produits agricoles et industriels ou de ceux des demandes
spéciales de certains membres concernant des thèmes comme l'ouverture des
services éducatifs ou l'audiovisuel.
Même si ces volets
peuvent paraître complexes, l'Algérie peut afficher clairement et fermement ses
positions et on peut supposer que de bons compromis peuvent rapidement être
trouvés, comme cela semble être déjà le cas pour le prix de l'énergie »
LES SERVICES,UN
DOSSIER EPINEUX
Un dossier qui
s'annonce plus difficile est celui de la négociation de l'accès au marché
algérien dans les différents secteurs de services. Dans ce domaine, les accords
internationaux en vigueur, notamment l'Accord AGCS (Accord général sur le
commerce des services), permettent actuellement à chaque pays d'ouvrir beaucoup
de secteurs de manière graduelle en donnant la prééminence aux fournisseurs
locaux. Autrement dit, cela impose aux fournisseurs étrangers qui souhaitent
pénétrer le marché d'avoir à s'appuyer sur les fournisseurs locaux, permettant
ainsi à ces derniers de se développer et de bénéficier en priorité des
savoir-faire de leurs partenaires internationaux.
Selon Mouloud
Hédir, la difficulté « est liée à la contrainte née de l'article 32 (voir
encadré) de l'accord d'association conclu avec l'Union européenne, dans la
mesure où l'Algérie sera obligée d'élargir à l'ensemble des pays membres de
l'OMC la clause de traitement national, qui met sur un pied d'égalité les
fournisseurs algériens et étrangers ». Une clause qu'elle « a imprudemment
accordée aux partenaires de l'Union européenne. Il faudra sans doute pour
avancer dans la négociation avec l'OMC, dénouer au préalable le contentieux
ouvert avec l'Union européenne sur ce volet précis ».
UNE SITUATION PLUS
COMPLIQUEE DEPUIS 2008
Les thèmes de
discussion ne manquent pas et augurent déjà de négociations « longues et
difficiles » mais la situation est devenue encore plus complexe depuis 2008.
Outre les sujets évoqués lors des réunions
précédentes du groupe de travail sur l'Algérie, les négociateurs algériens vont
devoir répondre à une salve, qui s'annonce nourrie, de nouvelles « questions »
formulées par les partenaires commerciaux de notre pays. Un expert estime qu'il
« va falloir ouvrir de nouvelles discussions avec les membres de l'OMC autour
des mesures restrictives prises depuis près de 3 années, des mesures qui, pour
nombre d'entre elles, sont incompatibles quelquefois avec un certain nombre de
règles des accords administrés par l'OMC. » La difficulté, selon lui, n'est pas
dans la négociation mais dans l'éventuel impact d'un abandon des restrictions
commerciales sur « les politiques publiques telles qu'elles sont conduites par
les autorités économiques algériennes au cours des dernières années ». C'est
cet aspect qui est la source du scepticisme de la plupart de nos interlocuteurs
sur la possibilité de voir ce nouveau round de négociations déboucher sur des
avancées significatives.
C'est probablement
ce qui motive la très grande prudence de M.Benbada qui a souligné que l'accession
de l'Algérie à l'OMC a besoin « d'un lobbying des grandes puissances
partenaires de l'Algérie ».
L'article 32 de
l'accord d'association Algérie - Union européenne
1. (a) L'Algérie
réserve à l'établissement de sociétés communautaires sur son territoire un
traitement non moins favorable que celui accordé aux sociétés de pays tiers.
(b) L'Algérie
réserve aux filiales et succursales de sociétés communautaires établies sur son
territoire conformément à sa législation, un traitement non moins favorable, en
ce qui concerne leur exploitation, que celui accordé à ses propres sociétés ou
succursales ou à des filiales ou succursales algériennes de sociétés de pays
tiers, si celui-ci est meilleur.
2. le traitement
visé aux paragraphes 1points (a) et (b) est accordé aux sociétés, filiales et
succursales établies en Algérie à la date d'entrée en vigueur du présent accord
ainsi qu'aux sociétés, filiales et succursales qui s'y établiront après cette
date.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 03/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Taleb
Source : www.lequotidien-oran.com