- Comment se présente la situation actuelle de l’exploitation des ressources hydriques à travers les zones sahariennes?
Le point de situation actuel fait ressortir un stress hydrique et des zones ou la cote d’alerte est dépassée car la surexploitation des ressources hydriques dans le Sahara est globale: l’agriculture, le secteur pétrolier mais aussi les ménages. Les besoins en eau des différents secteurs d’activité sont essentiellement satisfaits à partir des ressources en eau souterraines, majoritairement fossiles.
La situation actuelle est au-delà du stress hydrique, puisque les populations de la plupart des communes du bassin Sahara (252 communes), bénéficient d’une affectation en eau suffisante, dont 70% sont approvisionnés au quotidien et en H24. Les quelques communes déficitaires avec une distribution de plus d’une fois par deux jours feront l’objet de programmes d’amélioration inscrits en prévision de la saison estivale 2018.
- Pensez-vous que la situation soit irréversible?
L’utilisation incontrôlée des ressources en eau a entraîné une situation de dégradation des écosystèmes sahariens et notamment au Sahara septentrional, et ce, par l’excès d’eau et de sels dans les sols agricoles. Ajouté à cela le phénomène de pollution par les rejets ménagers non traités dans les milieux naturels de plusieurs zones du bassin Sahara.
Ces pratiques d’exploitation aggravées par des risques naturels aussi fréquents que sévères (fortes températures, évaporation, érosion éolienne, etc.…), créent des situations difficiles à maîtriser et conduisent dans certains cas à l’irréversibilité au plan de la conservation des ressources, entre autres le rabattement des niveaux piézométriques dans les zones à forte exploitation agricoles.
A titre illustratif, les quantités d’eau mobilisées pour les ménages à l’échelle du bassin (population de 4,2 millions d’habitants dans les 9 wilayas), sont évalués à environ 1.200.000 m3/j, alors que les besoins réels ne doivent pas dépasser les 550 000 m3/j, ce qui donne une dotation moyenne par habitant de 230 l/j, supérieure à la moyenne national de 170l//j/hab.
L’activité agricole utilise 2,6 milliards de m3 par an, pour une superficie d’environ 290.000 ha. Ces quantités d’eaux mobilisées dépassent les besoins réels des agriculteurs, sachant qu’une grande partie des ressources prélevées des nappes souterraines est non renouvelable, dont certaines zones connaissent une surexploitation de la ressource en eau.
Seul le secteur industriel, y compris les activités pétrolières, de services, touristiques et de conditionnement de bouteilles d’eau minérale est actuellement maîtrisé en matière de consommation d’eau, du moment que des textes réglementaires régissant la redevance des prélèvements d’eau sont appliquées avec en parallèle la généralisation du système de comptage au niveau des forages d’eau.
- Quelles solutions sont préconisées par l’ABHS?
Les solutions préconisées par l’Agence en matière de gestion intégrée des ressources en eau, en dehors du volet sensibilisation, est le lancement, en 2018, du projet de contrat de nappe au niveau des wilayas d’Adrar et de Biskra, avec le CTB (Coopération technique belge), initié dans le cadre du programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association entre le gouvernement algérien et l’Union européenne P3a – gouvernance et gestion intégrée des ressources en eau en Algérie).
La démarche d’un contrat de nappe, en cours de lancement dans les wilayas d’Adrar et de Biskra, consiste à entreprendre une démarche qui vise à établir, dans le cadre d’une gestion durable et solidaire de la ressource en eau, un dialogue multi-acteurs permettant de partager un diagnostic, les enjeux, les défis, les solutions envisageables en vue d’obtenir des engagements des partenaires pour une meilleure exploitation de cette ressource fragilisée par les modes actuels d’exploitation dans un cadre contractuel négocié.
L’objectif du contrat est de déterminer les problèmes quantitatifs et qualitatifs de la ressource en eau. Le contrat fixe des objectifs et résultats à atteindre, un programme d’actions à mettre en œuvre, des modalités de suivi-évaluation, des modalités de communication et de fonctionnement et un engagement des parties .
- Comment définissez-vous le rôle des agences de bassin et leur rôle dans la préservation de cette ressource et quel bilan faites-vous de votre activité de sensibilisation quant à la préservation des ressources en eau au Sahara à l’orée de l’année?
Le bilan d’activités de l’action sensibilisation à l’économie de l’eau destiné aux usagers domestiques, agricoles et industriels peut être considéré comme positif, compte tenu des 1.500 classes d’eau dispensées au profit des élèves scolarisés, des pancartes mobiles et fixes et l’organisation d’une trentaine de journées techniques et rencontres-débats ciblant les acteurs potentiels des secteurs de l’agriculture et de l’industrie, avec un étalement des rencontres aux associations, centres de formation et affaires religieuses.
L’action va être élargie à l’ensemble des catégories de la population en 2018 pour arriver à des résultats avec des impacts mesurables et visibles sur le terrain en capitalisant l’expertise des 5 dernières années.
La phase suivante vise l’optimisation de la communication via 2 lignes conductrices et fédératrices, à savoir l’analyse des actions réalisées et l’évaluation de leur impact et une meilleure implication des acteurs potentiels avec l’ABHS dans la réalisation des projets d’incitation à l’économie d’eau, la sensibilisation à la préservation de l’eau comme ressource naturelle.
Par ailleurs, les agences de bassin sont des institutions pérennes privilégiées en charge de la gestion intégrée des ressources en eau dans un territoire hydrographique naturel, elles ont un rôle primordial dans la préservation de la ressource par la création d’un espace de rencontres dynamiques permettant d’assurer des mécanismes de concertation en relation avec les comités de bassin et les principaux acteurs de l’eau en vue de débattre de tous les problèmes liés à l’eau dans les secteurs d’activités.
Photo: Lazhar Ben Brahim. DG de l’Agence du Bassin hydrographique du Sahara ABHS
Houria Alioua
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Posté Le : 09/02/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Houria Alioua
Source : elwatan.com du vendredi 9 février 2018