« Il n'est pas normal que les frontières entre l'Algérie et le Maroc restent fermées. Cette question m'embarrasse à chaque fois que je voyage au Maroc », a déclaré Lakhdar Brahimi, diplomate algérien et ancien envoyé spécial de l'ONU, mercredi à Alger, à l'ouverture du colloque international sur le thème "Le monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions" qui se déroule à la bibliothèque nationale d'El Hamma jusqu'au 2 octobre 2011 en marge du 16ème Salon international du livre d'Alger (SILA).
Les frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc sont fermées depuis 1994, suite à l'attentat qui a ciblé l'hôtel Atlas Assni de Marrakech. A l'époque, Rabat avait accusé Alger d'avoir organisé cet attentat. LakhdarBrahimi a estimé que le Maroc et l'Algérie sont l'ossature du Maghreb. Ils doivent régler leurs différends pour construire l'ensemble maghrébin. « Le conflit du Sahara occidental doit aussi trouver une solution. La situation ne doit pas continuer comme cela », a-t-il plaidé. Il a avoué son émerveillement pour la révolution du peuple tunisien. « La Tunisie doit continuer dans la même dynamique pour devenir un exemple à suivre pour construire l'avenir », a-t-il dit. Il a rappelé que les jeunes tunisiens, qui s'étaient soulevés contre la dictature de Zine Albidine Benali, ont laissé pour l'éternité le slogan : « Echaab yourid iskat al nidham » ( Le peuple veut la chute du régime). L'Algérie, d'après lui, aurait dû jouer les premiers rôles après le début de l'insurrection en Libye contre le régime de Mouamar El Gueddafi. Les pays du Maghreb ont, selon lui, plus de légitimité d'intervenir en Libye que l'OTAN. Le diplomate a toute estimé que la Ligue arabe avait raison de soutenir la « No fly zone » (interdiction de survol du territoire libyen) prise en mars 2011. Pour l'ancien ministre algérien des affaires étrangères, le Maroc, l'Arabie Saoudite et l'Algérie ne connaîtront pas les révoltes du même type que celles de Tunisie ou l'Egypte. Cela dit, il a critiqué « la politisation des armées » et l'inexistence d'un réel Etat de droit.
La ligue arabe n'a pas fait grand-chose
Lakhdar Brahimi a, par ailleurs, appelé au réveil de la Ligue arabe coupable de « n'avoir pas fait grand-chose » pour les pays arabes. Les révoltes arabes sont, selon lui, l'occasion pour revoir l'ensemble de l'action de la Ligue arabe. Contrairement à la diplomatie officielle algérienne, LakhdarBrahimi a ouvertement soutenu la demande introduite par le président Mahmoud Abbas pour que la Palestine devienne un Etat à part entière des Nations Unies. Il a regretté que les Etats arabes ne jouent plus les premiers rôles dans leur région laissant l'initiative à la Turquie, Israël et l'Iran. D'après lui, Tel Aviv n'a jamais considéré l'Iran comme une menace pour sa sécurité. « En privé, les officiels israéliens racontent des blagues sur cette question », a-t-il dit. Les jeunes arabes, et par solidarité avec les palestiniens, doivent, selon lui, suivre l'exemple d'un syndicat britannique qui a appelé à boycotter les produits « Made in Israel ». Il a, et à plusieurs reprises dans son intervention, appelé les arabes à soutenir la cause du peuple palestinien et de ne pas l'abandonner à son sort. A noter enfin qu'à l'ouverture du colloque, la ministre de la culture Khalida Toumi a souhaité que le printemps des peuples arabes puissent profiter réellement aux peuple « et non à des castes locales prêtes à toutes les compromissions pour enfin saisir l'opportunité de deveni calife à la place du calife ». « C'est pourquoi le maître mot de l'heure devrait être à mon sens : vigilance. Vigilance sur le front intérieur pour ne plus jamais reproduire les dévastatrices expériences que nous avons connues », a-t-elle ajouté.
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Posté Le : 28/09/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Hamzi
Source : www.maghrebemergent.info