Algérie

Algérie : la tentation risquée du gaz de schiste



Algérie : la tentation risquée du gaz de schiste
LE PLUS. Selon le gouvernement algérien, les réserves de gaz non conventionnel sont aussi importantes que celles des États-Unis. Problème, l’Algérie est confrontée au manque d’entreprises de sous-traitance pour le forage des puits et à la rareté de l’eau. L'analyse de David Desforges, avocat en droit de l’environnement au cabinet Jones Day.
Une fois atteint le mythique mais toujours approchant "pic pétrolier", les ressources pétrolières devraient décliner. Chaque producteur se garde bien d’en établir la date, à supposer d’ailleurs qu’il soit en mesure de le faire. Maîtrise des cours oblige. Les stratégies divergent. Elles vont de la reconversion anticipée, vers une économie de services par exemple - comme pour Dubaï -, à la recherche de ressources alternatives.

A ce dernier jeu, rien ne semble devoir étancher l’engouement pour les gaz de schiste. Après l’emballement français ‑ calmé par la loi du 13 juillet 2011 qui interdit la fracturation hydraulique ‑ la ruée polonaise apparemment déçue, le mirage chinois contrarié par une géologie complexe, un nouvel entrant déclare sa torchère (sa flamme en langage pétrolier !) : l’Algérie.
D'importantes ressources en gaz de schiste

Par les voix de son ministre de l’énergie et du DG de la Sonatrach, le pays dit aujourd’hui disposer d’un potentiel sept fois supérieur aux ressources gazières conventionnelles. Une ressource suffisante pour prendre le relais du gaz naturel, dont les gisements devraient commencer à décliner à partir de 2030, et du pétrole que l’Algérie pourrait être contrainte d’importer dès 2020. Les ressources en gaz du schiste du Sahara sont cependant connues depuis longtemps.

L’intérêt pour ces hydrocarbures non-conventionnels s’explique donc par la nécessité d’assurer la transition énergétique du pays, par la faisabilité technique - sur le papier - d’une telle exploitation, par des cours mondiaux élevés mais aussi par le retour de l’actuel ministre de l’énergie des États-Unis, où il était précédemment en poste ; une position qui lui a permis d’assister in situ à la ruée nord-américaine vers ces gaz tant décriés.

Plusieurs obstacles

Au vu des coûts actuels de la filière, certains experts estiment qu’un investissement algérien dans le solaire serait plus soutenable. Peut être, mais pour les gaz de schiste, des obstacles sont d’ores et déjà identifiés : manque d’entreprises de sous-traitance et besoin de l’appui des majors (des accords sont en cours). Rien d’insurmontable néanmoins.

Le manque d’eau dans un pays qui couvre à peine ses besoins en eau potable et pour une industrie qui en consomme des millions de mètres cubes sera en revanche un défi considérable. Auquel pourrait s’en ajouter un autre. La charia constitue en effet l’une des sources fondamentales de la réglementation des usages de l’eau dans le monde musulman. L’alimentation des hommes et du bétail y a priorité sur l’ensemble des autres usages.

La diversion de ce bien commun vers un usage industriel en contravention avec les textes et la coutume pourrait bien, au-delà même de la rareté de la ressource, infléchir les projets du gouvernement.


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