Algérie - Céréales

Algérie - La sécheresse fait baisser sensiblement les rendements: Temps durs pour blé tendre



Algérie - La sécheresse fait baisser sensiblement les rendements: Temps durs pour blé tendre


“Chaque année, 30 à 35% des superficies emblavées ne sont pas récoltées à cause, principalement, de la perte des cultures sous l’effet de la sécheresse”, nous explique Ali Daoudi, professeur à l’École nationale supérieure d'agronomie d'Alger (Ensa).

Les conditions climatiques peu favorables impactent lourdement la production céréalière qui demeure un élément vital pour la sécurité alimentaire du pays. La céréaliculture dépend fortement du climat au point d’engendrer des fluctuations fréquentes des rendements d’une année à une autre. Les rendements moyens varient, en fonction des niveaux des précipitations, entre 12 et 20 quintaux à l’hectare. Le rendement moyen des cinq dernières années est estimé à 17 quintaux (q) pour le blé dur et à 13 q pour le blé tendre.

“Chaque année, 30 à 35% des superficies emblavées ne sont pas récoltées à cause principalement de la perte des cultures sous l’effet de la sécheresse”, constate Ali Daoudi, professeur à l’École nationale supérieure d'agronomie d'Alger (Ensa).

La production moyenne des blés pour la même période est de 3,3 millions de tonnes, soit 40% des besoins du pays, relève-t-il encore, le reste étant importé.

Le climat semi-aride à aride de l’Algérie fait baisser sensiblement la production des différentes filières. Le déficit de la production agricole nationale ne concerne pas seulement les céréales alimentaires, la production de céréales fourragères reste aussi insuffisante par rapport aux besoins importants des élevages bovin, ovin et avicole.

“Le climat n’explique pas toutes ces contre-performances car des problèmes structurels et des dysfonctionnements que vit la filière céréalière y contribuent aussi sérieusement”, avoue le Pr Daoudi.

Il évoque des problèmes internes liés aux exploitations agricoles céréalières, tels que la faible taille des exploitations, l’indisponibilité des équipements agricoles appropriés, le faible niveau de maîtrise technique…

À cela, il y a lieu d’ajouter les dysfonctionnements des marchés ayant trait au crédit, à l’assurance aux intrants, au conseil technique, ainsi que les insuffisances des mesures publiques d’appui et d’encadrement.

Face à ce constat peu reluisant, la filière, suggère cet expert, nécessite une réforme profonde. Sur le moyen terme, il est urgent, propose-t-il, de stabiliser la production de céréales par l’augmentation de la superficie irriguée et l’amélioration de la productivité globale, notamment celles des terres irriguées.

“Avec 500.000 hectares irrigués parfaitement encadrés, l’Algérie peut sécuriser 3 millions de tonnes chaque année. Pour le reste des superficies céréalières en zones pluviales, l’objectif sera d’améliorer la productivité moyenne durant les années de bonnes et moyennes précipitations”, indique-t-il.

Un effort soutenu doit, toutefois, être consenti à travers un soutien de diverses natures aux producteurs, notamment sur les plans technique, financier, garantie contre la sécheresse… L’objectif recherché est de les inciter à améliorer et à adapter leurs pratiques techniques.

Pour le long terme, l’universitaire met l’accent sur la nécessité de préparer, dès à présent, les conditions pour une mutation structurelle et technologique de la filière “céréales”. Deux axes de réformes structurelles sont, selon lui, prioritaires. Il s’agit d’abord de la “réforme des structures des exploitations agricoles pour favoriser l’émergence d’exploitations céréalières de taille moyenne en mesure de faire les investissements en équipements et en savoir-faire nécessaires, afin de gagner durablement le pari de la productivité”.

Le principal instrument de cette réforme est une “politique foncière favorisant la circulation de la terre, le remembrement, la lutte contre le morcellement et la gestion efficace de l’indivision”, souligne le Pr Daoudi.

Sur un autre volet, le directeur-adjoint chargé de la formation doctorale et de la recherche scientifique à l’Ensa juge indispensable la mise en place d’un programme de recherche ambitieux dédié à la céréaliculture et s’inscrivant dans le long terme. Un programme avec, comme principales orientations, la maîtrise des biotechnologies au service d’une céréaliculture durable, la maîtrise de l’irrigation et l’actualisation des itinéraires techniques par terroirs céréaliers pour une meilleure valorisation des ressources du milieu.

. Repères

- En Algérie, 6 millions d’hectares sur les 8,5 millions d’hectares de terres arables que compte le pays sont réservés à la céréaliculture.

- Chaque année, la moitié de cette superficie est cultivée et l’autre moitié laissée en jachère (au repos).

- Les terres au repos sont souvent utilisées comme pâturage naturel pour l’élevage.

- Les 3 millions d’hectares emblavés chaque année sont répartis entre blé dur (1,45 million d’ha), blé tendre (500 000 ha), orge (1 million d’ha), et l’avoine et autres céréales fourragères (quelques dizaines de milliers d’hectares).

- Deux tiers des superficies emblavées chaque année sont réservés aux céréales alimentaires et le reste aux céréales fourragères.

- Selon les statistiques officielles, près de 250.000 ha de céréales seulement sont irrigués, le reste de la superficie (2,75 millions d’ha) est conduit en régime pluvial, majoritairement dans les régions semi-arides où les niveaux des précipitations moyens varient entre 300 et 400 mm/an.

- À la faiblesse des précipitations dans ces régions s’ajoutent leur forte variabilité interannuelle et aussi la variabilité de leur distribution sur les mois de la saison des pluies.


Photo: Le rendement moyen des cinq dernières années est estimé à 17 q à l’hectare pour le blé dur et 13 q pour le blé tendre. © D.R

Badreddine Khris


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