Algérie

Algérie : la relance de la pétrochimie met la pression sur les réserves gazières



Estimé à 28 milliards de dollars, le programme de la pétrochimie algérienne paraissait voué au gel après le départ de son promoteur Chakib Khelil.

Il n'y aurait plus assez de gaz à exporter s'il était mis en Å“uvre. Mais dans le giron de Sonatrach, il se dit que la seconde phase du programme sera bien lancée en 2012. Mauvaise nouvelle pour les réserves gazières en crise de renouvellement depuis cinq ans. D'autant que la nouvelle politique énergétique suggérée par Youcef Yousfi se voulait prudente tant que

de nouvelles découvertes importantes n'arrivaient pas.

Les réserves de gaz algérien déjà essoufflées par une politique d'intensification de l'extraction des ressources menée par l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil depuis 2000 pourraient être sous pression au cours des cinq à dix ans à venir. Conséquence, entre autres causes, de la relance qui se profile du programme pétrochimique. «Nous sommes toujours au stade des études concernant le lancement de la second phase du programme. Le programme pétrochimique sera relancé en 2012« a, en effet confié à Maghreb Emergent un responsable de Sonatrach proche du dossier.

Tout se serait joué dès l'été dernier. Lors de l'audition du ministre de l'Energie le 11 août 2010, le Président Bouteflika a instruit le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, de relancer le programme pétrochimique en vue de réaliser une plus grande intégration de l'industrie nationale.

Le problème est que ces projets sont trop gourmands en gaz alors que le rythme élevé de la croissance des besoins domestiques ajoute aux contraintes. Le ministre de l'Energie Youcef Yousfi a d'ailleurs reconnu cette pression. «Nous allons vers une ré-industrialisation du pays. La croissance économique sera élevée au cours de la décennie à venir», avait soutenu le premier responsable du secteur, laissant entendre que la filière de la pétrochimie portera sa part dans cet effort.

Les «fuites» sur la relance imminente du programme de la pétrochimie, fortement critiqué par les opposants à la politique de Chakib Khelil tombent à un moment ou l'intensification de l'exploration, condition impérieuse pour maintenir un excédent commercial à l'exportation au-delà de 2020, est en panne. Les économies d'énergies ne permettent pas encore de récupérer des volumes conséquents de gaz naturel en l'absence d'un modèle de consommation énergétique rationnel.

Ali Hached favorable à des arbitrages après découvertes

L'annonce au niveau de Sonatrach d'une relance prévue du programme de la pétrochimie, tranche avec le point de vue d'Ali Hached, ancien vice-président de Sonatrach et conseiller principal du ministre. «Découvrons d'abord de nouvelles ressources en gaz. En fonction de ces nouvelles réserves, faisons l'arbitrage en tenant compte de la couverture des besoins nationaux à long terme et d'un niveau d'exportation à tempérer, en rapport avec les besoins financiers de l'économie algérienne.»

Une optique en somme de préservation des ressources au profit des générations futures. La nouvelle feuille de route qui se dessine pour l'utilisation du gaz naturel semble ne pas tenir compte de cet arbitrage. Le programme de la pétrochimie se décline en deux phases. Pour la seconde , il s'agit, suivant la feuille de route initiale, de réaliser principalement cinq grands projets : un complexe intégré de production d'oléfines à Skikda, un complexe intégré de production de Linear Alkyl Benzène d'une capacité de 75.000 tonnes/an pour les besoins de l'industrie des détergents , des installations intégrées de déshydrogénation de propane à Arzew pour la production de polypropylène ( notamment pour l'industrie de l'emballage, la construction automobile), un complexe catalytique de fuel-oil à Skikda de 4 millions de tonnes/an destiné à valoriser les quantités de fuel-oil produites dans la raffinerie de Skikda et un complexe intégré de production d'acide téréphtalique et de polyéthylène.

L''objectif de ce plan est d'obtenir des produits de plus haute valeur ajoutée, destinés à l'exportation. Mais également à contribuer à une meilleure couverture des besoins de l'industrie nationale en matières premières. Les études de faisabilité économique de ces projets confiées au consultant Mac Kinsey devaient être bouclées fin 2009.

Retour au programme initial

Le programme pétrochimie, lancé en 2005 sur les traces du plan Valhyd élaboré vers la fin des années 70 et abandonné début 80 par le Président Chadli Bendjedid, connaît un très grand retard. Sur les cinq grands projets de la première phase, seuls deux chantiers ont été lancés : les deux complexes d'urée et d'ammoniac d'Arzew, en partenariat respectivement avec Orascom et l'Omanaise Suhail Bahwan. Ces deux installations dont les travaux sont en voie d'achèvement doivent être réceptionnées en principe en 2012.

Les complexes de vapocraquage d'éthane d'un coût de 6 milliards de dollars avec Total et de Méthanol d'environ 3 milliards de dollars situés à Arzew, eux sont toujours en examen au niveau du Conseil des participations de l'Etat. Quant à la raffinerie de Tiaret d'une capacité de 15 millions de tonnes/an, «elle est au stade des études», a indiqué récemment M.Nordine Cherouati le PDG de Sonatrach . Le contrat devait être attribué en 2010 suivant les prévisions initiales.

Les retards sont imputés, principalement aux glissements dans les délais aux changements dans le cadre réglementaire régissant l'investissement. De 51% du capital pour la partie étrangère, on était passé à 35%, puis à 49%. La remise en cause du programme en raison des effets de la crise financière internationale et les conséquences du scandale Sonatrach sont les autres raisons invoquées.

Les pouvoirs publics, sous l'impulsion du président Abdelaziz Bouteflika, semblent vouloir retenir le même programme initial. Un véritable jeu de hasard en l'absence d'une politique d'affectation rationnelle des réserves de gaz naturel.




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