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Algérie - La processionnaire du pin, insecte modèle à l’étude du changement climatique



Algérie - La processionnaire du pin, insecte modèle à l’étude du changement climatique


Actuellement, les forêts de pin et de cèdre sont sujettes à des attaques périodiques de la processionnaire d’hiver, lui causant des pertes considérables», affirme le professeur Gahdab Chakali, du département de zoologie agricole et forestière à l’Ecole nationale supérieure agronomique d’Alger.

Selon lui, avec les changements climatiques, les infestations de la chenille processionnaire ou Thaumetopoea pityocampa prennent une plus large dimension enregistrée dans son aire de répartition, où le ravageur occasionne des dommages plus conséquents. En effet, la région méditerranéenne est connue comme étant l’un des points critiques du changement climatique dans son contexte général. Les prévisions des scénarios possibles indiquent, selon M. Chakali, que la sécheresse et les vagues de chaleur vont s’accentuer au cours des prochaines décennies.

Les premiers signes de ce changement sont donc déjà ressentis au niveau des fonctions des écosystèmes des forêts méditerranéennes. Les données et les observations récentes témoignent, selon le chercheur, que les populations d’insectes forestiers méditerranéens commencent déjà à répondre par des extensions et des expansions aux changements climatiques, cas de la processionnaire du pin.

«Son extension a été conditionnée par les projets de plantations de pin d’Alep, particulièrement le long de l’Atlas Saharien», précise le chercheur.

Ajoutant que ces dernières années, les populations de cet insecte sont en croissance continuelle et leur impact de défoliation est devenu inquiétant même à travers les cédraies, cas de la réserve de biosphère de Chréa, où les infestations ont atteint un niveau élevé ces dernières années. Considérées comme de véritables ravageurs de forêts de pins et de cèdres, les processionnaires sont donc loin d’être tendres.

«Un arbre fréquenté par des chenilles processionnaires peut, en effet, subir, sur plusieurs saisons de graves défoliations et finir par dépérir», assure M. Chakali.

- Carbone

Le spécialiste assure par ailleurs que l’Algérie en compte deux espèces. La processionnaire d’été spécifique au cèdre et la processionnaire d’hiver qui s’attaque aux pins et aux cèdres. Si la première est peu abondante et spécifique, la seconde est, selon M. Chakali, très cosmopolite et entraîne des dégâts conséquents et spectaculaires aux pins et aux cèdres dans toute la région méditerranéenne.

«La processionnaire, dite du pin, présente des phases de culmination périodiques dans les peuplements de pin et de cèdre, ce qui fragilise l’écosystème forestier davantage et facilite l’installation des autres ravageurs secondaires, responsables en partie des dépérissements enregistrés», ajoute M. Chakali.

Par ailleurs, le chercheur explique qu’à certains stades, ces chenilles sont dotées de poils urticants, de taille minuscule, qu’elles peuvent provoquer des réactions allergiques très graves chez les personnes sensibles. En effet la processionnaire existe depuis longtemps sur le cèdre. La cartographie géographique des aires potentielles de la processionnaire reste un outil fondamental dans le contrôle des infestations.

Elle permet, selon M. Chakali, de situer les recherches et les interventions en relation avec toutes les composantes environnementales. D’ailleurs, de nombreux auteurs ont souligné que le cèdre de l’Atlas n’est qu’un hôte secondaire en présence des espèces préférentielles de genre Pinus. Toutefois, dans le parc national de Chréa, la présence du pin d’Alep n’a pas épargné le cèdre des attaques de la processionnaire.Ces attaques ont pris, selon M. Chakali, de l’ampleur ces dernières années, et confirment une nouvelle gradation significative dans son aire de répartition.

A noter que toutes les écophases (pontes, chenilles, adultes) sont caractérisées par un nombre élevé de présence.

«Pendant les dernières décennies, son aire géographique s’est étendue en latitude et altitude probablement en réponse à l’augmentation des températures hivernales», explique le chercheur.

Assurant que les niveaux d’infestation de la processionnaire connaissent des phases de pullulation cycliques de l’ordre de 6 années. Malheureusement, les dommages des processionnaires devraient augmenter en raison notamment de l’élévation des températures.

«En réalité les dégâts devraient réduire la capacité des forêts à stocker du carbone, et donc à atténuer les causes du changement climatique. D’ailleurs, il est prédit que l’accroissement des pullulations d’insectes défoliateurs conduise à une diminution importante de la productivité des forêts», conclut M. Chakali.



Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration: La chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa)

Sofia Ouahib


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