Algérie - LA MOUDJAHIDA ANNIE STEINER : «Nous avons rêvé mieux pour vous»

Des moudjahidine expriment leur dépit quant à la situation actuelle du pays. Eux qui affirment mieux rêver pour les générations post-indépendance.

Rym Nasri - Alger (Le Soir)

Pour la moudjahida Annie Steiner (photo), sa génération rêvait d’un avenir meilleur pour les Algériens.

«Nous avons rêvé autre chose pour vous, nous avons rêvé quelque chose de beaucoup plus solide», a-t-elle affirmé en marge d’un hommage qui lui a été rendu hier, au forum d’El Moudjahid à Alger.

Fière de l’instruction acquise par les Algériens, Annie Steiner estime cependant que les études ne suffisent pas, car «nous avons rêvé très haut et très grand pour vous», rétorque-t-elle.

La situation que vit l’Algérie ces derniers jours, préoccupe plus d’un.

C’est le constat que partage la moudjahida Malika Mefti, épouse Khène.

«Nous suivons la situation avec beaucoup d’inquiétudes», dit-elle.

Rappelant le combat mené par les moudjahidine, elle ajoute: «Notre génération a fait ce qu’elle pouvait pour une indépendance chèrement acquise. Aujourd’hui, l’Algérie se relèvera grâce à la jeunesse.»

Une inquiétude que le moudjahid de la Wilaya IV, Taher El-Hocine, ressent également estimant que la situation est «incertaine».

«Nous sommes sur une poudrière», dira-t-il.

Il regrette amèrement ce qui se passe actuellement en Algérie.

«J’ai l’impression que nous allons revivre les mêmes moments que ceux qui ont suivi l’indépendance où des Algériens se sont battus entre eux ; un affrontement frères contre frères», déplore-t-il.

Au cours de cette cérémonie, l’ancien membre des 22, Mohamed Mechati, souligne que la militante de la cause algérienne, Annie Steiner, s’est distinguée par la force de son idéal.

«Elle a choisi la justice au détriment de sa famille», a-t-il précisé.

De son côté, Lamine Khène, secrétaire d'Etat dans le Gpra (Gouvernement provisoire de la république algérienne), affirme que le mérite des Français et Françaises qui ont adhéré à la cause algérienne est «très grand».

«Durant la Révolution, les Algériens ne faisaient que leur devoir mais pour les Français et Françaises qui ont adhéré à notre cause, c’était extraordinaire. Leur mérite était beaucoup plus grand que le nôtre, d’autant que leur communauté les considérait comme des traîtres».

Pour lui, en luttant pour la justice, «ces Français et Françaises ont mérité d’occuper la classe des justes».

R. N.