Algérie

Algérie - L’OAS de mars à juillet 1962: Terrorisme et terre brûlée, le dernier recours des mauvais perdants



Algérie - L’OAS de mars à juillet 1962: Terrorisme et terre brûlée, le dernier recours des mauvais perdants


En plus des milliers de morts et de blessés, l’Organisation secrète a juré de faire de l’Algérie une terre brûlée. C’était la logique aveugle de ceux qui ne voulaient pas se rendre à l’évidence que la colonisation se conjuguait désormais au passé. Mais avant de quitter le pays, la queue entre les jambes, tels des coyotes frustrés, la horde sauvage a frappé cruellement. Sans cœur et sans raison.

Du cessez-le-feu (18 mars) aux derniers jours ayant précédé l’annonce de l’Indépendance, l’ennemi non identifié a commis des centaines d’attentats, à l’instar de celui du port d’Alger qui a fait quelque 200 victimes parmi les dockers le 2 mai 1962 et dont le 51e anniversaire a été célébré jeudi par l’association Machaâl Echahid en organisant une rencontre au forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid animée par Me Fatma-Zohra Benbraham.

Avant elle, notre confrère et chercheur en histoire, Mohamed Rebbah, a présenté cinq dates qui expliquent les raisons qui ont motivé l’OAS à s’attaquer à cette frange des travailleurs.

D’abord en 1946, alors que l’Indochine, le Vietnam, menait la guerre contre le colonialisme français, les dockers algériens ont, en signe de protestation et de solidarité avec le peuple indochinois, observé une grève traduite par le refus de charger les bateaux à destination de ce pays.

En 1951, les dockers, en signe de soutien au peuple égyptien confronté à l’occupant anglais, refusent de charger les bateaux en partance vers l’Angleterre.

En 1952, une protestation contre la mort de deux jeunes assassinés lors du passage de Messali Hadj.

En 1953, un mouvement de grève est déclenché par ce corps pour protester contre l’assassinat de militants du MTLD, fusillés pour avoir défilé le 14 juillet à Paris.

En 1956 enfin, le même mouvement de grève est observé en signe de protestation contre la fameuse bombe de la rue de Thèbes à La Casbah qui a fait des dizaines de victimes.

De son côté, l’avocate connue pour son engagement et son militantisme pour les droits de l’Homme, mais aussi pour avoir toujours plaidé pour la criminalisation des actes commis au nom de l’administration coloniale française, est revenue sur cette période transitionnelle où l’OAS s’était rendue coupable de massacres perpétrés alors que le gouvernement français venait de signer avec le FLN l’accord du cessez-le-feu.

Elle déplore, tout d’abord, l’absence d’archives sur une période marquée pourtant par un grand nombre de procès.

“51 ans après, c’est toujours le silence sur l’OAS”, s’écrie-t-elle avant de rappeler à l’assistance les circonstances qui ont vu naître cette organisation.

Tout le monde sait aujourd’hui que la création de cette dernière est une réponse des partisans de l’Algérie française aux négociations secrètes entre le gouvernement français et le FLN qui ont abouti aux accords dits d’Évian. Mais peu savent que “génétiquement”, l’OAS prend ses racines avec l’Organisation de la résistance de l’Algérie française (Oraf) née en 1956 et dont la bombe de la rue de Thèbes est à inscrire à son actif, le Front national français (FNF), créé en 1958 par un garagiste de Bab El-Oued.

Ces organisations se sont farouchement opposées au discours du général de Gaulle sur le référendum à l’autodétermination.

Viendra par la suite le Rassemblement pour l’Algérie française (RAF) en 1960 dans lequel est engagé le traître Bachagha Boualem.

Ce n’est qu’au mois de mars 1961 que l’OAS sera créée sous la houlette des quatre généraux putschistes (Salan, Jouhaud, Challe et Zeller) que de Gaulle traitera de bande de rebelles.

Raoul Salan avouera par la suite que l’organisation criminelle, dont il était à la tête, a commis plus de 1.200 attentats ayant fait 2.700 victimes entre morts et blessés.

L’OAS voulait surtout faire rallier la population civile européenne en appelant au maintien de l’âge d’or en Algérie. Il fallait donc frapper fort. Mais la fameuse phrase de de Gaulle “je vous ai compris” a semé le doute, autant au sein des Français d’Algérie que celui du FLN. Une ambiguïté qui, selon Me Benbraham, se voulait plutôt un avertissement pour protéger les Français et non les Algériens.

Les grandes villes et tout particulièrement Alger et Oran connaîtront des massacres quotidiens. Écoles, hôpitaux, bibliothèques, caisses de Sécurité sociale, banques sont ciblés. Les dégâts sont importants.

Devant la recrudescence des attentats terroristes de l’OAS, le gouvernement français décide de mener un certain nombre d’actions visant à maîtriser la situation, mais il n’y parviendra jamais. Car l’OAS, qui ne comptait pourtant que quelque 1.500 activistes, était par le fait de la clandestinité très difficile à cerner. Il aura fallu pour cela la participation des anciens détenus algériens à des actions de contre-terrorisme. Ces dernières s’avéreront fructueuses et amèneront des négociations secrètes avec le FLN pour cesser le feu et permettre peu de temps après le départ massif des pieds-noirs vers la métropole.

Ali Farès


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