Algérie

Algérie - L’aulnaie, tout un royaume à sauver



Algérie - L’aulnaie, tout un royaume à sauver




D’une luxuriante végétation, les aulnaies sont de merveilleuses forêts. Aujourd’hui, elles sont menacées par les coupes illicites, la pollution et l’extension des terres agricoles.

El Watan Week-end revient sur le cycle de la destruction de ce miracle de la nature.

Ceux qui ont eu l’insigne privilège d’y pénétrer garderont à tout jamais cette agréable sensation de fraîcheur que l’on y trouve même aux plus fortes chaleurs de l’été.

Et ceux qui ont pris le risque, car on peut y perdre la vie en s’enlisant, d’accéder au cœur de ces forêts -si on peut encore appeler ainsi ce qu’il en reste-, seront émerveillés par la luxuriance de la végétation et le bruissement des rus qui le traversent.

L’aulnaie, la forêt de l’aulne, Alnus glutinosa pour les scientifiques, oud lahmer ou el hamraï en arabe algérien à cause de la couleur rosâtre de son bois, est un peu l’équivalent de notre forêt tropicale, si on tient compte de la richesse spécifique des espèces végétales de ce qui constitue ce qui est appelé le cortège floristique. On en a dénombré près de 400, dont une centaine classée comme rare ou endémique.

Lorsque le nord de l’Afrique était plus humide, il y a de cela plus de 10.000 ans, l’aulnaie prenait le relais de la subéraie, la forêt de chêne, dans les dépressions et les vallées partout où il y avait de l’eau en permanence.

Aujourd’hui, on en trouve encore dans le nord du Maroc (région du Rif), le nord-est de l’Algérie et dans l’ouest de la Tunisie, mais nulle part elles ne sont aussi étendues dans les complexes de zones humides de Annaba-El Kala et de Guerbès-Senhadja.

Elles sont signalées aussi dans la région de Beni Bélaïd, à Jijel et sur les bords de Oued Zhor, à Collo.

On les trouve également le long des berges des cours d’eau en Kabylie, à Seraïdi (Annaba), à Souk Ahras et le long des cours dans toutes les régions d’El Tarf.

Ces vestiges de la forêt humide nord -africaine ne sont plus que des lambeaux de ce qu’ils ont été autrefois.

Et depuis vingt ans, ils ont drastiquement reculé et par endroits complètement disparu, essentiellement sous l’effet des coupes illicites et le défrichement pour le bois de construction, l’alimentation du bétail ou l’extension de parcelles agricoles.

Destruction

Les plus précieux bijoux de ce trésor de notre patrimoine naturel, les aulnaies de Om Lagareb, de Righia et de Aïn Khiar dans la wilaya d’El Tarf, les plus étendues par leurs superficies -toutes les trois classées site Ramsar- tentent de résister à la furie des activités humaines en pleine expansion.

Il y a trente ans, celles d’Om Lagareb et de Righia totalisaient plus de 1.600 ha, il n’en reste plus que 600. Elles ont été progressivement grignotées par l’agriculture au profit de cultures spéculatives, comme les arachides ou les cucurbitacées (pastèque et melon).

Les aulnaies ont été protégées naturellement tant qu’elles étaient inaccessibles aussi bien à l’homme qu’à son bétail. L’eau présente en permanence empêchait toute activité.

La sécheresse des années 1970-80, la mécanisation mais surtout l’accaparement des terres et l’exploitation anarchique des ressources hydriques ont enclenché un cycle de destruction toujours à l’œuvre.

S’ils dénoncent une dégradation et à terme une perte irrémédiable de ces milieux élevés aujourd’hui au rang de réservoir et de centres de la biodiversité méditerranéenne, les scientifiques sont cependant affirmatifs sur les grandes chances d’une régénération rapide si des mesures sérieuses et durables sont prises.

En effet, l’aulne, el hamraï, a tendance à reprendre rapidement du terrain si un minimum de ses besoins en eau est assuré.

Slim Sadki



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