Algérie

Algérie - Karim Rahal. Président de l’association Torba: Nous avons besoin d’imaginer une nouvelle agriculture



Algérie - Karim Rahal. Président de l’association Torba: Nous avons besoin d’imaginer une nouvelle agriculture


- Qu’est-ce que le collectif Torba et comment cette initiative a-t-elle pris naissance?

Le collectif Torba a pris naissance en milieu urbain, dans une cité à Ouled Fayet où un membre fondateur a commencé à recycler les déchets ménagers pour les transformer en compost. Cette expérience a attiré beaucoup de monde via les réseaux sociaux. Depuis, l’association Torba est née et s’est étendue à d’autres localités, à travers le concept des jardins partagés, qui permettent aux familles de cultiver leur santé à Bouchaoui, Zeralda, Douaouda et aujourd’hui à Douéra.

Les objectifs de l’association sont de sensibiliser le consommateur algérien à revenir au respect de la terre vivante et de la biodiversité. L’association encourage toute initiative à cultiver sa santé par la pratique de la permaculture et par la consommation responsable de produits sains. En six ans d’existence, l’association qui permet à une centaine de familles de bénéficier d’une parcelle de jardins partagés, a sensibilisé et formé plus de 600 personnes au jardinage urbain et créée deux lieux de distribution avec ses partenaires du Fayet Club (Filaha innove) et la Ferme pédagogique de Zéralda, permettant à plus d’une centaine d’adhérents de bénéficier d’un couffin hebdomadaire de produits agroécologiques.

- Pourquoi cet intérêt pour l’agroécologie spécialement aurait-elle un avenir dans notre pays?

L’agroécologie est obligatoirement l’avenir de l’agriculture dans notre pays et dans le monde. Ce n’est même plus un choix, c’est une nécessité d’aller vers une agriculture écologique et durable, pour nous et pour la génération qui vient. Je ne parle même pas des générations qui suivront après, où on ne sait pas comment les choses vont évoluer tellement la nature est dégradée, de façon insidieuse. L’approche agroécologique est une alternative à l’agriculture actuelle. Cette dernière permet de produire en quantité mais, on le sait, elle détruit l’environnement: chute de la matière organique des sols, érosion massive, perte de la biodiversité, surexploitation des ressources hydriques, etc.

Nous avons besoin d’imaginer une nouvelle agriculture plus adaptée à notre contexte pédoclimatique, en revenant vers les produits de terroir qui nourrissaient nos ancêtres. L’agroécologie, en tant que discipline agronomique, met l’arbre au centre de l’agriculture, au milieu des céréales, du maraîchage et de l’élevage. Dans le Sud algérien, on a les oasis qui fonctionnent sur ce modèle depuis des siècles, reste à imaginer des modèles adaptés dans les autres régions (Hauts-Plateaux, régions montagneuses, plaines fertiles…). L’opportunité du barrage de Douéra est d’expérimenter cette agroforesterie, à partir de projets à taille humaine (moins d’un hectare), qui puissent faire vivre des jeunes qui veulent s’installer en agroécologie.

- En quoi consiste ce projet de ferme agroécologique au barrage de Douéra?

C’est tout simplement un éco-lieu qui va regrouper toutes les activités de l’association Torba. Il y aura tout d’abord des jardins partagés en petites surfaces (35 m²) qui seront attribués aux adhérents de l’association, après avoir suivi une formation adaptée à ce type d’agriculture urbaine. D’autres formations pratico-pratiques concerneront de nouvelles approches de l’agriculture, comme la permaculture, l’élevage fermier, l’agroforesterie, l’aquaponie, la commercialisation en circuit-court, l’agro-écotourisme.

Ce sont des champs des possibles pour que les nouvelles générations prennent leurs destinées en main et se projettent dans un avenir plus en adéquation avec la nature et l’environnement. L’année prochaine, lors d’une journée portes ouvertes, pour sensibiliser le grand public, nous ferons goûter les produits agroécologiques issus de la ferme (fruits et légumes, produits de la ruche, céréales) ou transformés (fromages, huiles d’olive, conserves tradition, confitures, fruits séchés).



Photo: Karim Rahal. Président de l’association Torba

Entretien par Slim Sadki


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