- Les chercheurs du CNRS qui étaient chargés d’une partie du programme de l’étude d’évaluation des ressources en corail rouge algériennes auraient-ils émis des réserves concernant la reprise de sa pêche, suspendue depuis 2001?
Je ne peux pas vous répondre, car je ne faisais pas partie de ce programme d’évaluation. Je n’ai vu aucun rapport le concernant et on ne m’a pas tenu au courant. Le partenaire principal était Creocean. Concernant le maintien de l’interdiction ou la reprise de la pêche du corail, les autorités algériennes sont souveraines pour prendre ce type de décision. De toute façon et dans tous les cas, les avis de scientifiques ne sont qu’un élément dans la prise de décision.
- La surexploitation et la violence qui découle des activités illégales de braconnage peuvent-elles occasionner l’épuisement des ressources, à la menace d’extinction de récifs coralliens?
D’abord, une petite rectification concernant le terme «récif corallien»: il s’agit de corail rouge (Corallium rubrum), un Octocoralliaire formant des petits arbres dressés grâce à son squelette calcifié. Toutefois, il ne construit pas de récifs coralliens, ce qui est l’apanage des coraux tropicaux, des Hexacoralliaires dont la croissance est beaucoup plus rapide (en particulier grâce à l’association avec des micro-organismes zooxanthelles dans leurs tissus), mais dont le squelette très poreux n’a rien de précieux. Pour le corail rouge, on peut parler de sites corallifères.
L’exploitation du corail rouge a été définie comme très proche d’une exploitation minière, ceci en raison de la croissance extrêmement lente de cet animal. Il faut donc un temps très long pour fabriquer un squelette épais, pouvant justifier une exploitation commerciale. Ce qui sauve le corail rouge de sa disparition totale d’un site à cause de l’exploitation exagérée c’est, d’une part, le maintien de «branches» ayant échappé à la prédation humaine et, d’autre part, le fait qu’il est fertile à une très petite taille, très en dessous de la taille à partir de laquelle il peut intéresser un exploitant.
- Avec ses grandes réserves, le commerce légal à l’export du corail n’est-il pas susceptible d’ouvrir la voie à de nouvelles rentrées de devises?
Une rentrée de devises? Pourquoi pas? Tout dépend comment ce commerce est organisé et qui vend le produit brut de la pêche (les acheteurs sont italiens ou asiatiques) ou le produit transformé (bijoux, mais cette industrie est essentiellement concentrée à Torre Del Greco, Naples). Pour ce qui est des réserves, l’Algérie détient certainement encore de grands gisements en corail rouge, et elle en a toujours eu la réputation depuis des siècles. Toutefois, même si on peut supposer qu’elle a encore le premier rang pour la taille de la ressource encore disponible, il ne faut pas oublier que les moyens actuels d’exploitation peuvent réduire rapidement cette ressource au niveau des autres régions exploitées en Méditerranée.
- La criminalité environnementale, notamment le trafic de corail rouge, ne cesse de prendre de l’ampleur. Comment y remédier?
C’est en effet un risque. L’or rouge peut déchaîner de grandes passions et aussi de grands appétits. Et les coffres-forts marins ne sont jamais bien fermés, surtout pour les poulpes aux grands tentacules, qui sont des animaux très malins.
- Outre la médecine, de par ses vertus thérapeutiques, dans quel domaine peut-il être utilisé?
Ses vertus thérapeutiques? C’est un mythe. C’est aussi un talisman pour ceux qui y croient. En Inde, c’est une «pierre» sacrée. Il est beau en bijou et aussi quand il est vivant, en place dans son habitat ; et là, il peut rapporter gros grâce à l’industrie de la plongée touristique.
Naima Benouaret
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Posté Le : 28/01/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: doris.ffessm.fr ; texte: Naima Benouaret
Source : El Watan.com du lundi 28 janvier 2013