En attendant la visite à Alger de Romano Prodi prévue pour les 14 et 15 novembre prochains, l’Italie a convenu avec l’Algérie de signer un mémorandum d’entente qui permettra à deux de leurs organismes financiers de développer la PME algérienne en cofinançant des joint-ventures et en lui déterminant des instruments spécifiques pour son développement. L’annonce a été faite hier par le secrétaire d’Etat italien au Commerce extérieur, Mauro Agostini, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à l’ambassade d’Italie à Alger. L’attention que veulent accorder les Italiens à la PME algérienne vient du fait que c’est le chef du gouvernement algérien qui leur a demandé de le faire. «Lors de sa visite à Alger il y a une vingtaine de jours, le ministre italien de l’Economie s’est occupé surtout du gaz et de l’énergie, qui sont certainement un point fondamental dans nos relations. Mais à l’occasion de cette visite, le chef du gouvernement algérien a demandé au ministre d’accorder à la PME une attention particulière», a déclaré Agostini.
Le ministre de la PME, Mustapha Benbada, a continué à en parler hier lors des entretiens qu’il a eus avec le secrétaire d’Etat italien au Commerce extérieur. Ce dernier affirme en outre qu’il a eu aussi à aborder le sujet avec le ministre des Finances. «Lors de ces rencontres, nous avons parlé d’une série de dossiers parmi lesquels figurait la PME, l’expérience italienne en la matière est très importante». C’est ce qui a encouragé l’Algérie à vouloir signer un mémorandum d’entente pour la mise en oeuvre duquel un groupe de travail mixte planchera sur l’état de la PME privée ainsi que sur le développement du marché algérien.
Agostini a indiqué, hier, que le gouvernement Prodi a désigné la Simest, comme partenaire des Algériens dans le programme que consacre ce mémorandum dont «la signature sera très rapide dans le temps». Simest est un organisme financier de statut public que «le gouvernement italien contrôle mais dont l’actionnaire le plus important est une grande banque italienne privée», dit le secrétaire d’Etat italien. Du côté algérien, il est attendu du ministre des Finances qu’il en désigne un. Les deux établissements se chargeront à identifier en commun ce que le secrétaire d’Etat italien appelle «les instruments techniques d’intervention dans le domaine de la PME». La première réunion technique à cet effet, s’est tenue hier après-midi entre les deux délégations. «A travers l’exécution du contenu du mémorandum, les deux pays se sont fixé 7 objectifs à atteindre», a dit Agostini.
Le mémorandum d’entente codifiera, entre autres, comme il le souligne, «le cofinancement d’un tissu de PME, la création de joint-ventures et identifiera les instruments de réalisation selon les exigences du marché algérien». L’Italie se targue par la voix de son secrétaire d’Etat, de posséder des entreprises «de haut niveau et de grande qualité qui peuvent construire dans le domaine gazier et autres infrastructures que l’Algérie a projeté de réaliser». Tout en notant que sa première visite en Algérie a été en juin dernier lors de la tenue de la foire internationale d’Alger, Mauro Agostini a indiqué que pour la foire de 2007, l’Algérie a demandé à l’Italie d’être son hôte d’honneur. «Nous nous préparons à cet événement pour renforcer nos relations dont le caractère est stratégique», a-t-il affirmé. «Ma visite à Alger est d’autant plus importante qu’elle a lieu la veille de celle du président du Conseil italien, Romano Prodi», a déclaré Agostini. Il estime que la visite du président du Conseil italien à Alger «est la démonstration la plus évidente d’une affirmation du gouvernement italien du caractère stratégique de la relation qui le lie à l’Algérie». Il est vrai, dit-il, que «nos relations sont très développées et sont traditionnelles mais il faut les développer et les consolider». L’Italie accorde à la Méditerranée «un rôle stratégique» et justement, ajoute Agostini, «notre gouvernement accorde toute l’importance à l’Algérie pour que nos pays constituent tous les deux un pont entre l’Europe et l’Afrique». Contrairement au gouvernement précédent qui n’a pas, selon lui, «accordé d’importance ni à l’Algérie ni à la Méditerranée, celui de Prodi y accorde une grande attention». Pour Agostini, »la visite de Prodi à Alger représente le moment le plus fort de cet important échange économique et politique entre nos deux pays». Il estime que la présence des entreprises italiennes dans les années 90 «est un signe de confiance en votre économie». Pourquoi l’Italie n’a-t-elle jamais pensé à délocaliser une de ses industries à l’exemple de celle de la construction de l’automobile ? lui demandons-nous. «Les entreprises italiennes pensent plutôt à s’internationaliser qu’à se délocaliser parce que notre système économique estime qu’il n’est pas possible de relever ce défi pour des raisons de coût, c’est un défi perdu d’avance», explique-t-il.
Le secrétaire d’Etat rappelle que l’Italie suit avec attention les négociations de l’Algérie avec l’OMC. Il notera avec satisfaction l’accroissement significatif des exportations italiennes vers l’Algérie, près de 30%. Mais «nous avons l’exigence de rééquilibrer la balance parce que nous sommes de grands clients du gaz algérien», a-t-il souligné. L’Italie compte le faire, dit-il, à travers l’intérêt qu’elle porte aux réformes engagées, au programme de privatisation des entreprises et au développement du secteur bancaire. L’ambassadeur d’Italie à Alger a fait remarquer que «les investissements italiens en Algérie ont augmenté, passant ainsi de 2,9 millions d’euros dans les années précédentes à 5,9 millions d’euros en 2005". L’Algérie est ainsi le premier marché de l’Italie dans la Méditerranée. Cependant, Agostini précise que «si le taux d’accroissement des investissements est très fort, en valeur absolue, il est assez modeste». La solution à ses yeux est que «l’Italie accorde beaucoup plus d’attention au marché algérien pour ce qui est des investissements directs». Le gouvernement Prodi veut participer au processus de privatisation des entreprises «au cas par cas». L’ambassadeur italien fait état de 7 manifestations d’intérêt dans ce cadre. Il en évoquera une seule, «celle de la participation d’une entreprise italienne dans le capital de la CNAN». L’ARI, un organisme italien, participe aux côtés de l’ABEF, à la formation de cadres des banques algériennes. Agostini rappellera que les deux gouvernements ont convenu de soutenir et d’appuyer GALSI, le projet privé de transport de gaz par la Sardaigne. Ce projet devra être finalisé, selon lui, avant fin 2007 et le gazoduc Transmed devra être achevé avant fin 2008.
Posté Le : 01/11/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.quotidien-oran.com