L'Italie compte participer activement dans les réunions du groupe des 5+5,
un cadre qu'elle encourage tout autant que l'Union européenne en vue de
réanimer l'Union pour la
Méditerranée (UPM).
C'est entre autres le message qu'a voulu passer à Alger l'envoyé spécial
pour deux jours du ministre italien des Affaires étrangères. Maurizio Massari a rencontré lundi des journalistes algériens en
présence du nouvel ambassadeur italien pour leur expliquer les raisons de sa
mission. «C'est pour moi un départ prometteur parce que je reçois tout de suite
après mon accréditation en tant qu'ambassadeur à Alger, mon collègue et mon ami
que je connais depuis longtemps, Maurizio Massari», a
lancé dès le début de la rencontre l'ambassadeur italien. L'envoyé spécial du
MAE italien est chargé des questions de la Méditerranée et du
Moyen-Orient. Sa visite à Alger n'a rien de fortuit. Elle coïncide avec les
bouleversements que vit le monde arabe et les nouvelles tentatives des pays
d'Afrique du Nord de relancer l'Union du Maghreb arabe (UMA).
Officiellement, le responsable italien est venu annoncer aux autorités
algériennes la tenue, le 20 février prochain à Rome, d'une réunion des 5+5, un
cadre qui met face à face les pays de la rive nord de la Méditerranée, l'Italie,
la France, l'Espagne,
le Portugal et Malte, aux pays de la rive sud qui sont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Mauritanie. Ce sont
dix pays qui se sont engagés depuis les années 90 à examiner des questions
multilatérales et mener des actions susceptibles de renforcer le rapprochement
entre les deux rives de la Méditerranée. Leur cadre de concertation est
néanmoins informel. Les 5+5 n'ont pas de statut
juridique bien défini. «Le groupe a toujours été très important pour l'Italie, s'il
ne s'est pas réuni l'année dernière c'est en raison des développements dans le
monde arabe, on n'a jamais abandonné ce projet», a indiqué l'envoyé spécial
italien. «Nous voulons le relancer de façon à concilier son caractère informel
avec des résultats concrets de la coopération dans plusieurs secteurs», a-t-il
affirmé. C'est ce qu'il qualifie de « philosophie qui a certainement à la base
une décision politique du gouvernement italien ». Il pense ainsi qu' «il faut
créer les conditions d'un rapprochement méditerranéen».
Il estime que «la réunion du 20 février est une réunion à laquelle nous
attachons beaucoup d'importance parce qu'elle se tient après le printemps
arabe». Maurizio Massari reconnaît en parallèle que
«l'UPM a des problèmes qui l'empêchent de bouger
comme le manque de ressources et la situation du monde arabe». Il souligne
cependant que «nous croyons que les 5+5 et l'UPM
peuvent être complémentaires parce que le succès des premiers entraînerait le
succès de l'UPM». L'Algérie et l'Italie sont selon
lui «complètement d'accord sur le fait que ce format (5+5) est très utile pour
le rapprochement méditerranéen et constitue une sorte de noyau dur pour l'UPM». Il faut pour cela, ajoute-t-il, «élargir la
coopération entre les deux rives, dans tous les secteurs, dans le domaine
sécuritaire, entre les parlementaires, pour la sécurité alimentaire, dans la
culture…». L'Italie propose de créer un mécanisme de suivi pour tous les
dossiers de la coopération. Le diplomate annonce la tenue la semaine prochaine
d'un round euro-méditerranéen sur ce volet mais aussi
sur la situation en Syrie. Situation à propos de laquelle il dit être d'accord
avec l'Algérie dans son appel à l'arrêt immédiat de la violence. «Nous
soutenons le plan de la Ligue
arabe et souhaitons qu'il ait un plus grand consensus auprès des Nations unies»,
indique-t-il.
Le responsable italien avait avant plaidé la cause d'une relance de l'UMA. « L'Italie a intérêt à voir l'UMA
se concrétiser parce qu'elle pourrait dialoguer avec l'Union européenne», a-t-il
dit. Les Italiens «espèrent que tous les problèmes entre les pays maghrébins se
règlent comme celui des frontières algéro-marocaines
». Le diplomate rappellera que «le conflit du Sahara Occidental est au niveau
du Nations unies qui tentent depuis longtemps de faciliter le dialogue entre
les deux parties». L'Italie «espère» alors aussi que «ce dialogue puisse
aboutir à la résolution de ce conflit, ce qui pourrait encourager l'intégration
régionale au Maghreb».
Interrogé sur la poussée du
courant islamiste dans le monde arabe, le diplomate italien a déclaré «nous
respectons les choix démocratiques des peuples, il s'agit d'une transition
politique qui doit se faire sans interférences étrangères pour peu que soient
respectés les droits de l'homme et les droits fondamentaux parce qu'il y a des
lignes rouges à ne pas franchir ». Il revient encore une fois sur la Syrie pour affirmer qu' «on
ne parle pas du tout d'intervention étrangère, d'ingérence dans les affaires
internes de la Syrie. Nous
sommes très clairs sur ça ». Mais il tient à souligner qu'il faut « faciliter
l'unification de l'opposition syrienne qui n'est pas suffisamment
représentative des différentes couches de la société syrienne qui est très
complexe ». Pour les Italiens, «Assad a perdu toute
sa crédibilité». Il fera part à plusieurs reprises de son souci du respect de
la non ingérence étrangère dans ce pays. «La crise syrienne n'apporte aucun
avantage à l'Iran», se contentera-t-il de répondre à une question sur le
dossier iranien.
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Posté Le : 15/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com