Le président-directeur général du groupe Cevital, Issad Rebrab, estime que la situation qui prévaut en Algérie est “inquiétante”. La crise a eu des effets néfastes sur les différents secteurs d’activité du pays.
“La crise est telle que les autorités sont obligées de réduire les dépenses de fonctionnement et d’équipements. Des entreprises qui travaillent avec l’État ont du mal à se faire payer. Certains responsables disent même que les fonctionnaires risquent de ne pas être payés à l’avenir. Oui, la situation est inquiétante”, déplore l’homme d’affaires.
M. Rebrab évoque le modèle économique choisi jusque-là par l’Algérie, fondé exclusivement sur l’exportation des hydrocarbures.
“N’importe quel économiste vous dira combien il est suicidaire pour un pays que son économie repose sur un seul produit, en l’occurrence le pétrole et le gaz pour l’Algérie”, constate-t-il.
Comment va-t-on s’en sortir, se demande-t-il, si l’économie nationale continue à dépendre des hydrocarbures ?
“C’est intenable”, regrette-t-il. Pour le patron de Cevital, “il est d’autant plus urgent de diversifier notre économie qu’en 2030, la population algérienne sera de 50 millions d’habitants. Il faut de l’emploi, du logement et des ressources énergétiques pour ces 10 millions d’âmes supplémentaires qui vont venir dans quinze ans”.
Le capitaine d’industrie, dont la réputation a traversé les frontières, parle du retard flagrant et généralisé qu’accusent tous les domaines en Algérie.
“Il nous faut des hommes qui prennent des décisions très, très rapidement”, souligne-t-il.
Car, tel que l’explique M. Rebrab, “ce ne sont pas les idées qui manquent, mais l’absence de décisions”.
C’est d’ailleurs cette léthargie qui a ciblé tous les secteurs en Algérie qui l’a contraint d’aller exercer ses talents d’homme d’affaires outre-mer. Dans des pays d’Europe et d’Afrique qui offrent toutes les opportunités et facilitations possibles aux investisseurs étrangers pour peu que les projets proposés créent de la richesse et de l’emploi. Ce qui intéresse les gouvernements, les chefs d’État ou les Premiers ministres, relève-t-il, c’est le développement de leur pays à travers l’emploi et la création de richesse.
“L’argent existe pour des projets qui sont rentables, de taille mondiale et réalisés avec la dernière technologie. Parfois, il peut manquer une chose essentielle: la confiance. Mais Cevital inspire confiance, car les gens savent ce que fait ce groupe et ce qu’il pèse, en Algérie et ailleurs.”
“C’est pour cela que des présidents ou des Premiers ministres en France, au Brésil, au Sri Lanka, au Paraguay, en Italie, au Sénégal et autres hauts responsables… nous demandent d’investir chez eux pour créer de la richesse, de l’emploi et développer leur commerce extérieur”, précise l’industriel.
Cevital souvent sollicité pour des partenariats dans tous les domaines
Dans une longue interview qu’il accordée au magazine Jeune Afrique, le patron du premier groupe privé en Afrique explique son choix, attendu du reste, pour l’étranger.
“Je cours le monde pour Cevital parce que je suis passionné par la création”, avoue-t-il.
Il investit toujours plus afin, affirme-t-il, “de servir le groupe Cevital et l’Algérie”.
En effet, réaliser des projets dans diverses régions du monde apportera énormément davantage pour l’Algérie. Quelqu’un qui a le flair des affaires comme M. Rebrab aura pour seul credo: “Quand une opportunité se présente, Cevital essaie de la saisir.”
Ambitieux, le groupe Cevital est souvent sollicité pour des partenariats dans tous les domaines, en Algérie comme à l’étranger.
“Étant curieux, je ne dis jamais non. S’il existe un marché pour le projet, si celui-ci est rentable, compétitif et bancable, nous fonçons”, précise-t-il.
Issad Rebrab cite l’exemple du Sri Lanka où, dit-il, il a demandé à avoir deux quais, un terrain au niveau de ce port et la garantie que l’État protégerait le marché.
“J’ai expliqué que Cevital a l’expertise pour réaliser une raffinerie de sucre capable de faire passer le pays au stade d’exportateur, une raffinerie d’huile et un moulin à farine, mais la législation algérienne ne permet pas de faire sortir de l’argent pour l’investir à l’étranger”, indique-t-il. Le président du fonds d’investissement émirati Abraaj m’a répondu: “M. Rebrab, l’argent, c’est moi.”
Peu de temps après, un “grand groupe indien installé à Singapour m’a proposé d’acheter la totalité de nos exportations et m’a offert la possibilité d’acquérir une sucrerie en Birmanie”, argue le P-DG de Cevital pour montrer comment s’effectue le montage d’un projet.
Le Groupe est également en discussions avec la Banque nationale d’investissement au Brésil pour construire quatre ports au nord dans le but d’augmenter les flux de produits qui viendraient de ce pays et y exporter les fertilisants.
“Les Brésiliens ont accepté de nous céder 1.000 ha pour la réalisation d’un projet dans le minerai de fer d’un montant de 1,5 milliard de dollars, pour lequel Cevital possède un marché aussi bien en Europe qu’en Algérie.”
Badreddine Khris
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Posté Le : 24/11/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ©D. R. ; texte: Badreddine Khris
Source : liberte-algerie.com du mardi 22 novembre 2016