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Algérie - Industrie du liège: Les entreprises locales se meurent



Algérie - Industrie du liège:  Les entreprises locales se meurent


Les entreprises algériens spécialisées dans la transformation du liège sont dans une situation apocalyptique. Alors qu’elles étaient une trentaine dans les années 1990 à assurer une production régulière, écoulée sur le marché national ou exportée vers les pays du pourtour méditerranéen, plus de 80% d’entre elles ont cessé d’exister depuis déjà quelques années, et celles étant toujours en activité risquent, aujourd’hui, de connaître le même sort. Et pour cause, l’exportation du produit liège a connu une diminution alarmante, en raison de la chute de la production nationale de cette matière et l’augmentation des prix de vente du liège brut chez l’entité publique assurant sa récolte dans les forêts domaniales et sa revente aux transformateurs.

Selon l’Association des transformateurs de liège (ATL), activant notamment dans la région de Jijel, le plus grave est que cette matière première, réelle richesse naturelle pour le pays, «est en train d’être exploitée par certains individus étrangers au métier, usant de procédés malsains, aux fins de faire fuir des capitaux à l’étranger et asphyxier, par conséquence, les quelques entreprises locales qui tentent de résister à la crise».

Les animateurs de l’association affirment que ces entreprises, déjà fragilisées, n’arrivent plus à faire face à la concurrence déloyale des détenteurs de gros capitaux, d’autant que ces derniers «ne sont pas inquiétés par les agents de l’administration publique qui ignorent leurs pratiques mafieuses ou ne font pas l’effort d’imposer un contrôle rigoureux». Ils jouissent, de surcroît, disent-ils, d’une «complicité active et grassement rétribuée de certains responsables».

L’association en veut pour preuve, les opérations d’achat effectuées lors des mises en vente aux enchères de liège brut où «de grosses quantités sont acquises à des prix exorbitants, notamment par des opérateurs chinois qui transforment la matière en granulés et l’exportent en Chine à des entreprises de connivence avec eux». Nos interlocuteurs affirment que parmi ces acquéreurs figure une société privée algéro-chinoise, fraîchement créée, et qui a été impliquée, en Tunisie l’année dernière, dans une affaire de vente de quantités de liège brut autour de laquelle pèsent jusqu’à présent des soupçons de corruption et de favoritisme.

En Algérie, cette société, dotée de fonds considérables, «s’est accaparée de plus de 60% de la récolte de liège, bien qu’elle ne dispose pas suffisamment de moyens pour transformer cette quantité, se contentant de la stocker dans des hangars», nous dit-on. Elle a ainsi trouvé dans ce matériau «une forme de spéculation et de contrebande où elle investit de grandes sommes d’argent, puis procède à des exportations avec des valeurs d’achat et de vente incompatibles avec les valeurs douanières en vigueur». Il s’agit carrément de «trafic sur les valeurs déclarées à l’export», ajoutent nos interlocuteurs.

Il faut savoir, à ce propos, que la dernière restructuration du secteur a donné lieu à la création d’une entreprise publique, en l’occurrence l’Entreprise algérienne de génie rural (EAGR), qui a été chargée de récolter le liège dans les forêts domaniales et de le revendre à des transformateurs qui en font des bouchons, des pièces de carrelage de décoration et des isolants.

Selon les professionnels du secteur, l’entité publique est tenue de gérer l’exploitation du liège et d’en faire un moyen permettant aux entreprises du secteur de continuer à fonctionner. Les opérations adjudications qu’organise cette entité sont encadrées par une réglementation «et on réclame le strict respect de la loi et des cahiers des charges imposés» en matière d’acquisition des récoltes de liège, soulignent les liégeurs, car il y va «non seulement de la crédibilité de l’administration publique, mais aussi de la vie des entreprises locales», concluent-ils.


Lyes M.


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