Algérie

Algérie - IL ESTIME QUE LA CARTE DE L’ALÉA SISMIQUE EST DEVENUE “OBSOLÈTE”. Le Pr Chelghoum: “On ne tire pas les leçons des séismes vécus”



Algérie - IL ESTIME QUE LA CARTE DE L’ALÉA SISMIQUE EST DEVENUE “OBSOLÈTE”.  Le Pr Chelghoum: “On ne tire pas les leçons des séismes vécus”




Le professeur Chelghoum Abdelkrim estime que la carte de l’aléa sismique a été mal élaborée dans la réglementation algérienne.

Pour cet expert en génie parasismique et en sismologie, cette cartographie est devenue obsolète. La raison, argue-t-il, est que la sismicité historique de tout le Nord de l’Algérie montre clairement que cette région a été soumise à des secousses majeures de par le passé. Pr Chelghoum citera l’exemple d’Oran qui est classée dans la zone 2 (moyenne sismicité) alors que la sismicité indique que cette ville a été dévastée en 1790 par un séisme de magnitude 7,5 sur l’échelle de Richter.

“On retombe dans la même situation que celle vécue par la région d’Alger et de Boumerdès, classées initialement dans la zone 2. Il a fallu que cette région subisse un tremblement de terre d’une forte intensité avec tous les dégâts occasionnés pour qu’elle soit reclassée en zone 3”, déplore le spécialiste.

“C’est une modification après-coup. En principe, c’est le risque sismique qui doit anticiper la catastrophe et prévenir que telle ou telle région est susceptible de faire l’objet d’un gros séisme”, relève-t-il.

Il ne faut pas attendre que de grosses secousses surviennent pour, affirme-t-il, classer les régions du point de vue de la sismicité.

“Un aléa sismique est la base de la prévention en matière de sismicité. Et comme ce risque est totalement erroné, l’on assiste à un RPA (règlement parasismique algérien) désuet”, affirme Pr Chelghoum.

Conséquence: “Que vous appliquiez le RPA ou non, cela ne va pas vous mettre à l’abri des catastrophes”, précise-t-il.

Par ailleurs, toute la problématique du sol n’est pas étudiée correctement dans la réglementation algérienne.

“Les sols sont à peine cités dans la réglementation mais sans la moindre explication en matière de précaution et de repaires de vigilance”, souligne Abdelkrim Chelghoum.

Un aléa très grossier et mal explicité est, selon lui, faussement qualifié. Toute la stratégie de la prévention sismique demeure ainsi, explique-t-il, incertaine en Algérie. Et la certitude affichée par les pouvoirs publics pour les constructions nouvelles parasismiques reste aléatoire dans le cas d’un séisme majeur qui frapperait à l’avenir Oran, Alger ou Constantine.

“Les pertes en vies humaines et les dommages matériels seront toujours identiques à ceux enregistrés le 21 mai 2003 lors du tremblement de Boumerdès”, ajoute l’expert.

Car, regrette-t-il, aucun enseignement n’a été tiré par les pouvoirs publics pour la mise en place d’une politique sérieuse de prévention des catastrophes naturelles. L’on assiste, ces derniers temps, à une forte activité sismique dans les localités de Hammam Melouane, Tablat et Médéa. Il serait de ce fait plus judicieux pour le gouvernement, suggère-t-il, de se pencher sérieusement sur ce phénomène et de procéder à une investigation scientifique plus poussée au niveau des mouvements de failles sismiques et de l’énergie dégagée afin de comprendre la suite des événements et de ne pas se contenter de communiqués “laconiques” dans le but, soi-disant, de tenter de contenir la panique chez les populations.

Il faut rappeler que la loi 2004, votée par les deux Chambres, exige dans l’un de ses articles le droit à l’information du citoyen sur les risques encourus dans la région où il vit.

Badreddine Khris



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