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Algérie - IL AURAIT PEUT-ÊTRE PERMIS D’ÉVITER LES SCANDALES ACTUELS: Le Conseil national de l’énergie gelé depuis 15 ans



Algérie -  IL AURAIT PEUT-ÊTRE PERMIS D’ÉVITER LES SCANDALES ACTUELS:  Le Conseil national de l’énergie gelé depuis 15 ans




Le Conseil national de l’énergie est l’instance chargée de tracer et de faire appliquer une stratégie énergétique à long terme. Gelé depuis 1998, le CNE aurait pu contrôler la gestion du groupe Sonatrach et éviter que la compagnie nationale ne se retrouve au cœur de scandales d’envergure internationale.


Tarek Hafid - Alger Le Soir)

Aurait-on pu éviter les scandales qui secouent le groupe Sonatrach si le Conseil national de l’énergie s’était réuni périodiquement?

Assurément oui, car cette instance est dotée de larges attributions qui lui permettent de suivre et de contrôler les activités de l’ensemble de ce secteur.

«Le Conseil national de l’énergie est chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d’un plan à long terme destiné à garantir l’avenir énergétique du pays ; d’un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays ; de la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d’énergie ; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation ; de l’introduction et du développement des énergies renouvelables ; des schémas d’alliances stratégiques avec les partenaires étrangers intervenant dans le secteur de l’énergie ; des engagements commerciaux à long terme», stipule l’article 2 du décret présidentiel 95-102 portant création du Conseil national de l’énergie.

Un décret signé en avril 1995 par le président Liamine Zeroual.

Outre ces prérogatives, le Conseil «peut connaître de toute question d’intérêt général et stratégique en rapport avec la politique énergétique nationale», peut-on lire dans l’article 3.

Le CNE est une instance de premier plan qui regroupe les plus hauts responsables d’institutions et de ministères de souveraineté. A commencer par le chef de l’Etat qui en assure la présidence.

Les autres membres sont: le Premier ministre, les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Energie et celui des Finances.

Le gouverneur de la Banque d’Algérie et le délégué à la Planification en sont également membres.

Le ministre de l’Energie et des Mines assure le secrétariat du Conseil.

Mais voilà, cette instance ne s’est pas réunie depuis 1998, soit l’année de la démission de Liamine Zeroual. Depuis, plus rien.

Pourtant, ces 15 dernières années, le secteur de l’Energie — qui assure l’essentiel des ressources financières du pays — a connu un développement important. Des dossiers qui engagent l’avenir de l’Algérie auraient dû être débattus et approuvés au sein du Conseil national de l’énergie.

C’est notamment le cas de la question de la libéralisation de la production et de la distribution de l’électricité et du gaz, de l’engagement du groupe Sonatrach à l’international, des innombrables contrats de vente d’hydrocarbures ou encore du dossier de développement des énergies renouvelables et celui, plus sensible, du gaz de schiste.

Aucune des trois lois sur les hydrocarbures adoptées en 2005, 2006 et 2013 n’a reçu l’aval du CNE.

Pour revenir à la Sonatrach, les membres du Conseil national de l’énergie se seraient rendu compte des dérives de gestion s’ils s’étaient réunis régulièrement.

Un simple rapport sur l’octroi des marchés leur aurait permis de constater que Saipem avait raflé la quasi-totalité des avis d’appels d’offres. Peut-être auraient-ils désapprouvé la vente des actions Anadarko et Duke Energy que détenait l’Algérie depuis les années 1980?

Chakib Khelil, qui est aujourd’hui au cœur des scandales qui secouent la compagnie nationale d’hydrocarbures, semble avoir tiré profit de l’absence de ce cadre consultatif de haut niveau.

Youcef Yousfi, son successeur, avait reconnu le gel de ce Conseil.

Sa réactivation «dépend du président de la République qui est, lui-même, président du Conseil national de l’énergie», avait-il indiqué en octobre 2010.


T. H.




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