Algérie - HOCINE SENOUCI, SIGNATAIRE DE L’APPEL DES MOUDJAHIDINE, À “LIBERTÉ” “Il faut mettre le FLN au musée”

Signataire de l’appel des moudjahidine dénonçant le sort réservé au FLN, Hocine Senouci, colonel à la retraite, ex-pilote de chasse, attaché militaire et ancien DG de l’Office Riadh El-Feth, explique, avec son franc-parler habituel, l’origine et les motivations de cette démarche, ainsi que sa position personnelle à l’égard de l’ex-parti unique.

- Liberté : Vous venez de signer, en compagnie d’autres anciens moudjahidine, une déclaration appelant à libérer le FLN de l’emprise de son secrétaire général actuel. Pourquoi une telle initiative et pourquoi maintenant?

Hocine Senouci : J’ai été approché au sujet de cette pétition il y a 3 ou 4 mois. Nous étions alors un petit groupe seulement. C’est pourquoi, j’avais souhaité une action beaucoup plus élargie avec un plus grand nombre de signataires. Mais la diffusion de cette pétition ne dépendait pas de moi et elle s’est faite en mon absence. Enfin, chacun fait ce qu’il ce qu’il considère comme son devoir…

- Vous reconnaissez explicitement dans votre appel la trahison des idéaux de Novembre. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de mettre à l’abri des luttes partisanes le FLN, ce symbole auquel les Algériens prêtent serment chaque fois qu’ils entonnent l’hymne national?

Absolument! Mon point de vue personnel est de mettre le FLN comme, du reste, tout le patrimoine de la Révolution au musée. Faut-il rappeler à ce sujet que la création du FLN répondait à un contexte précis? Feigne-t-on d’oublier que le FLN historique était un front regroupant toutes les forces nationales et qu’il se situait au-dessus de toutes les chapelles politiques? Hélas, après l’Indépendance, on a décidé d’en faire un parti politique avec ses hauts et ses bas…

- Certains observateurs estiment, néanmoins, que la plupart des signataires se sont longtemps accommodés du parti unique en Algérie. Qu’avez-vous à leur répondre?

Je n’ai rien à voir avec cela! Malgré mes fonctions, j’ai toujours été du côté de la doctrine prônée par le GPRA mais, comme chacun sait, un consensus s’est formé autour du parti unique. Pour vous dire franchement, je suis laïc et moderne, ce qui suppose beaucoup de choses, entre autres, le pluralisme et la démocratie. J’espère même que je mourrai comme ça !

Propos recueillis par : Mohamed-Chérif Lachichi