Le ministre britannique de la Défense est, en effet, attendu le 26 octobre
prochain à Alger, pour effectuer une visite officielle d'une journée. Dans son
agenda algérois, des pourparlers avec le ministre délégué à la Défense,
Abdelmalek Guenaïzia, et sera probablement reçu par le Premier ministre et
pourquoi pas, par le chef de l'Etat, si les contingences du palais
d'El-Mouradia le lui permettent. Au-delà des discussions sur « des questions
d'intérêts communs» que le jargon diplomatique met en avant, en toute
circonstance, il est très probable que seront (re) ouverts des dossiers
concrets et aussi d'actualités de première heure. La venue, cette semaine à
Alger, de la sous-secrétaire adjointe américaine à la Défense n'est pas rien.
Vicki Huddleston a ramené avec elle de Washington, pour la préciser aux
autorités algériennes, toute la portée du fameux Africom. Peu importe pour les
Américains de l'asseoir ou pas, dans l'un des pays africains ou maghrébins
précisément. De Stuttgart l'allemande, ils peuvent bien dicter leur vision
géostratégique en matière de sécurité tout en lui gardant la même appellation.
«L'Africom aide à construire les capacités militaires des Etats africains pour
leur permettre d'affronter les risques liés au terrorisme, mais aussi, aux
différentes activités illégales liées au trafic de drogue, d'armes, de traite
des personnes», a affirmé la responsable américaine qu'on dit chargée
spécialement de la gestion de l'Africom. Les Etats-Unis veulent commander la
sécurité en Afrique, en y inculquant leurs propres techniques de prévention et
de lutte. Ils se garantiront ainsi une place de choix dans les affaires
sensibles du continent. Les Britanniques ne veulent pas se voir éjecter d'un contexte
et d'une région dont les potentialités sont quasiment à l'état vierge. Leur
ministre de la Défense parlera certainement contrats d'armements et autre lutte
antiterroriste. Et ce n'est pas l'extradition ou pas de Abdelmoumen Khalifa qui
changerait quelque chose aux objectifs visés.
En attendant l'arrivée de leur
ministre de la Défense, les diplomates britanniques, accrédités à Alger, ont
fait venir de Londres une délégation d'élèves du Collège royal des études de
défense, la plus prestigieuse école militaire au monde. Elèves qui, avant
d'arriver à Alger, avaient séjourné en Espagne, au Maroc et en Tunisie. « Le
collège est unique dans son genre, il offre une formation de haut niveau aux
militaires», nous a dit le chef de la délégation, Jeremy Jarvis CBE, qui ne
manquera pas de préciser qu'« il a été créé par Winston Churchill». Ils n'iront
pas en Libye parce qu'est-il noté, «c'est politiquement difficile». L'affaire
Lockerbie et le retour «triomphal» à Tripoli, du principal inculpé libyen, ont
certainement pesé dans ce choix.
L'Africom, le pétrole et la politique de voisinage
Parmi la quinzaine d'élèves qui ont séjourné pendant 5 jours à Alger, et
que nous avons rencontrés lundi soir, lors d'une réception à l'ambassade du
Royaume-Uni à Alger, on relèvera, entre autres, la présence d'un Qatari et d'un
Jordanien. En fait, le collège réserve chaque année 50 de ses places aux élèves
de pays étrangers « dont une pour l'Afrique». Pour cette année, il compte un
colonel algérien parmi les militaires étrangers en formation. Les élèves, ce
sont en fait des militaires de carrière, diplômés mais qui souhaitent affiner
leur formation, en passant une année au Collège royal des études de défense
pour décrocher un master. Durant leur séjour à Alger, ils ont été reçus par le
ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, par des
responsables du MDN, des chercheurs du CREAD et... par le secrétaire général
des Ressources en eau. « Au Maroc et en Tunisie, on nous a dit qu'il n'y avait
pas de problèmes d'eau, mais peut-être qu'en Algérie, il y en a», nous dit un
membre de la délégation, sourire aux lèvres pour dire qu'« effectivement, l'eau
n'a rien à voir avec la défense armée» même si la préservation de ses
ressources constitue l'un des défis les plus urgents à relever dans le monde.
Les élèves militaires ont discuté
avec leurs hôtes algériens « stratégie de défense, stabilité, prospérité de la
région et de chaque pays à part», comme souligné. Ils ont voulu, à travers leur
contact, connaître la vision que se fait l'Algérie de la sécurité et les moyens
stratégiques de la préserver. « Nous ne faisons pas de politique, nous sommes
des académiciens», a tenu à nous préciser le chef de la délégation britannique.
Reste que Londres estime, par la voix de ses diplomates, que « le Maroc a pris
une longueur d'avance sur l'Algérie, en optant pour la politique européenne de
voisinage et en acceptant l'adoption de plans d'action». Mais, disent les moins
sceptiques d'entre eux, « l'Algérie est un pays riche, elle a le pétrole». Le
Royaume-Uni tente, ainsi, de se frayer une place alliant défense et
hydrocarbures, dans une région où, l'Africom risque d'empiéter le pas à la
politique de voisinage, et pourquoi pas, à l'Union pour la Méditerranée, deux
démarches qui pourraient s'exclure l'une l'autre, sans que l'Union européenne
n'ait eu le temps de les promouvoir convenablement.
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Posté Le : 21/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com