Algérie

Algérie-France: Renault et Raffarin, la tête ailleurs



La dernière visite à Alger de l'envoyé spécial du président français a été décidée à la dernière minute, sans un ordre du jour précis.

C'est ce que soutiennent des sources diplomatiques françaises qui avouent n'avoir pas été surpris des propos «creux» qu'a tenus Jean-Pierre Raffarin, durant ses rencontres avec les autorités algériennes. «Englué qu'il est, dans la campagne électorale des présidentielles françaises, Raffarin ne devait pas venir à Alger, il avait bien d'autres choses à faire,» nous disait un diplomate, le jour de l'arrivée de l'envoyé spécial de Sarkozy. «En froid pendant quelque temps avec le président français, l'ex Premier ministre n'avait surtout pas le cÅ“ur à parler de Renault ou de Sanofi,» affirment encore nos sources. L'on souligne que pour son déplacement à Alger, Raffarin s'est appuyé sur son conseiller, Serge de Galaix, «pour lui monter un ordre du jour sans trop se casser la tête.» Cet ancien diplomate, ancien ambassadeur en Tunisie, a volé au secours de son patron pour donner un semblant de sérieux et de nécessité à une visite qui n'en avait pas. «Aucun dossier n'a avancé même s'ils ont été ouverts depuis plus d'une année» disent nos sources françaises. L'inauguration, en grandes pompes, de l'usine Renault à Tanger la marocaine pourrait, à elle seule, montrer que le constructeur français n'ouvrirait pas une autre usine dans un espace aussi restreint et en un temps aussi court. Les propos du constructeur français et de ses collègues doivent en être ce gage qui manquait pour atténuer des ardeurs du ministre algérien de l'Industrie.

Si l'on croit ce dernier, ne reste que le côté technique à traiter pour voir «monter» les usines françaises promises. «Mais tout est dans ce volet puisque les conditions techniques algériennes ne nous plaisent pas, elles sont trop restrictives pour nous et nous les jugeons pour les Algériens trop ambitieuses, voire trop prétentieuses,» expliquent les diplomates français. Venu pour deux jours à Alger, Raffarin et ceux qui lui ont conseillé ce voyage, savaient qu'il devait rencontrer le Premier ministre. Ils se sont peut-être suffi à ce tête-à-tête qui venait à point nommé. C'est-à-dire quelques jours avant qu'Ahmed Ouyahia ait donné raison -ou presque- à la France pour avoir fait voter par son assemblée, une loi condamnant la négation du génocide arménien. ManÅ“uvrier qu'il est, Ouyahia a reproché à la Turquie d'Erdogan, de brandir la guerre de Libération nationale et les crimes de la France coloniale contre les Algériens, pour défendre ses intérêts. Un reproche d'une autorité algérienne qui a certainement plu aux Français en ces temps où les mémoires sont convoquées pour se remémorer des pages d'histoire commune lourdes à supporter. Paris a, d'ores et déjà, fixé ses priorités en prévision de la célébration par l'Algérie du 50ème anniversaire de son indépendance. Ses responsables ont en effet, commencé par rendre hommage aux harkis qui par des stèles, qui par des musées, qui par des lois. Si Raffarin s'est trouvé des circonstances pour venir à Alger et ressasser un discours prometteur sans plus, le ministre algérien de l'Industrie, lui, se laisse entraîner par des promesses «techniques» qu'il sait retenues en otage par des visions politiques plutôt provocatrices, changeantes au gré des humeurs, des intérêts et des circonstances et même vengeresses. Connu pour être un bon commis de l'Etat, Mohamed Benmeradi devrait s'abstenir de vanter des mérites investisseurs que les entreprises françaises ne mettraient au service de l'Algérie que sous des conditions dont il ne peut en être le garant et ce, quels que soient les bénéfices que l'économie algérienne pourrait en tirer. Nommé à la tête de l'Industrie depuis plus de deux ans, Benmeradi est probablement le ministre le moins bien avare en déclarations. Il a dû pourtant se rendre compte que vis-à-vis des hommes d'affaires français, il lui est difficile de les voir réaliser sur le terrain.




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