L'Algérie compte s'appuyer grandement sur la France pour résoudre son problème
de l'emploi et ce à travers
les nombreux projets de partenariat économique que Benmeradi et Raffarin
s'emploient à débloquer.
C'est ce qui est aisé de saisir en filigrane dans les propos tenus hier
par l'ancien Premier ministre français à Alger. C'est la deuxième visite que
Jean-Pierre Raffarin entreprend en Algérie après celle de novembre et surtout
depuis qu'il a été désigné par le président Sarkozy comme interlocuteur de
l'Algérie en matière d'économie. Il a tenu cette fois-ci aussi à expliquer
clairement sa mission aux journalistes venus nombreux hier à la résidence
El-Mithak pour le point de presse qu'il a animé conjointement avec celui que le
président Bouteflika a nommé comme son homologue, à savoir le ministre algérien
de l'Industrie, Mohamed Benmeradi. «(…) Mais nous avons une mission très
précise à partir d'une liste de projets précis avec des projets en matière
d'emplois qui sont très précis et moi je voudrais éviter de me disperser et je
voudrais garder cette dimension sociale et cette dimension économique à ma
mission», a déclaré l'ex-Premier ministre français à une question sur les
récentes restrictions de visas imposées par la France notamment aux hommes
d'affaires algériens. Pour rappel, alors que lui «négociait» avec Benmeradi pour
débloquer un certain nombre de projets d'investissement d'entreprises
françaises, le Quai d'Orsay a, il y a quelques temps, exigé des entrepreneurs
algériens demandeurs de visa, entre autres de signer une déclaration sur
l'honneur attestant leur refus de ne pas s'installer en France. N'y a-t-il pas
de coordination entre l'économique et le politique ? lui avions-nous demandé.
«Il y a une coordination, la preuve c'est que M. l'Ambassadeur est là et que j
ai été reçu par le président de la République avant même de faire cette
mission. Donc, il y a évidemment une coordination», a-t-il donc répondu. Il a
ajouté pour précision que «d'autres services travaillent sur d'autres sujets,
le tout coordonné par les différentes autorités des deux pays». L'autre précision
de taille, «en ce qui me concerne, c'est l'emploi la priorité». Mohamed
Benmeradi confirme qu'«incontestablement, (…) les 20.000 emplois directs (qui)
peuvent être créés directement dans le cadre de ces projets. C'est ça la
mission qui est attendue de nous.»
Total, Renault et Lafarge
L'ex-Premier ministre français avait ainsi tenu au préalable à indiquer
que «Je voudrais dire que je suis là pour la deuxième étape de ma mission; la
première étape, c'était au mois de novembre à la suite de la volonté des deux
gouvernements d'identifier un certain nombre de sujets sur lesquels on a
demandé à M. Benmeradi et à moi-même d'avancer.» Il a souligné aussi que «Je
ferais une troisième mission le 30 et 31 mai. Ce sera l'occasion d'évaluer
l'ensemble de cette mission et aussi d'engager une dynamique nouvelle avec un
forum de PME.» Raffarin parrainera ainsi le premier forum algéro-français qui
se tiendra à Alger pour la promotion de la PME. «Nous avançons dans cette
direction en souhaitant que fin mai on puisse avoir globalement une vision très
positive de ces différents dossiers que nous avions initialement dans le
travail et puis aussi cette dynamique PME», a-t-il affirmé. Le responsable
français insistera beaucoup sur le caractère «emploi» qu'il confine à sa
mission «algérienne». Il a ainsi expliqué que «Notre objectif du côté français,
c'est de participer au développement économique et social de l'Algérie et quand
nous parlons projets, nous parlons avec M. le Ministre emploi puisque au total
sur l'ensemble des dossiers que nous avons à l'étude il y a plus de 20.000
emplois directs qui sont concernés.» Raffarin notera que «donc, notre travail
est un travail économique et un travail social. Je dois vous dire ma confiance
pour l'état de nos travaux.» A propos des dossiers dont il a fait état, l'ex-Premier
ministre français a précisé qu'«Il y a un certain nombre de difficultés qui ont
d'ores et déjà été levées, des dossiers ont d'ores et déjà abouti, d'autres
dossiers sont en cours de discussions.» Il en évoquera précisément trois. «Il y
a derrière nous ici une discussion entre le groupe Total et le ministère de
l'Energie, à côté il y a une discussion avec le groupe Renault et à côté encore
avec le groupe Lafarge. Il y a des discussions très concrètes.» Il recentre
encore une fois ses propos sur la priorité de sa mission en indiquant que «Nous
sommes pour le moment à mi-parcours mais je continue à dire ma détermination
pour ces projets parce qu'ils ont une dimension en terme d'emploi très
importante et je tiens à exprimer ma confiance dans la démarche qui a été
engagée et dans le travail fait par M. le Ministre de l'Industrie pour
faciliter la coopération.» Il en conclut que «Mon jugement est donc confiant.»
«Le peuple algérien a droit à ce métro»
Interrogé sur les difficultés qui bloqueraient les dossiers en question
et particulièrement celui du métro d'Alger, Raffarin répondra: «Le sujet du
métro d'Alger est un sujet très important pour les deux gouvernements. Il est
clair que c'est un sujet qui concerne directement la population et j'ai une
préoccupation très importante dans cette mission en direction du peuple
algérien. Il est clair que le peuple algérien a droit à ce métro et avec cette
connexion du tramway qui peut le prolonger. Il y a là vraiment une action
directe sur la vie quotidienne.» Faisant allusion aux problèmes qui ont surgi
entre les partenaires algérien et français dans ce projet, il dit «Je remercie
beaucoup les autorités algériennes des initiatives qui ont été prises à la fois
sur des questions de médiation pour lever les difficultés et puis aussi sur la
gouvernance générale du projet.» Il affirme alors que «Les travaux ont repris,
le matériel est livré, il y a des discussions à finaliser mais je suis confiant
et je mettrais toute mon influence au service de notre objectif commun qui est
que le métro soit à la disposition de la population avant la fin de l'année
2011.» Mohamed Benmeradi précisera pour sa part à cet effet, que le projet a
dépassé le contentieux qui l'a bloqué. «Pour le projet du métro d'Alger, il y
avait un contentieux avec les deux partenaires sur la base de réclamations des
deux parties. La médiation est en place, le 28 février, le travail du médiateur
sera terminé.» Benmeradi a affirmé que «La partie algérienne a payé une partie
des factures qui étaient en instance.»
Pour ce qui est des dossiers Total, Lafarge et Renault, Jean-Pierre
Raffarin estimera que l'échéance fin mai dont il a fait état dans ses premières
réponses «ne peut être qu'une échéance d'étape. Si je prends l'exemple du
projet du groupe Total, il s'agit ni plus ni moins de construire une véritable
filière de pétrochimie et de l'éthylène pour laquelle il faut du temps.» Il
tient à faire savoir qu'il s'agit «de très grands projets stratégiques». Il
rappelle que «Pour le moment, cet accord qui a été signé par le deux présidents
en 2007, est en voie de développement. Je pense que les discussions que nous
avons eues doivent nous permettre de prolonger ce projet au-delà de l'échéance
de mai et même au-delà de l'échéance de juillet puisque l'accord-cadre se termine
au-delà du mois de juillet 2011.» Raffarin se veut optimiste. «J'ai bon espoir
que nous allons déboucher sur des perspectives parce qu'il s'agit là de
dossiers stratégiques et cette stratégie m'a été confirmée ce matin par
naturellement mon homologue M. Benmeradi mais aussi par M. le Ministre de
l'Energie que j'ai rencontré ce matin (ndlr: hier)», dit-il. Les sujets plus
urgents à ses yeux, ceux «où il est question d'emploi à plus court terme par
exemple: pour ce qui est de Lafarge avec son partenaire Gk, ils sont en train
de discuter derrière nous et nous les incitons à trouver des accords de
partenariat. Il s'agit de construire une stratégie de long terme, ce qui nous
permettra de lever les dernières difficultés qui restent à lever.» Interrogé
sur le dossier du nucléaire, il répondra simplement qu'«Il ne fait pas partie à
ce jour du périmètre de ma mission.»
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Posté Le : 22/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com