Algérie - France: Le militant anticolonialiste Bernard Deschamps honoré

Le militant anticolonialiste et objecteur de conscience Bernard Deschamps a été honoré dimanche soir par l'Algérie en reconnaissance de son travail, de son engagement et de son amitié pour le pays.
Une attestation de reconnaissance ainsi qu'une médaille honorifique lui ont été remises, au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, par le Consul d'Algérie à Montpellier, Khaled Mouaki Benani, lors d'une cérémonie organisée à Nîmes, célébrant l'anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 et le cinquantenaire du recouvrement de l'indépendance nationale.
Visiblement ému, l'ami de l'Algérie s'est dit ''très honoré'' par cette distinction qui intervient, a-t-il relevé, en cette heureuse circonstance de la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance du pays. ''C'est une reconnaissance à la fois de mon engagement passé et présent pour l'Algérie, et à tous ceux qui, nombreux en France, sont les amis de l'Algérie'', a-t-il confié à l'APS, ajoutant que cela dénote de la volonté du président Abdelaziz Bouteflika de nouer des relations fraternelles entre l'Algérie et le peuple de France.
Le militant anticolonialiste a également formé le v'u que la prochaine visite du président Hollande en Algérie marque un ''tournant positif '' dans les relations entre l'Algérie et la France.
Pour lui, la reconnaissance récente par le président Hollande de la répression policière du 17 octobre 1961 contre les Algériens à Paris est un ''premier geste'' auquel devraient s'ajouter ''d'autres gestes indispensables''. ''Il faut que le président français déclare clairement que la colonisation était un crime'', a-t-il affirmé.
Dans une lettre adressée au chef de l'Etat français au lendemain de son élection, M. Deschamps affirmait attendre ''beaucoup de son quinquennat'' et qu'il ''confirme, en Algérie même, sa condamnation du colonialisme et de ses crimes''.
''C'est la condition de relations durables et équitables dénuées de toute arrière-pensée'', écrivait-il.
Dans son allocution, le consul d'Algérie à Montpellier a affirmé que l'Algérie, en cette circonstance du cinquantenaire de son indépendance, '' n'oublie pas ceux qui, en ces temps difficiles où la machine de guerre coloniale a affronté un peuple démuni, se sont élevés pour dire non à l'injustice''.
''Parmi ceux-là, Bernard Deschamps, objecteur de conscience et réfractaire à rejoindre l'armée coloniale en Algérie, se distingua durant la guerre de Libération nationale par un engagement militant sans faille pour l'indépendance de l'Algérie'', a-t-il dit.
Militant anticolonialiste, Bernard Deschamps est surtout connu pour être un objecteur de conscience et un réfracteur à la guerre d'Algérie. Il organisait déjà en 1953 une manifestation des soldats ''appelés'' de sa compagnie contre leur envoi en Indochine. En 1956, il a organisé une manifestation pour empêcher le départ de jeunes ''appelés'' en Algérie, ce qui lui a valu d'être poursuivi par le tribunal militaire de Marseille.
Il a par la suite conduit diverses manifestations pour l'indépendance de l'Algérie et notamment en qualité d'adjoint au Maire d'Aigues-Mortes, en organisant des rencontres au cours desquelles il expliquait la légitimité de la lutte des Algériens pour leur liberté et la nécessité pour la France de négocier avec le FLN ''seul représentant authentique du peuple algérien''.
En 2006, il crée l'Association France-El Djazair dont il est le président d'honneur. Celle-ci organise chaque année un Festival du film algérien et des voyages qui permettent de rencontrer des anciens moudjahidine et de se recueillir dans les lieux de mémoire.
Depuis sa retraite, l'octogénaire se consacre à la recherche historique sur la guerre d'indépendance nationale, en particulier sur l'action clandestine du FLN dans le département du Gard dont il était un ancien député.
En signe de mécontentement et de fidélité à ses idéaux, il a décidé de ne plus porter la Croix de la Légion d'honneur qui lui a été décernée en 1999, depuis l'attribution en 2011 de la Légion d'honneur à l'ex-OAS J.F Collin, la promotion de l'ancien commandant putschiste Denoix de Saint Marc et la décision de transférer les cendres de Bigeard aux invalides.
APS
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