Algérie

Algérie-France: Des émissaires de Sarkozy à Alger



Le secrétaire général de la présidence française, M. Claude Guéant, Jean-David Levitte, conseiller politique du président Sarkozy, et le conseiller technique à la cellule diplomatique de la présidence française chargé de l'Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient, M. Nicolas Galey, ont été reçus hier dimanche à Alger par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia.

 Le menu des discussions entre les deux parties, s'il n'a pas été divulgué, reste cependant, selon les observateurs, étroitement lié à la situation de blocage actuelle entre les deux pays. Car entre Alger et Paris, la lune de miel qui avait débuté en 2000 avec des visites réciproques des chefs d'Etat des deux pays et un traité d'amitié «mort-né», semble définitivement ou presque consommée. Le froid sibérien qui règne entre les deux capitales depuis au moins deux années n'est pas prêt à se dégeler, selon des sources diplomatiques à Alger, où l'on rappelle volontiers les grands dossiers qui fâchent.

 Il y a d'abord cette liste noire de pays «à risques» qui inclut l'Algérie, divulguée récemment par le ministère de l'Intérieur français. L'Algérie, par la voix du ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, s'était violemment élevée contre cette mesure «inacceptable», selon les propos de M. Medelci, repris par le quotidien Le Monde.

 En pleine tourmente des relations entre les deux pays, et alors que les observateurs s'attendaient à un geste de Paris dans le dossier de la première bombe atomique que la France a testée en Algérie, à Reggane plus exactement, et sur des cobayes humains, des Algériens, Paris est restée muette. Pas un mot, pas une larme ni une excuse, même officieuse, pour les torts commis contre l'Algérie. Et, comme pour rendre encore plus complexes les relations algéro-françaises, Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie du gouvernement Fillon, a lâché une véritable bombe, moins de deux semaines après avoir transmis une lettre à M. Medelci pour une visite de travail à Alger, début mars, pour mettre à plat certains problèmes qui entravent dorénavant les relations entre les deux pays. Dans une déclaration à un quotidien dominical français, il a dit que «pour que les relations algéro-françaises s'améliorent, il faut attendre que parte la génération de l'indépendance en Algérie». Bernard Kouchner, qui espérait une réponse rapide à sa proposition de se déplacer à Alger pour discuter d'une (re) normalisation des relations avec Alger, a-t-il péché par empressement, a-t-il fait cette déclaration dans la précipitation, sans doute excédé par la lenteur d'une réponse qui tardait à venir d'Alger ? Et les bourdes du ministre français des Affaires étrangères, en tout cas ses déclarations déplacées à l'égard de l'Algérie, en pleine tempête médiatique dans l'Hexagone à propos de la volonté de parlementaires algériens de criminaliser le colonialisme français en Algérie, ont peut-être accéléré une réaction de la présidence française. Et comme il sied dans les arcanes de la diplomatie, on envoie d'abord des émissaires pour jauger la température politique qu'il fait à Alger. Les entretiens qu'a eus le Premier ministre avec les émissaires de Sarkozy ont en tout cas cette odeur particulière d'un incendie que l'on tente d'éteindre. Le président Nicolas Sarkozy a-t-il sciemment envoyé ses plus proches collaborateurs à Alger pour ménager, dans son calendrier et celui du président Bouteflika, une rencontre au sommet ?

 La présence de Claude Guéant et Jean-David Levitte à Alger, 24 heures après la scandaleuse déclaration de Kouchner, est d'abord un geste d'apaisement de Paris, ensuite un premier pas, même forcé par les circonstances, de la France envers l'Algérie. Dans certains cercles diplomatiques à Alger, on parle volontiers d'une probable rencontre Sarkozy-Bouteflika à Paris durant l'été prochain pour «lever tous les obstacles» qui ont depuis 2008 miné les relations entre les deux pays.




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