Algérie

Algérie – France: Ça marche pour les affaires



«Nous espérons que le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie puisse se construire sur un programme de coopération économique et commerciale, qu'il soit aussi un moment pour consolider la relation bilatérale entre l'Algérie et la France.»

C'est par cette note d'optimisme que le directeur de la mission économique française en Algérie, Ubifrance, a terminé la conférence de presse qu'il a animée lundi soir à la villa Clarak d'El Mouradia, à Alger en présence d'une dizaine de ses collaborateurs.

Alain Boutebel a saisi cette fin d'année pour faire le point sur ce qu'Ubifrance fait en Algérie en tant qu'agence française pour le développement international des entreprises françaises. «Nous sommes un établissement public sous tutelle du ministre de l'Economie, de l'Industrie et du secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur», a-t-il noté en présentant son personnel comme étant «un réseau d'experts pour accompagner les entreprises à l'international (partenariat, implantation). Ubifrance occupent 66 bureaux dans 46 pays à travers le monde.

Son optimisme découle surtout, à n'en pas douter, du fait que, a-t-il affirmé, «la France maintient sa place de 1er fournisseur de l'Algérie et de 2ème investisseur hors hydrocarbures en 2011». L'Algérie est, ajoute-il, le 3ème client de la France en 2010 hors OCDE (5,2 milliards d'euros) derrière la Chine (11 Mds euros) et la Russie (6,3 Mds d'euros). Elle est aussi le 3ème excédent commercial de la France en 2010 avec 2,9 Mds euros derrière le Royaume-Uni (6,3 Mds euros), Hong Kong (3,75) et devant les Emirats Arabes Unis (2,7). Toujours selon les données remises par Ubifrance, au 1er semestre 2011, la part de marché algérien pour la France est de 16%, l'Italie 10,96% et la Chine 8,68%.

LA RELATION ALGERO-FRANÇAISE EN DONNEES CHIFFREES

Au 3ème trimestre 2011, les échanges France-Algérie ont enregistré une hausse des exportations françaises de l'ordre de 10%, soit 4 Mds d'euros, «dopée principalement par la facture agroalimentaire (+33%) ainsi que par l'envolée des prix des matières premières du cours du blé, à savoir que les exportations françaises de céréales ont été de + 149%». Les autres postes d'exportation sont restés, selon Ubifrance, stables, voire en baisse par rapport à la même période en 2010 (pharmacie 10%, machines industrielles et agricoles -27%, véhicules -10%).

Il est fait état par contre de hausse des importations françaises, soit + 70% pour un montant de 3 Mds d'euros, conséquence de la hausse du prix du brut.

Ce sont 1200 entreprises françaises qui exportent vers l'Algérie dont 70% sont des PME.

 Ubifrance fait savoir que l'Algérie capte 21% des Investissements Directs Etrangers (IDE) dans la région contre 30% pour le Maroc et 5% pour la Tunisie (source CNUCED). Le stock d'IDE en Algérie représentait, selon Boutebel, «19,5 Mds de dollars en 2010, soit 12,3% du PIB et en progression de 13% par rapport à 2009 (17,2 Mds de dollars)». Les IDE français en Algérie étaient estimés par la Banque de France en 2010 à 1,9 Mds d'euros, soit 10% du total des IDE étrangers, en hausse de 26% par rapport à 2009. A fin 2010, le stock des IDE français au Maghreb, dit Ubifrance, étaient de 15% en Algérie contre 71% au Maroc (9,1 Mds d'euros) et 7% en Tunisie (842 Mds d'euros). La répartition sectorielle des IDE français en Algérie est de l'ordre de 34% d'investissement dans le secteur bancaire, pharmacie et agroalimentaire. «20% des flux d'IDE français à destination de l'Algérie (76 Mds d'euros) en 2010 ont été destinés au secteur pharmaceutique», indique son directeur. Le secteur des hydrocarbures est en 4è position avec 9% du stock, suivi par la pharmacie (6,5%), l'agroalimentaire (5%) et l'automobile (4%)».

UBIFRANCE SE PENCHE SUR LES FILIERES

Elle estime à 450 le nombre d'entreprises françaises implantées en Algérie et qui «emploient 35 000 salariés et génèrent plus de 100 000 emplois indirects». Les filiales françaises, ajoute Boutebel, «consacrent plus de 400 000 hommes/jour en formation et transfert de savoir-faire».

Boutebel affirme alors «nous avons comme mission de consolider la relation économico-commerciale entre la France et l'Algérie». Ubifrance Algérie accompagne, selon lui, des entreprises françaises à la recherche de partenaires algériens publics et privés. Elle organise «des rencontres en France et en Algérie sur les opportunités offertes par le marché algérien, détecte les porteurs de projets algériens et les épaule dans leur démarche partenariale avec l'offre française». Ubifrance travaille en partenariat avec la CACI, la CCI, les organisations patronales et bourses de sous-traitance.

Ubifrance Algérie a réalisé 23 opérations d'accompagnement d'entreprises en 2011 (forum, séminaires, rencontres, missions, salons…). 800 entreprises françaises ont fait le déplacement en Algérie au cours de 2011, entre autres, pour participer au forum de partenariat algéro-français du 30 et 31 mai dernier. Forum qui a permis le lancement de négociations pour des projets de partenariat à l'exemple de celui dans l'agriculture et l'agro-industrie pour la production de mayonnaise et ketchup, boissons non alcoolisées, chaîne de transformation de fruits en compotes, ligne de production de petits pois destinés à la restauration, hôtellerie. Dans l'industrie, le transport et l'infrastructure, il est fait état d'un projet de joint-venture de production industrielle de sondeuse pour la reconnaissance géotechnique, un autre pour services dans le traitement des eaux, de filiale en partenariat dans le matériel de construction, projet de partenariat dans les TIC et services : formation avec une société d'ingénierie de systèmes de vidéosurveillance et développement de logiciels pour bureaux d'études. La santé bénéficie d'un projet de contrat de distribution de produits pharmaceutiques, secteur des implants auditifs, et un autre de mise à niveau de laboratoire pharmaceutique.

Mais «fini les grands forums pour nous, nous avons décidé de travailler filière par filière dans de petits séminaires parce qu'il faut être un peu plus prudent», a dit Boutebel à ce sujet. Il est évident que cette décision est dictée en premier par les effets de la crise économique européenne sur les grandes entreprises françaises. «La prochaine fois, nous allons ramener peut-être 700 ou 750 entreprises tout au plus, nous nous orientons vers des actions ciblées», indique-t-il. Il compte à cet effet «25 opérations dans des secteurs porteurs dont 50% axées dans les secteurs des infrastructures, industrie, eau, énergies renouvelables, hydrocarbures, maintenance industrielle…»

«LE MARCHE ALGERIEN EST COLOSSAL, C'EST NORMAL QUE LES REGLES SOIENT DIFFERENTES»

Les 4 et 5 avril 2012, Ubifrance organise à Alger une rencontre sur le secteur médico-hospitalier, les 25 et 26 du même mois pour les réseaux pharmaceutiques. Les 2 et 3 octobre 2012, ce sont les industries pharmaceutiques françaises qui seront à l'honneur en Algérie. «Nos entreprises viendront parce qu'elles savent qu'elles vont rencontrer des entreprises algériennes inscrites dans le programme quinquennal ou dans des politiques publiques», explique Boutebel. 4 opérations seront menées dans le secteur de l'agroalimentaire et agricole au titre de la prospection à travers divers salons comme Djazagri, Djazagro ou Sipsa». On aura un pavillon français, nous serons en force dans le secteur du lait, on vient aider dans la construction de la filière», ajoute-il. Des entreprises françaises cherchent selon lui aussi des partenaires locaux dans le domaine des TIC. L'aval pétrole bénéficiera lui d'une mission en février prochain. Le 25 de ce même mois, Ubifrance se déplacera à Oran pour rencontrer la chambre de commerce de la ville et celles des régions de l'Oranie et discuter de sous-traitance en présence du consul général de France à Oran. «On a demandé à rencontrer des porteurs de projets algériens à la recherche de partenaires français», précise Boutebel.

«Les entreprises françaises continueront d'appuyer la FIA pour essayer de trouver un partenaire ou leur part sur le marché», estime le patron d'Ubifrance Algérie. Il rappelle que «le projet Renault est très important pour l'Algérie, mais il faut lui donner le temps, c'est en bonne voie». Il tient aussi à expliquer que «c'est plus facile pour les entreprises françaises de s'installer au Maroc ou en Tunisie, le marché algérien est beaucoup plus important, il est colossal, c'est normal que les règles du jeu soient différentes, c'est aux entreprises françaises de s'y adapter».




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