Les relations entre l'Algérie et la France ont toujours connu des hauts et desbas mais depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République française, tout porte à croire que les choses s'améliorent. Du moins c'est ce qu'a laissé entendre François Hollande dès son élection, en déclarant être «ami de l'Algérie», pays avec qui il veut «rénover les relations» qu'il considère stratégiques dans la région du Maghreb. D'ailleurs, lors de sa visite en Algérie en 2012, un Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn) a été installé dans le but de hausser les relations algéro-françaises à un niveau d'«exception». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se rendra justement aujourd'hui en France pour une visite de deux jours, au cours de laquelle il co-présidera notamment avec son homologue français, Manuel Valls, les travaux de la 2e session de ce Comité intergouvernemental.Il sera procédé, au cours de cette session, à la signature d'une vingtaine d'accords, conventions et lettres d'intention touchant plusieurs secteurs de la coopération algéro-française, notamment en matière d'agriculture, industrie et énergie.Cela signifie-t-il que l'Algérie et la France ont enterré les sujets qui fâchent entre les deux pays ou est-ce que ces rencontres vont représenter une opportunité afin de les dénouer ' Car, au-delà de l'aspect mémoriel et del'Histoire, les différends entre les deux pays restent nombreux sur un tas de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales.Parmi ces sujets, il y a celui de la circulation des personnes. Les contraintes bureaucratiques et la limitation du nombre de visas posent toujours problème. En fait, la France qui a imposé un visa d'entrée en 1986, à la suite d'une vague d'attentats à Paris, pour les ressortissants de la totalité des Etats du monde, à l'exception de ceux de la Communauté européenne et de Suisse, du Liechtenstein, de Monaco, de Saint-Marin et du Saint-Siège (Le Vatican), a notifié, en 1988, au Conseil de l'Europe qu'elle rétablissait l'accord de dispense de visa en faveur des ressortissants de l'Autriche, de Chypre, del'Islande, de Malte, de la Norvège, de la Suède et de la Finlande. Exclue, l'Algérie était loin d'avoir un statut privilégié avec la France. Pendant plus d'une dizaine d'années, le nombre de visas accordés aux Algériens a été tellement réduit que le sujet avait fini par devenir source de tension permanente entre Paris et Alger. Ce n'est que ces dernières années que les conditions de délivrance du fameux document ont connu une certaine amélioration. Un nouvel avenant franco-algérien a même été annoncé. Jacques Toubon, président de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration et ancien ministre de la Culture et de la Francophonie et de la Justice, avait déclaré que l'accord franco-algérien de 1968 sera modifié en octobre 2010. De son côté, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères à l'époque, avait annoncé en juin 2010 la préparation d'un nouvel accord qui intègre le nouveau volet sur l'«immigration économique», afin de faire bénéficier les ressortissants algériens résidant en France d'un véritable statut avantageux et favorable. Mais si pour Alger, il s'agissait d'un avenant qui allait permettre de consolider le statut de ressortissants privilégiés pour les Algériens, la vision de la France était tout autre. Ce qui avait amené Mourad Medelci à déclarer «l'accord de 1968 (...) marque la spécificité de nos relations historiques avec les Français. Nous sommes déterminés à ce que cet accord soit préservé. Notre objectif est d'aboutir à un accord sur la base de l'accord de 1968, plus un certain nombre de dispositions qui sont de nature à faciliter les séjours de la communauté algérienne en France, des conditions dans lesquelles elle vit et qui sont régies non pas par un accord spécifique mais par le droit commun français. Car, il y a un certain nombre d'évolutions positives du droit commun français dont bénéficient tous ceux qui ne sont pas Algériens et dont pourraient bénéficier les Algériens». Mourad Medelci avait estimé que 2012 devrait être l'année qui «permettrait de considérer définitivement les accords de 1968 comme étant des acquis sur lesquels on n'a pas à revenir».Outre la circulation des personnes, il y a également la question sécuritaire. Car, même si les «deux parties se félicitent des avancées réalisées dans le dialogue sur la coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme», la gestion des différents troubles au niveau régional et la part de responsabilité de la France dans le manque de stabilité des pays de la région posent problème.L'autre sujet qui pèse sur les relations algéro-françaises, est lié à la question des contentieux entre les hôpitaux français et la Cnas. Une question qui est devenue un problème récurrent. Souvent les deux parties n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les montants, objet de litige. Il y a également la question des biens de l'Etat algérien en France qui ne trouve toujours pas de solution.Concernant la coopération en matière d'entraide judiciaire, des discussions sont toujours en cours, notamment concernant les enfants issus de mariages mixtes et dont les parents ont divorcé. En ce qui concerne la coopération économique et commerciale, l'Algérie exige un partenariat «gagnant-gagnant» dans les faits et non pas seulement sur le papier. Les investissements français en Algérie restent inférieurs à ceux dirigés vers les pays de la région. En fait, l'Algérie veut réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, notamment de l'ancienne puissance coloniale et cherche à diversifier ses partenaires économiques. En dix ans, la France a vu sa part de marché chuter de 25% à moins de 15% en Algérie. Paris reproche à Alger de n'avoir pas donné une grande part du gâteau que représentent ses plans de développement aux groupes français et Alger exige l'investissement de ces groupes.Le ballet incessant des visites entre Alger et Paris dénote certes d'une volonté commune de raffermir les relations bilatérales dans tous les domaines mais afin d'y arriver, les gouvernements des deux pays devront s'attaquer à ces «sujets qui fâchent» pour pouvoir être à la hauteur des «relations d'exception» tant espérées.Reste à savoir maintenant si après M. Jean-Pierre Raffarin connu par son petit nom «Monsieur Algérie» -personnalité de droite réputé dans les milieux d'affaires, qui était chargé de suivre les investissements en Algérie et qui a réussi plus au moins à démêler un certain nombre de dossiers, particulièrement parmi ceux qui fâchent- son successeur à ce poste, à savoir M. Jean Louis Bianco, quelqu'un de la gauche, va réussir à épurer les différends entre les deuxpays ' H. Y.
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Posté Le : 04/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hasna Yacoub
Source : www.latribune-online.com