Algérie (Football) - Younes Ifticène (entraîneur): «La FAF a besoin d'un homme à poigne»

Voilà près de deux ans que Younes Ifticène n'est plus en poste. Difficile à imaginer au repos ce technicien passionné qui ne tenait pas en place sur un banc de touche et qui remplaçait ses joueurs sans cesse. Il avait étoffé sa carte de visite avec une Coupe arabe avec le WA Tlemcen et une Coupe du monde militaire ainsi qu'une mémorable demi-finale de Champions league africaine à la tête de l'USM Alger. Alors, «Capello» est à la retraite? Réponse dans cet entretien serein.

- Le Soir d’Algérie: Voilà plus de deux ans qu’on ne vous voit plus sur les bancs de touche, c’est la retraite définitive?

Younes Ifticène: Non, le football est ma passion et je ne vois pas pourquoi je refuserai un club, mais à condition qu'il soit sérieux et ambitieux et qu’il joue l'accession pour une formation de Ligue 2 ou le podium pour un pensionnaire de Ligue 1. Malheureusement, il y a actuellement, cette tendance à préférer les techniciens étrangers et je leur souhaite bonne chance. Mais, je souligne que ces entraîneurs venus d'ailleurs ne nous arrivent même pas à la cheville.

- Vous dites cela en pensant à tous les trophées africains remportés uniquement avec des entraîneurs locaux?

Plus que cela. La saison passée, des clubs très riches comme le CRB, l'USMA, avant l'arrivée de Benchikha, le CSC, avant Bougherara,et même le PAC ou le NCM étaient mal en point avant d'être redressés par des entraîneurs locaux.

- Dans le cas du CRB, il a été sacré champion d’Algérie avec un entraîneur brésilien et la saison dernière avec un technicien tunisien…

Mais quel championnat. Avec tous les moyens dont il dispose, le CRB et son effectif de joueurs internationaux méritait plus. Il aurait dû remporter la coupe et cela sans diminuer de la valeur de l'ASO Chlef. Il aurait pu aller très loin en Coupe d'Afrique s'il avait su gérer sa saison et je dis qu'il avait les moyens de réaliser un triplé.

- Avec l’USMA, vous aviez atteint la demi-finale de la Ligue des champions, et finalement, c’est Benchikha qui offre le premier titre africain aux Usmistes…

J'étais très content pour eux. Moi, j'ai drivé une équipe qui restera dans l'histoire aussi et c'est grâce aussi aux Usmistes que l'on m'a surnommé Capello.

- Certains ont diminué ce sacre en disant qu’il ne vaut pas la Ligue des champions…

Oui, c'est vrai, la Coupe de la CAF est moindre que la Champion’s league, mais c'est un trophée continental et cela permet d'accrocher une étoile sur le maillot des Usmistes. Mais l'USMA mérite mieux. Avec la société qui est derrière, ses joueurs, ses supporters et ses dirigeants, l'USMA ne doit jouer que les premiers rôles tout comme le MCA et le CRB.

- Et que dire de l’USM El-Harrach, votre club de cœur qui végète en Ligue 2?

L'USMH souffre depuis des années de la mauvaise gestion. Ce n'est pas l'argent qui manque à El-Harrach. C'est cette mauvaise gestion qui empêche l'USMH d'accéder au palier supérieur.

-En ce qui concerne la FAF, Mattem, l’ex-international sétifien, a déclaré qu’elle doit être gérée par un ancien colonel à la retraite. êtes-vous d’accord avec lui?

Oui, je suis d'accord avec lui. La FAF a besoin d'un homme à poigne qui a un vécu et une expérience. La FAF est la vitrine de notre football. Aujourd'hui, notre foot est mal géré. Les matchs se vendent et s'achètent sans que personne ne bouge. Dans ces conditions, on ne peut pas avoir un championnat de haut niveau du fait que les joueurs sont devenus fainéants. On manque de travail et de discipline et pourtant, ce n'est pas la pâte et les compétences qui manquent.

- Le WA Tlemcen, la JSM Skikda et l’USM Blida que vous avez drivés par le passé sont tombés bien bas!

Et pourtant, à l'époque, j'avais tiré la sonnette d'alarme auprès de ces clubs, mais on n'a pas voulu m'écouter. Et moi, dans ce cas, je préfère prendre mes affaires et partir. Voyez où en sont ces formations aujourd'hui.





Photo: Younes Ifticène, entraîneur algérien de football

Propos recueillis par Hassan Boukacem