La production agricole de cette région du sud d’Alger, attendue pour inonder le marché pendant cette période de l’année, a fait défaut. Le manque flagrant d’eau, la sécheresse qui a caractérisé plusieurs régions du pays, les récents incendies ayant ravagé des milliers d’hectares et la cherté des produits phytosanitaires… sont autant de paramètres qui ont fait baisser la récolte des produits agricoles frais, synonyme d’une hausse des prix.
Après une relative accalmie enregistrée dès la fin du Ramadhan, les prix des fruits et légumes reprennent ces derniers jours leur envol sur le marché national. Si les ménages commencent désormais à s’habituer aux différentes flambées de l’année, celle constatée depuis une quinzaine de jours est, on ne peut plus, excessive. Les tarifs des produits agricoles frais ont quasiment doublé, voire triplé pour certains en l’espace d’un mois. Pourtant, la plupart de ces légumes sont de saison. En termes plus clairs, c’est la période durant laquelle la production devrait être à son niveau le plus élevé.
Ce n’est visiblement pas le cas pour le poivron commercialisé, hier, dans la matinée, à 130 DA le kilogramme (kg) au marché de gros des Eucalyptus. Chez le détaillant du marché de proximité d’Aïn Naâdja, le même légume est affiché à… 200 DA le kg. Les grossistes du même marché ont vendu les haricots verts à 150 DA le kg, le marchand communal, lui, l’a proposé à 220 DA.
Il a également fixé le prix de la pomme de terre à 80 DA. Concernant ce tubercule, il faut reconnaître que son prix qui tourne autour de 70 DA n’a pas baissé depuis quasiment un mois. Le tarif de la tomate passe de 90 DA en gros à 140 DA au détail soit une différence de 50 DA.
Cette hausse entre les deux marchés reste à la fois illégitime et injustifiable car elle dépasse tout entendement. La même marge est appliquée par les commerçants au détail de cette commune pour la courgette qu’ils ont vendue à 150 DA. Le prix des aubergines passe de 60 DA au marché des Eucalyptus à 100 DA au marché d’Aïn Naâdja.
Toujours dans ce marché, le prix de la salade est fixé à 220 DA le kg. L’étiquette de prix placée sur les cageots de concombres affiche 90 DA alors que chez le grossiste ce légume était commercialisé à 60 DA. L’ail demeure inaccessible puisqu’il est proposé à 700 DA. L’on se demande où est passée toute la production annoncée en grande pompe par les responsables du secteur agricole?
Contacté pour connaître les raisons à l’origine de cette envolée inconcevable des prix des produits agricoles frais notamment en cette saison estivale, Kamel, un mandataire très connu au marché de gros des Eucalyptus, explique cela par une récolte insuffisante, voire faible pour cette période.
“Cette hausse des prix va se maintenir encore pour les quelques jours à venir”, estime Kamel.
Car, argue-t-il, la production agricole de la région de la Mitidja, attendue pour inonder le marché pendant cette phase de l’année, a, selon lui, fait défaut.
“Il faut attendre l’arrivée des récoltes du littoral et des Hauts-Plateaux, prévues au mois de septembre pour que le marché soit approvisionné”, précise notre interlocuteur.
- Les Hauts-Plateaux et le littoral à la rescousse
À cette période de l’année, les productions de Sétif, de Mostaganem, de Sidi Bel-Abbès, d’Aïn Témouchent, de Cherchell, de Bouchaoui, de Staouéli… sont habituellement prêtes pour la commercialisation. L’offre sera-t-elle suffisante durant l’automne?
“Personnellement, je n'en suis pas si sûr”, répond ce mandataire.
Pour lui, de nombreux agriculteurs n’ont pas réalisé d’extension de leurs cultures.
“Le manque flagrant d’eau, la sécheresse qui a caractérisé plusieurs régions du pays, les récents incendies ayant ravagé des milliers d’hectares et la cherté des produits phytosanitaires… sont autant de paramètres qui feront certainement baisser la production”, avoue notre source.
En outre, le fellah loue la parcelle de terrain, auprès du propriétaire de la concession de l’exploitation agricole collective (EAC), 300.000 DA l’année avec une source d’eau (sonde). Les fellahs regrettent aussi le fait que l’Algérie ne produise pas les semences, les produits phytosanitaires, le terreau… et qu’elle recoure à leur importation. Autant de frais supplémentaires qui viennent se greffer sur le prix de revient du produit agricole.
“Ce sont tous ces facteurs qui font augmenter les prix des produits agricoles qui deviennent, du coup, inaccessibles aux bourses moyennes”, soutient cet intermédiaire entre le producteur et le détaillant.
L’autre phénomène qui ronge le commerce des fruits et légumes et fait augmenter les prix a trait au marché informel. Sur les trottoirs et autres places illicites, des produits agricoles frais sont vendus trois fois le prix de gros.
“Ce sont les revendeurs illégaux qui font monter les enchères. Ils s’approvisionnent pourtant de ce marché de gros et de ceux de Hatatba et de Boufarik, et pratiquent des augmentations dépassant les 100% en toute impunité et loin de tout contrôle des services concernés”, témoigne Kamel.
Ils écoulent leurs marchandises sur les “tahtahate”, des cours plates situées à proximité des marchés, qui forment le marché parallèle des fruits et légumes où aucune loi régissant l’activité commerciale n’est respectée…
Photo: © Archive liberte
Badreddine KHRIS
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Posté Le : 30/08/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Badreddine KHRIS
Source : liberte-algerie.com du dimanche 29 août 2021