Algérie - FLAMBÉE DES COURS MONDIAUX DU PAPIER: Le recyclage comme alternative

Les cours du papier ont connu, depuis le début de l’année 2017, une hausse significative. Ce qui a induit un surenchérissement des prix des produits finis et provoqué conséquemment de sérieuses ruptures d’approvisionnement en Algérie, car les fournisseurs mondiaux de papiers ont, plus ou moins, privilégié les marchés domestiques et de proximité.

Aussi, Ramdane Battouche, P-DG de l’une des plus importantes sociétés algériennes dans la filière, Général Emballage SPA en l’occurrence, fait, à travers un éditorial paru dans le dernier numéro du journal interne de l’entreprise, dont nous avons obtenu une copie, un plaidoyer en direction des pouvoirs publics pour la mise en place d’une industrie nationale de production de papier recyclé. D’autant que l’affaiblissement des capacités nationales de financement des importations ne fait qu’aggraver les difficultés de la filière, d’où l’urgence de s’affranchir de la “dépendance à l’importation”.

Évoquant un “scénario catastrophe” d’une impossibilité d’approvisionnement en papier, il parle d’une probable paralysie, non seulement du secteur agroalimentaire, mais aussi de secteurs papivores insoupçonnés comme l’école, l’administration ou encore la presse.

Il a ajouté que la même situation guette malheureusement d’autres secteurs d’activité “où le marqueur commun est la faiblesse des taux d’intégration”. Le P-DG de GE souligne que c’est une facture d’importation que l’on peut épargner si on pouvait mettre en place une industrie de papier recyclé en Algérie.

Aussi, GE s’est engagé dans la voie de la mise en place d’une manufacture de papier; il a déjà commencé à mettre en place un dispositif de collecte de déchets papier carton, c'est-à-dire à s’assurer de la possibilité de constituer une matière première pour cette future manufacture.

Ramdane Batouche est convaincu que la promotion de la collecte et du recyclage des déchets n’est pas uniquement sous-tendue par des préoccupations écologiques et environnementales, mais constituerait aussi “une source de création d’activités génératrices de ressources pour des milliers de personnes et une économie substantielle de devises en matière d’importation”.

Les pouvoirs publics sont “donc interpellés — et très clairement — sur la question du tri sélectif, qui relève directement de la responsabilité des collectivités locales”, écrit-il.

Il faut savoir qu’une usine de production de papier recyclé nécessite, affirme-t-on, environ 400.000 tonnes/an de déchets papier carton. Le premier défi est de pouvoir collecter toute cette quantité, c'est-à-dire un peu plus de 1.000 tonnes de déchets par jour. C’est d’autant plus difficile que le pays n’a même pas mis en place des dispositifs de tri sélectifs.

Il convient de savoir que des organismes comme l’Agence nationale des déchets estiment que l’activité de récupération et de valorisation des déchets peut générer quelque 38 milliards de dinars annuellement et créer des milliers de postes de travail, et que l’Algérie, qui consomme près de 600.000 tonnes de papier par an, n’en récupère qu’à peine 10%, dont une grande partie est exportée en l’état.

La flambée des prix du papier enregistrée tout au long de cette année 2017 est jugée exceptionnelle sur les marchés mondiaux. Et à ces différentes hausses, les intervenants dans le secteur de l’industrie papetière n’excluent pas que l’année 2018 connaîtra encore une augmentation. Celle-ci se situerait entre 5 et 10%, selon les producteurs interrogés, en ce mois de décembre, par le magazine de l’imprimerie Graphiline.com. Ces hausses ne seront pas sans conséquences sur les produits fabriqués à base de papier précisément.


Photo illustrative de l'article ajoutée par ALGERIEnvironnement

M. Ouyougoute