«c'est une erreur de ne pas croire et une faute de tout
croire». Fernando de Rojas, poète et auteur espagnol (1475-1541), in «Celestina».
Alors que le
gouvernement penche activement sur l'étude du projet d'ouverture de
l'audiovisuel au privé, les algériens dans leur majorité demeurent passifs et
indifférents aussi bien à la contagion du printemps arabe qu'aux réformes
tardives qu'entreprennent actuellement les autorités. D'aucuns s'interrogent:
pourquoi l'Algérie souffre-t-elle et pourquoi les algériens n'y réagissent-ils
pas? Question à double tranchant et réponse à somme nulle. En vérité, tout le
monde reste circonspect sur ce drame aux tenants incertains et aux aboutissants
obscurs qui rampe chaque jour davantage sur les
terrains conquis de l'espoir et voile de son ombre la lumière de l'avenir des
générations montantes. Ni les autorités politiques ni le peuple ni encore moins
les chancelleries occidentales n'ont pu saisir le cÅ“ur du problème dont pâtit
ce pays nanti par la nature et dépourvu par le pouvoir de l'homme. Rien de trop diraient les grecs anciens, les masses populaires en
ont assez, elles appellent de tous leurs vœux au changement. Ce mot est en fait
devenu en l'espace de huit mois le porte-parole authentique et à part entière du printemps arabe.
Mais pourquoi le
changement? La réponse est simple: le changement est le sel de la vie politique
sans lequel la marmite sociale ne pourrait cuisiner que des crudités de
circonstance qui ne font que rendre les déshérités de plus en plus affamés. En
somme, la crise algérienne est si complexe que l'on ne saurait aucunement la
cerner dans la seule perspective de l'ouverture de l'audiovisuel ou
l'amélioration du pouvoir d'achat du citoyen lambda.
Prétendre en ce sens soutenir les produits
alimentaires de base et distribuer l'argent public à tire larigot, rente
pétrolière aidant, ne réglerait sans doute pas le moindre souci des algériens
car la crise est d'autant plus compliquée qu'elle passe outre ces besoins
élémentaires et nécessite de ce fait une thérapie d'urgence allant tout droit
aux sources réelles du malaise. Analyser les malheurs de notre peuple, sentir
ses douleurs, respirer ses craintes, et absorber ses traumatismes pour les
transformer en expériences fructifères est la tâche essentielle qui incombe au
régime politique actuel, de loin fort vacillant. Néanmoins, parvenir à ce stade
de réflexion et de maturité est chose inimaginable à l'heure présente car le
tableau est, de chaque côté que l'on essaie de le focaliser, piteusement
sombre. A proprement parler, les contradictions de l'actualité algérienne
rendent tout diagnostic tronqué, toute analyse partiale et toute
«problématisation» de la crise une machination sujette à caution.
D'aucuns en
Algérie, fort optimistes et s'attachant à un certain idéalisme du politique et
de la politique, suggèrent une transition démocratique en douceur de nature à
éviter les virages sinueux de la violence qui nous rappellent les macabres
charniers collectifs des années du feu et du sang.
D'autres, plus
pragmatiques et touchés par l'ampleur de ce qui se passe chez nos voisins
proches ou lointains, veulent coûte que coûte opter pour la méthode classique
de confrontation frontale avec le régime, lequel selon eux, est seul
responsable de l'impasse actuelle tandis qu'une partie non négligeable de la
population et de la classe politique, sur fond du retour de la flamme du
conservatisme, préconise tout unaniment le recours
automatique et en toute urgence à l'authenticité et aux traditions ancestrales.
Ainsi assiste-t-on à la résurgence du phénomène d'islamisation massive des pans
entiers de notre jeunesse avec des formules et des pratiques toutes neuves
importées directement du Moyen Orient et qui, dans certains cas, jurent avec
l'Islam tolérant véhiculé par le rite malékite de nos ancêtres et se conjuguent
à merveille avec l'effritement des valeurs, la marchandisation de la culture et
la banalisation de l'effort, sécrétions terribles de la mondialisation-laminoir.
En conséquence,
modernité, traditionalisme, authenticité, conservatisme et bien d'autres mots
sensationnels meublent le débat public en Algérie. Mais quelle voie choisir?
L'algérien est dans une bifurcation de sens hallucinante et la société, quant à
elle, vit sous le sérum du fameux triangle de Bermudes arabe, c'est-à-dire les
tabous de tout ordre (religieux, sexuels et même politique), alors que le
chômage bat son plein, le pessimisme devient exagérément un dogme national et
les élites gouvernantes peinent à s'organiser pour mettre en marche une
stratégie nationale de sortie de crise. C'est effectivement dans ce climat
délétère que se pose la lancinante problématique de la révolution avec ses
connotations multiples: émeutes de pain ainsi que de dignité, révolte
démocratique, insurrection citoyenne, dissidence civile, soulèvement
national...
Mais le vrai
problème pour pa raphraser les termes du professeur Chitour
est qu'en Algérie, collectivement, on accepte
volontiers le sous-développement mais individuellement on le renie. Cette
situation rocambolesque a crée des remous erratiques ayant traversé toute la
société.
Le citoyen ignore
de ce fait le processus de socialisation collective, on est, s'il on ose dire,
en phase de construction de «socialisation individualisante» et non plus
d'«individualités socialisées». C'est pourquoi, il est plus que jamais
nécessaire d'opter pour un travail d'envergure de «restructuration sociale»
afin d'édifier et de consolider les soubassements de la nation. Encore
faudrait-il à cet égard analyser le changement et surtout mettre toute la
lumière sur la déformation du vocabulaire dont la population fait usage ces dernières
décennies. A titre d'exemple, «n'ya», terme qui veut
dire en traduction littérale «bonne foi» est catégoriquement détourné de sa
signification initiale pour interpréter une posture de bonhomie et d'idiotie.
En seulement
quelques années, les algériens ont épousé la mentalité néolibérale dans les
faits alors que dans les esprits, ils demeurent profondément égalitaristes. La
culture de l'émeute pourrait être considérée dans cette perspective et sans
exagération aucune comme une marque de fabrique purement algérienne dans la
mesure où le souffle de révolte est enraciné dans les
consciences sans qu'il y ait au préalable une «pédagogisation»
suffisante de ses ressorts. Une simple coupure d'électricité dans n'importe
laquelle localité de l'intérieur de l'Algérie profonde est à même de provoquer
un tollé populaire très déstabilisateur de l'ordre public et un
dysfonctionnement ordinaire d'un service municipal est capable de générer en
quelques heures une grande révolte. En conséquence, il est âprement difficile
d'expliquer les mécanismes de mobilisation populaire en Algérie surtout que les
études et les analyses de cas pratiques y est chose
quasi rare. Dans cet esprit, formuler un jugement définitif et classer le
citoyen algérien dans un moule particulier ou un modèle quelconque serait une
tâche vouée d'avance à l'échec puisque celui-ci est imprévisible, inconstant et
émotif. Pour s'en convaincre, il faut retourner en arrière et décortiquer les
raisons de toutes les révoltes passées. D'ailleurs même le printemps des
peuples a bel et bien commencé en Algérie et en Tunisie pour s'étendre par la
suite à toute l'aire géographique arabo-musulmane.
Néanmoins, le souffle s'est éteint en quelques jours parce que premièrement, il
y avait eu une grande fatigue sociale accumulée des années durant par la rue,
deuxièmement, les tractations des officines du système en ont en fin de compte
eu gain de cause car le changement en Algérie ne se restreint pas à la seule
personne du président mais à toutes les composantes morale, intellectuelle et
idéologique du système politique en place. C'est dans ce cadre que la Tunisie et l'Égypte
diffèrent nettement de notre pays « au niveau international, à la différence de
la Tunisie et
de l'Égypte, le régime algérien dispose d'une rente pétrolière qui le préserve
des pressions que pourraient exercer ses partenaires économiques puisque 10% de
l'approvisionnement en gaz de l'union européenne (UE) proviennent de l'Algérie.
Ses ressources ne
dépendent ni de l'industrie touristique ni de la rente du canal de Suez ; elle
ne reçoit pas non plus le type d'aide que fournit l'armée américaine à l'armée
égyptienne (en 2010, 1,3 milliards de dollars d'aide militaire et 250 millions
d'aide économiques) De plus, la guerre en Libye lui permet de souligner les
dérives possibles d'une révolte populaire et, en particulier, les ingérences
internationales»(1).
En ce point, il
convient de signaler que le rôle de la grande muette dans la prise de décision
dans notre pays est considérablement important par rapport à toutes les
contrées de la région.
Incontestablement,
la révolution algérienne et la guerre d'Indochine demeurent au regard de tous
les pays du Sud, des références iconoclastes voire des symboles phares de la
lutte des peuples pour leur affranchissement du joug de toutes les servitudes.
Néanmoins, en cette première décennie du XXI siècle, les tunisiens se sont
accordé le luxe de la palme révolutionnaire en purgeant leur pays du poison de
la dictature de Ben Ali. Autres temps, autres mœurs, le colonialisme combattu
par les nationalismes d'antan a changé de main pour se réincarner en despotisme
contemporain car bien que les pays en aient été libérés, les mentalités restent
cependant tributaires de l'arriérisme, de l'archaïsme
et du réactionnisme tous azimuts. En Algérie, les
signes de cette dégringolade dans les abîmes sont plus que patents.
En cinquante ans
d'indépendance, le pays n'a fait que régresser, ce qui fut naguère un acquis
est devenu terriblement du jour au lendemain un gâchis. Les symptômes de cette
sclérose multiforme et de cette paralysie multidimensionnelle sont bien
évidemment fort discernables. Retard sur tous les plans (politique, économique,
social, et culturel), marche vers le progrès à pas entrecoupés, hésitants voire
peureux, conflit intergénérationnel des plus aigus,front
social souvent sur le qui-vive, masses clochardisées des suites des politiques
néolibérales, élites presque aliénées et jeunesse en perte de balises et de
repères, s'y ajoute ce phénomène inquiétant du kidnapping qui vise les patrons,
chefs d'entreprises et leur famille.
Ce qui nous amène
en droite ligne vers la conclusion suivante: tous les ingrédients nécessaires
pour un mouvement de protestation d'envergure y sont bien présents surtout à
l'orée de cette rentrée sociale. Mais pourquoi les algériens ne se
réagissent-ils pas à l'heure présente? Y-a-t-il
vraiment une telle défection morale que les citoyens ne savent plus à quel
saint se vouer? En d'autres termes, l'Algérie est-elle différente des autres
pays arabes? Le silence de la rue pourrait-il être interprété comme un signe de
maturité politique, de peur logique ou de défaitisme social? Assiste-on à «une
dévolution mentale» qui aurait pu empêcher la forclusion et l'enracinement de
la culture revendicative? Sans doute, c'est peu dire que d'enchaîner les
questionnements car la population algérienne n'a vraiment pas attendu ce jour
pour se les poser.
Le malheur
algérien n'est certainement pas né au lendemain du printemps des peuples mais
date depuis fort longtemps. Toutefois, l'onde de choc dans toute la pyramide
sociale a fait des fuites espacées dans des étapes échelonnées.
En ce sens, «la
grande protesta» algérienne s'est lamentablement divisée en des grognes
passagères et sporadiques. Ce qui s'est passé en Tunisie en janvier 2011 a déjà eu lieu en
Algérie en Avril 80, de même la révolte du Caire qui a pu déboulonner Moubarak
de son trône en février dernier a des similitudes frappantes avec la grande
insurrection d'Octobre 88, et le dernier conflit libyen porte en ses plis les
gènes de la grande décennie noire des années 90. Comparaison n'est pas raison
dit-on mais il s'avère clairement que l'Algérie est sans conteste le
laboratoire révolutionnaire le plus fructifère du monde arabe, africain et tiersmondiste si l'on s'accorde à dire que la révolution
dans sa conception classique est la rébellion d'une partie dissidente d'un
groupe social quelconque sur un autre, impliquant nécessairement le recours
systématique de celle-ci aux voies de faits et à l'usage de la violence. Il est
certain que cet énorme capital d'expérience révolutionnaire dont dispose
l'Algérie a, on ne peut plus, été gaspillé des années durant par des élites qui
baignent dans «le pathos du mépris». Ce qui rend peut-être fort compréhensible
cette image de l'algérien agressif et peu prédisposé, en cas d'un banal
conflit, à l'arrangement à l'amiable, les termes «Debza»,
«Bounya», et « Heraoua»
font souvent recette et bon ménage. Ainsi reviennent-ils à longueur de temps
sur la bouche de nos concitoyens. En vérité, la révolte habite la conscience de
l'algérien, elle est d'abord de l'ordre du naturel, le sociologue Ibn Khaldoun (1336-1406) a laissé des analyses pertinentes à ce
sujet, il a notamment parlé du phénomène de l'apostasie continuelle des
Berbères, leur sens de l'honneur et leur culture de révolte. Cela dit,
l'environnement sociologique de l'époque de la Numidie ne diffère en rien
par rapport aux temps modernes car si l'on ose un petit parallélisme
historique, on trouverait qu'en dépit de toutes ses incessantes tentatives afin
de rassembler les habitants de l'ancienne Numidie sous une seule bannière, le
Roi Massinissa (238-148 A-j) a fini par abdiquer au désespoir, la cause en est
toute simple: le refus de toute autorité de la part de ses sujets. C'est dire
combien il est vraiment ardu d'affirmer de nos jours que le concept de l'État
pourrait s'appliquer en toute sa substance au Maghreb en général et à l'Algérie
en particulier.
Prenons comme
exemple, le cas de l'hydre de la corruption, phénomène qui, ces dernières
années, s'est généralisé comme la peste de long en large du pays: la majorité
des algériens, en l'absence d'une présence étatique rassurante, la considèrent
comme un fait social compatible avec tous les critères de la normalité. Du
simple ouvrier de l'usine à la plus haute sphère de l'État, ce système social
jumeau se fortifie comme un réseau national solide s'étageant sur différents
niveaux: il y a de prime abord, la petite mais non moins nuisible corruption
que l'on connaît tous, c'est-à-dire, celle des simples dessous de table pour
décrocher un poste de travail, pots-de-vins pour
accéder à un concours de fonction publique, cadeaux sans occasions afin
d'espérer voir son fils, parent ou cousin dans un poste de responsabilité...
etc. Il y en a la moyenne qui est celle des petites et moyennes entreprises, de
la petite bourgeoisie urbaine qui commence à se faire des ailes et des petits
commerçants. Elle se manifeste généralement par des accords tacites du partage
de bénéfices à l'issue des contrats de gré à gré ( petits
chantiers, ateliers de travail...) qui, dans la plupart des cas, ne passent
même pas par les procédures traditionnelles de la soumission. L'acquittement
des coupables, le détournement de procédures légales sans passer par la justice
(le cas de maints avocats et juristes véreux), la délivrance d'actes médicaux
en dehors des règles minimums de déontologie et en complète infractions au
serment d'Hippocrate (le cas de quelques médecins) en sont une autre forme. Et
en définitive, reste la grande corruption, cancer inguérissable car
intouchable, qui concerne en particulier les hauts cadres de l'État impliqués
dans des grosses affaires de détournement de fortunes et de fonds publics en
faveur de leurs intérêts propres (affaire Sonatrach,
Khalifa, autoroute Est-Ouest...) d'où le coup d'éclat
de cette culture rentière dans les esprits. A titre d'exemple, le jeune de la
banlieue algéroise ne pourrait jamais avoir le cÅ“ur à l'ouvrage quand en haut
lieu et sous son regard stupéfait, on détourne des milliards de dinars sans
aucun effort ni difficulté et comble d'ironie sans peur d'être jugés. En ce
sens, on est en présence du syndrome de la «paralysie rentière» qui a, comme
par prestidigitation, dégénéré en sclérose politico-sociale.
Pourquoi les algériens ne se révoltent pas pas donc?
La réponse est à la fois simple et complexe. Indépendamment des conséquences
collatérales de la culture rentière, il existe cet autre syndrome, non moins
pernicieux de «phobie polymorphe». En effet, d'une part, la peur du changement
par les détenteurs de privilèges, le réactionnisme à
la métamorphose sociale de la part des vieilles gardes nationalistes et la
crainte des citoyens de sombrer dans une nouvelle tragédie ont freiné toute
aspiration au progrès. A dire vrai, les anciennes élites qui, par bonhomie ou
machiavélisme, ont oublié les vertus de la démocratie et porté aux nues celles
des armes participent en grande partie dans ce dérèglement des repères en
Algérie créant de la sorte une certaine légende intouchable de gardiens de
temples «les hommes qui ont fait la révolution pensent encore d'eux-mêmes
qu'ils sont la génération du feu et quiconque, né après est considéré comme
appartenant à celle des cendres»(2) répond lucidement l'ancien ministre Abdelazziz Rahabi aux
questionnements du journaliste Adam Shaz, résumant en
quelques mots tout le désastre de l'Algérie. Cette assertion n'est sans doute
pas fausse car elle confirme le constat du Dr Tlemçani
(3)qui a souligné le rôle-pivot
de l'armée dans le processus de prise de décision et l'influence qu'exerce
l'honneur de participer à la guerre de libération nationale dans l'insémination
de la culture du népotisme, de passe-droits et de cooptation dans le tissu
social.
C'est dire que le
nationalisme s'hérite mais ne se construit plus. D'autre part, cette propagande
de «la main de l'étranger» sciemment entretenue par le régime politique depuis
l'indépendance continue de faire des adeptes. Chaque trouble, chaque mouvement
et chaque manifestation populaire est vue sous l'angle
de la manipulation. Stratégie machiavélique ayant prouvé de par le passé son
efficience. La position des autorités algériennes par rapport au conflit du
voisin libyen illustre bien ce point de vue. Alors que les algériens sont
partagés sur l'attitude à tenir face aux massacres de leurs frères de Benghazi
et de Tripoli, les autorités publiques de notre pays, sous prétexte de respect
du choix des peuples, ont observé un silence qui s'apparente beaucoup plus à
une neutralité négative qu'à un positionnement de sagesse. Ce qui, osons le
dire, n'honore aucunement l'héritage révolutionnaire intergénérationnel dont
notre patrie est la dépositaire. Il est toutefois digne de tempérer ce constat
en raison du contexte régional très perturbé dans lequel a eu lieu ce bras de
fer entre Kadhafi et le C.N.T. Mais force est de constater que dès la création
de l'organisation des amis de la
Libye chapeautée principalement par le président Sarkozy,
l'Algérie s'est empressée à en faire partie et s'est dit, sur la voix de son
ministre des affaires étrangères, prête à coopérer avec le C.N.T et les forces
de l'O.T.A.N tout au long de la période de l'après-Kadhafi, sachant que le Quai d'Orsay, en termes peu
conventionnels et aucunement diplomatiques a auparavant dénigré le pouvoir
algérien. Pour preuve, Alain Juppé, a dit clairement qu'il avait donné des
consignes au président Bouteflika afin de ne pas
prêter assistance aux sbires de Kadhafi lors de sa dernière visite à Alger.
Inconstance de vision, incohérence politique, et ambiguïté d'attitude de la
part de nos responsables. Si l'on a cité ces exemples, c'est certainement pour
mettre le point sur les dissensions convergentes entre les autorités et la
population. Les uns et les autres ne sont sont pas
mis d'accord sur un contrat social préalable «un pacte d'éthique nationale» qui
clarifie les lignes générales de la politique étrangère considéré comme le
patrimoine éthique de toute la nation et non le seul apanage du régime. Cela dit, le peuple algérien a sa propre
souveraineté à travers laquelle il pourrait exercer et exprimer ses choix fondamentaux . C'est à la société civile, les médias
alternatifs, la presse libre, les organisations non-gouvernementales
et les personnalités indépendantes qu'il appartient de prendre à bras le corps
ce défi et le matérialiser concrètement dans les faits. Par ailleurs, dans le
dernier Conseil des ministres, le régime entend jouer un rôle de premier ordre
dans ce grand remodelage de la carte régionale à la faveur du printemps arabe, ce
qui est d'ailleurs un contresens et un strabisme idéologique aberrant dans la
mesure où les révolutions populaires ne sauraient en aucun cas être pilotées
par des régimes dont la légitimité est remise en cause mais par des démocraties
socialement ancrées et politiquement efficientes. En dernière analyse, on ne
aurait l'expliciter autrement: la révolte est une donné sociologiquement
vérifiée et vérifiable en Algérie.
* Universitaire
Notes
1- Voir l'article
de Luis Martinez, L'Algérie, un calme trompeur, Institute
for security studies, juin
2011
2- Voir Adam Shaz, Algeria's
Ashes, The new York Times Review, 18 Juillet 2003 rapporté in
www.algeriewatch.com
3- Rachid Tlemçani, élites et élections en Algérie: paroles de
candidats, Chihab éditions, 2003
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Posté Le : 15/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Guerroua*
Source : www.lequotidien-oran.com